L’affaire dite « Sweet Beauty » opposant la masseuse Adji Sarr à Ousmane Sonko qu’elle accuse de viols répétés et de menaces de mort pourrait bientôt connaître son épilogue. Le Doyen des juges, Maham Diallo, a, en effet, transmis un avis de clôture aux avocats et au Parquet pour observations avant de clôturer le dossier. Et, selon une certaine presse, le magistrat Amath Sy est désigné pour présider le procès de l’affaire Sweet Beauty. Il est juge à la troisième chambre correctionnelle du tribunal hors classe de Dakar. Mais des sources de SeneNews affirment le contraire.
Après l’audition de plusieurs témoins du dossier Sweat Beauty, cités notamment par les avocats d’Ousmane Sonko, et la confrontation entre le maire de Ziguinchor et son accusatrice Adji Sarr, le 6 décembre dernier, le Doyen des juges Oumar Maham Diallo a transmis un avis de clôture aux conseils des parties concernées et au Parquet. En effet, le magistrat instructeur pourra, ainsi, prendre une ordonnance de clôture ou poursuivre l’instruction si le Parquet en exprime la demande. Il faut signaler que le Procureur peut demander un complément d’informations s’il estime cela nécessaire. Ce qui fait que la date du procès n’a pas encore été fixée.
Cependant, certaines indiscrétions ont déjà désigné un juge qui présidera l’audience. Il s’agit d’Amath Sy. De juge d’instruction au tribunal de Dakar, ce dernier nommé a été pendant longtemps le président du tribunal d’instance de Rufisque. Aujourd’hui, le magistrat est devenu le président de la 3e chambre correctionnelle de Dakar. Et, c’est lui que certains médias pensent qu’il a pris en main l’affaire Sweet Beauty.
Toutefois, des sources de SeneNews révèlent qu’en lieu et place d’Ahmet Sy, « c’est Abdoulaye Ba, le président du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar qui va présider la Chambre criminelle qui va vider l’affaire Sweet Beauty« . D’ailleurs on nous souffle que « le juge Amath Sy n’est même pas au courant de cette désignation« .
Mieux encore, la source de SeneNews explique : « La Chambre criminelle du tribunal de grande instance est présidée par le président du tribunal de grande instance. Et, c’est le Juge Abdoulaye Ba qui préside le Tribunal de grande instance. Il peut alors, (vu l’enjeu du dossier Sweat Beauty) présider la Chambre criminelle qui va juger Sonko« .
Justement, la question de la présidence de la Chambre criminelle est réglée par la loi N°2014-28 du 3 novembre 2014 qui crée les Chambres criminelles au Sénégal. Selon l’Article 228 de la dite loi, la Chambre criminelle du tribunal de grande instance est présidée par le président du tribunal de grande instance. L’article 229 précise qu’en cas d’empêchement, le président du tribunal de grande instance est remplacé par un vice-président ou à défaut par un autre juge du tribunal désigné par ordonnance du président du tribunal de grande instance.
Egalement, l’article 230 distingue qu’en cas d’empêchement survenu au cours de l’audience de la Chambre criminelle, le président est remplacé par le membre de la chambre criminelle du rang le plus élevé. C’est ainsi donc qu’est programmée la composition de la chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance. Mais l’article 236 fait une précision de taille: « Ne peuvent faire partie de la Chambre criminelle, les magistrats qui, dans l’affaire soumise à la Chambre, ont, soit fait un acte de poursuite ou d’instruction, soit participé à la décision de renvoi ou à une décision sur le fond relative à la culpabilité de l’accusé ».
Précédemment président de chambre à la Cour d’appel de Dakar et ex-président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), le Juge Abdoulaye Ba, a migré vers le Tribunal régional de grande instance hors classe de Dakar en décembre 2021 pour remplacer son collègue, le Juge Ibrahima Sow.
Pour rappel, en août 2011, Abdoulaye Ba est passé du juge de siège, à conseiller à la Cour d’Appel de Kaolack. Ce que dans le milieu de la magistrature on appelle « aller au purgatoire« . Mais le principal intéressé avait justifié la décision prise à son encontre comme « légale, mais c’est une affectation de sanction« . Car, avait soutenu avec force le désormais ex-président de l’Ums, « quand un magistrat défend certains principes, dans le contexte actuel, il est normal qu’il soit gênant. Et, cette décision est le prix de mon entêtement pour l’indépendance de la magistrature« .
Seulement Abdoulaye Bâ, qui appelle ses pairs à « ne pas rater le train de l’histoire », reste persuadé que « tant qu’il y a des magistrats, des combattants pour l’indépendance de la magistrature seront toujours présents sur le champ de bataille« . Car, soutient-il, « quand on se bat pour des principes, on y va par conviction ». Toutes choses qui font que le juge Bâ va rester au service de la magistrature et des principes qu’elle incarne et défend.
Aujourd’hui président du Tribunal régional de grande instance hors classe de Dakar, Abdoulaye Ba va certainement hériter du dossier Sweet Beauty. En tout état de cause, le magistrat a toujours été d’avis qu’ »un pays sans justice, c’est un pays sans droit, sans foi, sans loi. C’est un pays où le plus fort prendra toujours le dessus sur le plus faible. C’est un pays sans organisation où les droits des citoyens ne sont pas protégés« .
Bien entendu, un renvoi en chambres criminelles fait courir à Ousmane Sonko un gros risque et des nuages planent sur sa candidature à la présidentielle de 2024. Le maire de Ziguinchor, accusé de viol et de menaces de mort, n’a cessé de crier au complot visant à l’empêcher de participer à la prochaine élection de 2024.
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