Urgent – Vidéo : Déclaration de Serigne Moustapha Sy concernant le gamou

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Parler de la genèse du Mouvement des Moustarchidines revient à le situer dans le contexte politico-religieux dans lequel il a vu le jour.En effet, ce Mouvement est né à la fin des années 70, une période de renouveau islamique, qui marque une étape décisive dans l’histoire de l’Islam contemporain. Pourtant, un demi- siècle plus tôt, les couleurs des images et décors du monde n’étaient pas celles de la religion. Dieu, sous ses différentes appellations, ne présidait pas la définition et l’organisation de ces décors. Probablement, regardait-il, encore effaré, l’effroyable carnage des deux guerres mondiales et se désolait-il des violences inutiles des nombreuses guerres de décolonisation où, fort heureusement, son nom n’était pas invoqué. Les Papes en ce temps là, se déplaçaient rarement, s’occupant de dépoussiérer l’Eglise romaine, de l’ouvrir sur les autres religions et sur les peuples du tiers monde.

Pour qui ouvrirait un album de photos de l’Orient remontant à cette époque, il y verrait bien peu de barbes islamiques, encore moins pour les femmes, de voiles islamiques. Ce qui frappait alors, c’étaient les habits ‘ mao’. En Europe ou aux Etats-Unis, on voyait peu de kippas sur la tête des juifs, peu de croix sur la poitrine des chrétiens. Le monde paraissait alors vivre sans l’omniprésence de Dieu.A la faveur de la décolonisation qui libère de vastes zones du monde, une morale simple, laïque et humaniste, semble acquérir une universalité qu’elle n’avait pas jusque là acquise (droit des peuples à disposer d’eux mêmes, coopération internationale en vue d’une meilleure répartition des richesses du monde etc.). Dieu avait-il besoin, de ce fait d’une revanche comme l’a affirmé plus tard le français, spécialiste de l’islam, Gilles Kepel dans son ouvrage intitulé
La Revanche de Dieu.

A la fin des années 70, précisément en 1979, en pleine guerre froide, s’est produit un évènement annonciateur des temps à venir : en Iran, une révolution religieuse balaie la vieille monarchie et s’en prend à tous les symboles de la modernité. En Afrique, on assiste à une remise en cause systématique et globale des régimes politiques fondés sur un comportement de parti unique. S’y ajoute un profond discrédit des institutions mises en place au lendemain des indépendances. Certains analystes ont parlé alors d’un ré enchantement du monde avec des économies sinistrées.

Au Sénégal, on assiste à une crise de l’Etat qui a renforcé ses capacités de maintien de l’ordre avec la création d’appareils répressifs, spécialisés dans la gestion des émeutes urbaines (GMI). Les populations en général, surtout les jeunes ressentent durement les conséquences de la crise économique tel que le chômage qui affecte les diplômés de l’enseignement supérieur. A l’arrière plan des échecs économiques et leurs contrecoups sociaux, se profile une revendication généralisée pour une meilleure participation des jeunes à la prise de décisions qui engagent l’avenir de la nation. Malgré les politiques d’ajustement structurel, on assiste à des manifestations tous azimuts; ce que J.F. BAYART appelle les ? débordements de société? dans son ouvrage intitulé
La Revanche des Sociétés Africaines.

La nécessité s’impose alors pour la jeunesse de trouver un nouvel espace socio -culturel dans lequel elle pourra s’exprimer. La recherche de cet espace se traduit par une double rupture: jeunesse / productions culturelles étrangères, jeunesse / pratiques islamiques traditionnelles.

Tout ce décor va faire le lit au Sénégal de revendications identitaires d’obédiences islamistes et confrériques avec des objectifs aussi divers que variés.

On note ainsi un courant islamiste d’inspiration iranienne qui prône un Etat islamique par l’application de la charia ; un courant réformiste et un courant confrérique. C’est dans ce troisième courant qu’il faut inscrire les moustarchidines.

Sorti du giron de la tidianiyya, ce mouvement prit naissance dans la cour du Khalif Ababacar SY. Ses premiers adhérents furent les petits fils de ce dernier qui, encadrés par Serigne Moustapha SY et son frère Serigne Mansour menaient des activités éducatives auxquelles ils conviaient leurs congénères.

En 1978, lors d’une conférence à keur Dieumb NDIAYE, Serigne Cheikh Tidiane SY a reproché à la jeunesse de n’avoir pas profité de la décennie 68-78 qui, pourtant lui était destinée. Après 10 ans de révolte et de revendications, elle doit faire son méa culpa pour se consacrer à relever les multiples défis qui l’interpellent.

En 1980, Serigne Moustapha SY sensible au message du guide, va sortir le Mouvement du microcosme familial pour élargir ses bases vers les autres foyers religieux où Serigne Babacar SY et Serigne Cheikh Ahmed Tidiane SY comptaient de nombreux disciples. C’est le cas de Saint Louis terre natale du khalif, Tivaouane capital de
la Tidianya, Kaolack, d’où est originaire sa grand-mère Sokhna Astou Kane, Rufisque qui a servi de retraite spirituelle à son grand-père Serigne Babacar, et Dakar où son grand-père Maodo a édifié une zawiya qui contribua au rayonnement de la voie tidiane. En 1985 déjà, la quasi-totalité des grandes villes du Sénégal étaient acquises à la cause moustarchide. Cette percée s’explique aussi bien par la stratégie d’intervention du Responsable Moral que par son programme d’action.

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