Agrégé des Facultés de droit et avocat au barreau de Paris, Me Babacar Niang, qui constitue, avec Me Papa Mamaille Diockou, la paire d’avocats de Aminata Badiane, promotrice de Miss Sénégal, réagit à la série de plaintes pour « apologie du viol » déposée par un collectif de femmes contre leur cliente.
Une série de plaintes a été déposée ce mercredi contre votre cliente, Aminata BADIANE pour apologie au viol. Quels commentaires faites-vous en qualité d’avocat de la promotrice de miss Sénégal ?
Il faut arrêter cette comédie procédurale de mauvais goût. Ces plaintes folkloriques traduisent le drame de l’égocentrisme qui consiste à n’entrevoir le monde qu’à travers ses propres perceptions narcissiques. Or, en matière pénale, il faut se projeter selon les exigences du principe de la légalité de la répression. Les propos tenus par Madame BADIANE relèvent peut être d’une communication ratée mais ils ne sont pas répréhensibles. Il ne faut pas faire l’amalgame entre « apologie du viol » et « culture du viol ». L’apologie du viol n’est pas prévue et punie par la loi, sauf si on essaye de viser l’article 252 du Code pénal qui prévoit et réprime l’apologie d’un crime ou d’un délit. S’agissant de cette infraction, les propos apologétiques doivent consister en une approbation d’un acte criminel ou délictueux. Plus précisément, c’est le fait de justifier complètement cet acte en le présentant comme normal et licite ou en faire l’éloge en le présentant comme glorieux et méritoire. L’apologie du crime de viol se distingue de la culture du viol qui consiste à banaliser le viol, ce qui n’est pas constitutif d’une infraction, sauf à verser dans la provocation au crime. Il faudrait réécouter l’intégralité de l’interview de Madame BADIANE et ne pas extraire de leur contexte les propos malheureux « si vous êtes violées c’est parce que vous l’avez-voulu ». D’ailleurs, ces propos ne rentrent même pas dans la culture du viol, en ce sens qu’ils s’accommodent avec la définition légale de l’absence de consentement en matière de viol qui se traduit par « violence, contrainte menace ou surprise ». En effet, il appert de cette définition de l’article 320 du Code pénal qu’en matière sexuelle, une femme doit s’exprimer, crier, se défendre pour ne pas être présumée consentante. Le mouvement féministe sénégalais est assez rétrograde et doit revoir sa copie et s’insurger contre cette définition patriarcale du viol qui consacre une présomption de consentement induite. Mener ce combat serait plus noble que cet acharnement contre la Présidente du Comité Miss Sénégal. C’est d’ailleurs l’occasion de préciser que le féministe est un humaniste et que nul n’est plus humaniste que Madame BADIANE. Elle se réserve le droit de déposer une nouvelle plainte contre tous les auteurs de ces plaintes fantaisistes pour dénonciation calomnieuse, faits prévus et réprimés à l’article 362 du Code pénal.
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