En interjetant appel, les policiers Almamy Lawaly Touré, Thiandella Ndiaye, Mame Cor Ndong et Ousmane Ndao n’espéraient peut-être pas s’en tirer à aussi bon compte. Hier, la Chambre criminelle d’appel de la Cour d’appel de Thiès a réduit de moitié la peine de 10 ans que leur avait infligée le Tribunal d’instance de Diourbel, en 2013, pour meurtre avec actes de barbarie. En effet, l’affaire date de la même année. Elle a ouvert hier les audiences spéciales de la chambre criminelle de ladite Cour d’appel. Une nouvelle fois, les quatre policiers se sont présentés à la barre pour s’expliquer sur le meurtre commis sur Ibrahima Samb, le surlendemain de la fête de Tabaski de 2013.
Ce jour-là, les quatre policiers, tous membres de la Brigade de recherches de Mbacké, sont descendus sur le lieu du concert qu’organisait la chanteuse Coumba Gawlo. Ils ont interpellé plusieurs personnes dont Ibrahima Samb. Le véhicule de service étant plein, les agents du chef de brigade Issac Gassama ont décidé d’installer Ibrahima Samb dans la malle arrière de la voiture d’un des agents. C’était dans la nuit du 18 au 19 octobre 2013. Ensuite, ils sont rentrés et ont oublié le défunt âgé alors de 18 ans dans le coffre. Il y a passé toute la nuit.
Après avoir entendu les quatre policiers, l’avocat général Djibril Bâ les a tous déclarés coupables du meurtre d’Ibrahima Samb et a requis 10 ans d’emprisonnement dont 5 avec sursis. D’après lui, le fait d’introduire quelqu’un dans une malle est un ‘’délit’’. Il a aussi rappelé que lors de l’enquête préliminaire devant le juge d’instruction du Tribunal d’instance de Diourbel, Thiandella Ndiaye avait nié les faits qui lui sont reprochés. ‘’Thiandella Ndiaye, qui a nié n’être pas au courant de l’arrestation d’Ibrahima Samb, a déclaré qu’ils sont tous responsables. Donc, il était bien au courant que le jeune homme était dans le coffre du véhicule. Ils ont pris la décision de le faire. C’est pourquoi ils ont décidé de se cotiser pour amener le prévenu au district sanitaire de Mbacké. Donc, ils ont su que ce qu’ils avaient commis est un délit’’, a déclaré Me Djibril Bâ.
Selon lui, le jeune est mort dans des ‘’circonstances dramatiques’’, même s’il est décédé à 14 heures. ‘’Le premier niveau de violence résulte de l’acte. Le jeune homme a été mis dans le coffre d’un véhicule, pendant au moins 14 heures. Ils sont tous responsables de la mort de jeune homme, parce le certificat de décès révèle qu’il est décédé des suites de ses blessures. Ils n’ont aucune excuse’’, a-t-il martelé. Avant que Me Abdoulaye Babou, constitué pour la défense, ne demande la clémence du la Cour, en convoquant les dispositions de l’article 280 du code de procédure pénale. ‘’Les policiers exercent un métier extrêmement difficile. Ils sont victimes d’homicide involontaire. Ils n’avaient aucune intention de tuer’’, a fait savoir l’ancien officier de Police devenu par la suite avocat. Par contre, il a rappelé que la première erreur de son client Thiandella Ndiaye, c’est le fait qu’il a accepté de mener cette mission avec des moyens limités.
Dans son verdict final, le président de la Cour Pape Amadou Sow a rappelé que les faits s’analysent en ‘’violences ayant entraîné la mort’’ du jeune Ibrahima Samb. Ainsi, il a prononcé cinq ans d’emprisonnement ferme pour chacun, avec une amende de 20 millions de F Cfa qui sera versé par l’État du Sénégal.
Jugement en appel du meurtre d’ Ibrahima Samb: les quatre policiers condamnés à 5 ans de prison
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