‘’La diva africaine », « la reine de la musique africaine », tous les superlatifs désignent depuis une vingtaine d’années la chanteuse d’origine béninoise. L’ambassadrice de bonne volonté de l’Unicef, la lauréate de trois Grammy Awards, qui foula les plus grandes scènes et côtoya les grands de ce monde, n’en tire pourtant aucune suffisance, son rire sonore balayant vite toute outrecuidance.
Pour laisser place aux émotions naissantes, chanter aux marches du palais de Bacchus au Festival international de Baalbeck (le 16 juillet dernier) et dans quelques heures sur la scène de la Cour d’honneur du Palais des papes. « Ça me rend humble et plus que jamais consciente de nos responsabilités, de comment on arrive avec l’art à fédérer les gens autour d’une idée plus créatrice que destructrice », nous confie Angélique Kidjo.
Donner corps et résonance à la poésie de Léopold Sédar Senghor en ce lieu mythique du Festival d’Avignon lui donne des ailes, « l’envie de rameuter le monde. Si l’on pouvait voir la beauté dans la musique, le vivre-ensemble s’en porterait mieux ».
Comment est né ce spectacle « Femme noire » ?
Quand Olivier Py m’a proposé de rendre hommage à la femme africaine, j’ai immédiatement pensé à l’Élégie de la reine de Saba, et à travailler avec Isaac de Bankolé (comédien ivoirien, ndlr). Ensemble on a songé à un autre artiste de la génération Senghor, Manu Dibango, (saxophoniste camerounais, ndlr) et à mon guitariste Dominic James (de Kinshasa au Congo). Enfin, il nous paraissait essentiel d’emmener dans ce voyage une figure de la nouvelle génération, de le ramener à la tradition africaine du rite de passage. MHD (le rappeur précurseur de l’afro trap, d’origine guinéenne et camerounaise, auteur d’énormes tubes, ndlr) est né en France mais a ce besoin de retourner à la source…
La Femme noire s’épanouira donc pleinement dans la Cour…
Au-delà de la femme noire, toutes les femmes. On célébrera leur courage. J’ai grandi entourée de femmes fortes qui m’ont toujours laissé la liberté de choisir ce que j’avais à dire et à faire, qui m’ont fait comprendre que mon corps était mon sanctuaire et que c’était à moi de décider qui allait y entrer ou pas. Ma grand-mère paternelle nous disait à mes soeurs et moi : votre premier partenaire de vie, c’est votre travail. Femme noire au Palais des papes c’est un message universel. Et cela résonne encore plus fort que jamais aujourd’hui. Les droits des femmes sont loin d’être respectés, et même en France, patrie des droits de l’homme. Je me pose souvent cette question : qu’est-ce qui fait peur à l’homme chez la femme que son seul but soit de toujours l’opprimer…
Source : laprovence.com
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