Anniversaire de décès : Il était une « foi » le Mollah

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4 décembre 2018. Le soleil commence à darder ses rayons sur Dakar. Pour cette journée, l’astre a refusé de briller pour les occupants de la terre. Préférant ainsi, devenir le témoin des larmes de l’Aurore. Il est 8 heures 20 minutes. La grande faucheuse, une fois de plus, a frappé fort. Et, une voix s’est tue à jamais. Celle d’un combattant. Tel un baobab qui s’est effondré, le Sénégal venait de prendre un de ses illustres fils : Sidy Lamine Niass, un grand homme. Un homme de foi.
L’ancien Président directeur général du groupe de presse Wal Fadjri « l’Aurore » a rendu l’âme à l’hôpital Principal de Dakar à la suite d’une crise cardiaque. La douleur est immense et profonde. Les cœurs lourds. Tant la disparition du Mollah de Sacré-Cœur est « surprenante ». La nation est abasourdie.

Le leader de Pastef confirmait : « Nous nous étions longuement parlé au téléphone la semaine dernière, il pétillait de forme et était intarissable de projets et d’initiatives pour le Sénégal. Je lui avais promis, à mon retour de voyage, de lui réserver ma première visite ». Hélas !

Religieux, démocrate, révolutionnaire et patron de presse

De son vivant, le père de Cheikh Niass a été un homme multidimensionnel. Un religieux, un démocrate, un révolutionnaire qui était toujours à côté de son peuple, un combattant pour la liberté. Il a participé à beaucoup de marches organisées pour défendre la cause de ses concitoyens.

« Sidy Lamine fait partie des premiers qui ont mis en place un groupe de presse pour renforcer la démocratie et la liberté de la presse. Il était vraiment un homme courageux », témoignait-on lors de son décès. Cette entreprise était le prolongement de son engagement. Ce faisant, il a travaillé dur pour s’imposer dans le paysage médiatique.

Le président du groupe Avenir communication de rappeler ce que Sidy symbolisait en termes de sens de l’initiative, de courage et d’engagement d’abnégation et aussi de patriotisme. « Il a été un homme qui a marqué son temps et son pays, qui n’a jamais laissé personne indifférente. Il a été à la pointe de tous les combats. C’est lui qui a été l’un des précurseurs des entreprises de presse privées dans ce pays. Il a ainsi permis à ce que d’autres entreprises puissent être constituées sur les flancs de Wal Fadjri », a-t-il soutenu. Madiamabal Diagne de faire remarquer : « Que des professionnels puissent se distinguer, fourbir leurs armes et peut-être certainement gagner leurs lettres de noblesse dans le milieu de la presse. C’est tout le peuple sénégalais et toute la communauté des médias au Sénégal en Afrique et dans le monde qui a perdu un homme de valeur ».

Un sympathisant pleure : « Ce qui me manque déjà, ce sont les émissions matinales. Sidy était une bibliothèque ambulante. Un savant qui ne cessait de mettre les fidèles sur le droit chemin à travers ses messages ».

« Il était très fier de dire que chez moi, il y a tout le monde: des musulmans, des chrétiens et même des athées »

La vie du Mollah de Sacré-Cœur a été rythmée. Le fils de Mame Khalifa Abdoulaye Niass a toujours eu des démêlés judiciaires. Mais, il a toujours porté sa foi en bandoulière pour mener tous ses combats. Il s’est battu pour l’islam aussi. « Il était fidèle en amitié ». De plus, il avait de très bons rapports avec toutes les confréries dans le pays. « Il mettait de la conviction dans tout ce qu’il faisait et dans tout ce qu’il disait. Quand il y a eu la polémique sur l’église de Tivaouane, Sidy a fait entendre un point de vue autre que celui qui a été ambiant à l’époque. Et là, je dis que lui qui était un chef religieux musulman savait s’entourer de chrétiens, de tous », affirmait l’ancien Directeur de publication de Walf Grand-Place, Jean Meïssa Diop. « Il était très fier de dire que chez moi ici (à Wal Fadjiri), il y a tout le monde: des musulmans, des chrétiens et même des athées. C’était vraiment cela, sa capacité de s’élever au-dessus de toutes ces formes différences. Je lui en serai reconnaissant. Je lui témoigne cette grandeur d’esprit dont tout le monde n’est pas capable », avait-il ajouté.

Sur ce, l’auteur du livre « L’étranger parmi les siens » axait souvent ses discours sur le dialogue interreligieux « gage de paix et de stabilité dans un monde miné par des idéologies extrémistes ».

L’ancien directeur de cabinet du président Abdoulaye Wade, Habib Sy de témoigner : « Sidy Lamine Sidy était un homme multiculturel qui baignait dans une culture sénégalaise, islamique, arabe mais également francophone. C’était ce qui faisait sa force car il avait la facilité d’appréhender tout ce qui se passait dans le monde ». Qui de sa casquette « d’opposant », il avance : « Sidy a joué un rôle de contre-pouvoir. On manque de contre-pouvoir dans notre pays. Ce qui fait que le président est comme un monarque. Et c’est ce que Sidy avait compris. Il a voulu toujours être du côté des faibles pour défendre leurs intérêts. Ce qui explique qu’il était souvent incompris ». La voix des sans voix.

Sidy, un arabisant entre presse et pouvoir

Pour sa part, Oustaz Alioune Sall renseignait : « Sidy était un fervent croyant et un amoureux du prophète et de l’Islam. Il disait souvent que l’homme doit faire une introspection pour voir la différence entre son passé et son présent, afin de s’orienter vers son Seigneur ».

Le défenseur des libertés, né le 15 août 1950 à Kaolack, est parti. Cependant, les hommages continuent de pleuvoir. Mais, pour le journaliste Mohamed Tidiane Ndiaye, « la Maison de la presse devrait porter le nom de Sidy Lamine Niasse ». Une doléance qui n’est pas encore satisfaite.

Trois jours après son décès, le président fondateur de Wal Fadjri et petit-frère d’Ahmed Khalifa Niass est enterré à Léona Niassène pour son repos éternel. Une polémique née sur le lieu d’inhumation est passée par là. Cheikh Niass « voulait respecter la volonté de son père d’être inhumé au cimetière de Yoff » tandis que Léona Niassène réclamait son fils. Finalement, la famille a cédé à la « pression ».

Un an déjà ! Par ailleurs, à l’occasion de l’anniversaire de son rappel à Dieu, sa famille et le personnel du groupe ont donné rendez-vous au peuple sénégalais, ce 4 décembre 2019, à 20 heures, au Théâtre national Daniel Sorano pour une projection de film documentaire sur la vie et l’œuvre de Sidy Lamine Niass, un arabisant entre presse et pouvoir. Ce, comme pour raconter l’histoire : il était une fois Sidy Lamine Niass. Il était, une « foi ».

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