Toilette intime : ces pratiques à bannir d’urgence

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En matière d’hygiène intime, certaines jouent aux apprenties sorcières. Détox du vagin, utilisation de citron… Tout est bon pour « assainir » leur vagin. Des pratiques aussi inutiles que dangereuses. Le point avec Isabelle Derrendinger, vice-présidente du Conseil de l’ordre des sages-femmes.

« Notre vagin n’est pas une caverne remplie de choses dangereuses qu’il faut à tout prix aseptiser. Il n’est pas sale naturellement », prévient Isabelle Derrendinger, vice-présidente du Conseil de l’ordre des sages-femmes et directrice de l’École de sages-femmes – Université de Nantes.

En effet, à l’heure où certaines femmes pensent que récurer à outrance et détoxifier cet attribut est la bonne marche à suivre – et le conseillent aux autres sur les forums ou les réseaux sociaux – il est important de rappeler quelles sont les conséquences de telles pratiques sur leur santé.

Tour d’horizon de ce qui se fait de pire en matière d’hygiène intime.
La douche vaginale
Cette méthode de toilette intime consiste à opérer un nettoyage minutieux de l’intérieur du vagin à l’aide d’un pommeau de douche ou d’une poire de lavement et d’un produit lavant. Mauvaise idée.

« La douche vaginale n’est pas du tout une pratique recommandée, explique Isabelle Derrendinger. Le vagin n’a pas du tout une flore stérile mais une flore bactérienne dont le PH est acide. Elle est colonisée par de bonnes bactéries, notamment des lactobacilles, qu’il faut respecter. Ils nous protègent d’un certain nombre d’agents dits pathogènes comme le candida albicans (responsable de l’apparition d’une mycose vaginale) par exemple. En le décapant, on déséquilibre cette flore.

Au contraire, une détersion du vagin va favoriser la prolifération de mauvais germes, les infections et peut même avoir des conséquences à moyen ou long terme sur la fertilité des femmes. Elle n’a pas non plus un quelconque pouvoir contraceptif. Certaines femmes imaginent qu’en éliminant le sperme par ce type de pratique elle ne vont pas tomber enceinte : ce n’est pas une méthode de contraception !

Elle n’est d’aucun intérêt en dehors de situations très spécifiques, en post-opératoire par exemple, qui nécessitent une prescription médicale. »

La détox du vagin
Après la détox alimentaire et la digital détox, place à la détox du vagin. Une pratique plébiscitée par des célébrités américaines comme Gwyneth Paltrow, et qui fait des émules chez les adeptes du retour au « tout naturel ».

Les armes du crime ? Des bains de vapeur vaginale et des sachets d’herbes insérés dans le vagin. Le but : éliminer les toxines présentes dans nos vagins et utérus, mais aussi prévenir l’endométriose, atténuer la douleur des règles ou encore éviter les infections urinaires.

Soyons clair, le vagin n’a pas besoin d’être détoxifié ! Étant donné que la nature est bien faite, il se nettoie seul et ce n’est pas une séance de hammam ou une tisane à base de plantes qui le fera se sentir mieux.

« La détox est une tendance en vogue, mais elle n’est pas applicable à l’hygiène intime », précise Isabelle Derrendinger.

Le port d’un protège-slip au quotidien
Se laver le vagin ou utiliser quotidiennement des protège-slips à la moindre manifestation de pertes blanches (leucorrhées) ne sert à rien. « C’est physiologique, explique la sage-femme. Cela signifie que le vagin a une bonne lubrification, qu’il produit de bonnes sécrétions et qu’il est donc en bonne santé. »

Et en période de règles ? On pense à changer son tampon toutes les 3h et on ne se fie pas à sa capacité d’absorption (plus ou moins élevée), qui ne signifie pas qu’on peut le garder plus longtemps. La nuit, on privilégie donc les serviettes hygiéniques et on évite de se « rafraîchir » avec des lingettes, trop abrasifs pour les muqueuses. Un peu d’eau suffit.

En ce qui concerne les rapports sexuels, « il ne faut pas impérativement faire une toilette intime avant et après avec un produit lavant. Encore une fois, de l’eau fait l’affaire. La seule recommandation qui a du sens est d’uriner avant et après le rapport pour les femmes qui sont sujettes aux infections urinaires fréquentes », précise Isabelle Derrendinger.

L’utilisation de produits naturels : citron, huiles essentielles, bicarbonate
Les muqueuses du vagin sont très fragiles et ne peuvent pas recevoir le même traitement que la peau du visage. Il est donc présomptueux de penser que l’on peut utiliser des huiles essentielles ou des condiments que l’on trouve dans notre cuisine pour en prendre soin ou guérir certaines affections.

« Les huiles essentielles ont de nombreux bienfaits, mais aucune étude scientifique n’a démontré une efficacité pour traiter les désagréments qui peuvent concerner le vagin. Leur usage, en général, est déjà à prendre avec beaucoup de précautions. La plupart d’entre elles ne sont pas utilisables de n’importe quelle façon. »

Quid du citron ? « À mon sens, il faut complètement l’oublier. Son PH est extrêmement acide, deux fois plus que celui de la flore vaginale, il risque donc de totalement la déstabiliser. De plus, il peut entraîner des brûlures et des picotements sur cette zone sensible ».

Source : Autre presse

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