Alors qu’on la croyait disparue à jamais, ‘’Djiné Maïmouna’’ a refait surface. Deux spécialistes livrent ici leur lecture du phénomène.
‘’Djiné Maïmouna’’ est de retour. Et depuis quelques semaines, elle multiplie ses visites d’un établissement scolaire à un autre. Le psychologue Serigne Mor Mbaye rappelle que le phénomène existe depuis 30 ans.
Pour lui, il est dû à la fragilité des jeunes filles liée à des situations familiales difficiles dues à des maltraitances ou agressions sexuelles. ‘’Avant la crise, on a l’impression d’avoir des visions, des hallucinations. Ce ne sont ni des ‘’Raps’’, encore moins des ‘’Djinés’’, mais la fragilité des jeunes. Et dès qu’une fille tombe, les autres la suivent’’, explique le psychologue.
Ce dernier pense que les victimes de ces crises évoluent dans un environnement défavorable. ‘’Elles sont sujettes à des mariages et grossesses précoces. ‘Djiné Maïmouna’ n’existe que dans leur imagination, car il faut bien trouver un coupable et notre système de représentation traditionnelle de la santé mentale se réfère au ‘Rap’ et ‘Djiné’’’.
‘’Nous devons également impliquer des féticheurs’’ Pour arriver à bout de ce phénomène, le psychologue pense qu’il faut toujours anticipé, car, dit-il, les crises sont saisonnières. A ce propos, il propose aux parents de retourner vers les croyances africaines. ‘’Il faut aller chercher des intervenants dans nos différentes religions pour venir ‘déminer’ le terrain et faire des rituels. Nous devons également impliquer des féticheurs, car le problème touche à notre africanité.
Les parents sont maintenant déboussolés et ont oublié leurs rites et rituelles d’apaisement de l’anxiété’’. A la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), une étude sur cette problématique a été réalisée pour déterminer les causes et y apporter éventuellement des solutions. Docteur Babacar Diop, membre de la Cosydep, renseigne ainsi qu’ils ont relevé plusieurs aspects.
‘’Ce sont des filles qui sont en période d’adolescence avec des modifications psychologiques et physiologiques’’, renseigne-t-il d’emblée. Dr Diop souligne, en outre, que la malnutrition peut être à l’origine de ces phénomènes. ‘’Elle peut engendrer l’hypoglycémie qui peut conduire à des crises. Il y a également les phobies scolaires relatives au devoir, examen, à l’échec…
Et ces phobies, conjuguées à la faim, peuvent entrainer des crises’’, déclare le psychologue, membre de la Cosydep. Pour les solutions, Dr Diop fait savoir qu’il est prévu de former le personnel scolaire pour faire face à ces situations de crise. ‘’Ils pourront remarquer les potentiels élèves qui peuvent être victimes de ces crises’’.
Seneweb
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