Révélation choc : Ces sénégalais avaient bien prévu d’installer un camp d’entrainement terroriste à Kédougou !

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Le procès de l’Imam Ndao et de ses présumés complices pour terrorisme présumés a été renvoyé en audience spéciale au 14 février prochain. Les supposés jihadistes ont comparu hier devant la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Un moment empreint d’émotion pour les proches de ces sénégalais qui ont été cueillis pour leur présumée accointance avec les groupes jihadistes tels que Boko Haram et Al Qaida dans le Maghreb Islamique (AQMI). Seulement, ils devront s’armer de patience car ce n’est pas demain la veille de la libération des leurs dans ce qu’il est convenu d’appeler le procès du terrorisme au Sénégal et pour cause. Les griefs retenus contre eux sont si lourds et si compromettants qu’ils risquent d’en avoir encore pour longtemps derrière les barreaux.

Poursuivis pour apologie du terrorisme, Imam Ndao, Matar Diokhané, Ibrahima Mballo, Oumar Yaffa, doivent également répondre d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme entre autres. Dans ce groupe, un nom sort du lot. Il s’agit de Makhtar Diokhané. Originaire de Kaolack, il est établi que ce maitre coranique de formation est connu dans les coursives de Boko Haram du nom de l’organisation jihadiste qui sévit dans le nord du Nigeria depuis 2009 sous la houlette de Abubakar Shekau.

Selon les confessions des Sénégalais arrêtés au Niger alors qu’ils avaient quitté le bastion de Boko Haram pour rejoindre le Sénégal, Makhtar Diokhané occupait une place de choix au sein de Boko Haram. C’est lui qui est intervenu lorsque Ibrahima Bâ a eu des divergences de vue avec Abubakar Shekau. Conduit auprès du « Cheikh » dans la forêt de Sambissa, naguère fief de Boko Haram, Cheikh Ibrahima Bâ n’a pas eu gain de cause quant à ses attentes. Makhtar Diokhané a intercédé en sa faveur pour lui permettre de retourner en Mauritanie approfondir ses connaissances théologiques.

L’influence de Diokhané au sein de Boko Haram était telle qu’il etait considéré comme le coordonnateur de la communauté sénégalaise. C’est Ibrahima Mballo dont le voyage pour le Nigeria a été financé par Ibrahima Bâ qui fait cet aveu. Même s’il avoue avoir été à Fathoul Moubine puis à Sambissa, Ibrahima Mballo a nié avoir subi une formation militaire. Il a déclaré n’avoir pas non plus été au courant d’un projet de jihad au Sénégal. Cependant, il reconnait avoir projeté avec Makhtar Diokhané le montage d’un projet agricole dans le sud du Sénégal.

Des causes de l’engagement de Diokhané pour la cause islamiste, l’enquête a révélé qu’il est parti des événements de Diourbel. En 2011, un salafiste du nom d’Abdou Karim Ndour a eu des bisbilles avec la communauté mouride à Diourbel sous prétexte qu’il s’attaquait au fondateur du mouridisme. En furie, des fidèles mourides ont incendié sa mosquée, convoquant l’ire de la communauté salafiste qui s’est proposée en bouclier. La tension était montée d’un cran. Il a fallu l’intervention du Khalife des Mourides Serigne Sidy Mokhtar Mbacké pour tempérer les ardeurs des uns et des autres.

Au sujet de ses relations avec l’Imam Alioune Badara Ndao, Makhtar Diokhané fait des aveux terribles. A l’en croire, l’Imam Ndao lui sert de conseiller et a validé ses écrits sur le takfir (excommunication) du nom de ce concept tant cher aux jihadistes qui décide de qui est musulman ou de qui ne l’est pas. D’après Diokhané, l’Imam Ndao a également avalisé ses écrits sur le jihad. C’est dire…

Devant les enquêteurs, Makhtar Diokhané déclare que le nommé Aliou Badara Sall est un ami de longue date et qu’il aurait remis la bagatelle de 18 500 euros (12, millions FCFA) pour la construction de son Daara à Keur Ndiaye Lô. Il a par ailleurs avoué que Sall qui fait partie des prévenus dans l’affaire Ndao partage ses convictions religieuses et assiste même aux réunions.

Quid de ses épouses Coumba Niang et Amy Sall ? Diokhané confie au enquêteurs qu’elles étaient au courant de ses activités et l’aidaient dans sa démarche. A ce propos, il dit avoir remis à son épouse Coumba Niang une importante somme d’argent dont il ignore le montant pour les besoins de ses travaux et de la dépense quotidienne. A propos de cet argent il déclare qu’il s’agissait d’un montant de 65.000 euros (42,6 millions FCFA) qui lui a été offert par Mouhamed Moustapha DIOP qui revenait de l’Arabie Saoudite pour la construction de son Daara.

Moustapha Diop était l’émir des Sénégalais qui ont rejoint la Wilaya (province) de l’Etat islamique en Libye. Il aurait été tué à la faveur de l’opération “Al Bunyan al Marsous” lancé par des éléments armés de Misrata sous la couverture du gouvernement de l’Ouest libyen.

Sur ses rapports avec Salih NDIAYE, il souligne que ce dernier est son ami avec qui il partage les mêmes convictions religieuses. Il atteste qu’étant au Nigéria il correspondait avec ce dernier qui l’informait sur la situation des frères restés au Sénégal et ceux qui sont en Lybie.

A propos de son départ pour le Nigéria, il le justifie par un contrat d’enseignement du coran qui le lie à Boko Haram. Il précise que ce contrat a été démarché par Mouhamed Moustapha DIOP auprès d’un saoudien établi en Syrie qui s’appelle Abou Souhaib. Selon ses dires, c’est Mouhamed Moustapha DIOP qui a financé son voyage à hauteur de 150.000 FCFA qui lui ont été remis par Ibrahima BA.

Il précise en outre qu’en partant, il a été chez l’imam Aliou Badara NDAO pour l’informer de sa volonté et recueillir sa bénédiction mais il souligne que ce dernier était absent de son domicile.

Au Nigéria, il reconnaît avoir travaillé pour le compte de Boko Haram et percevait un salaire mensuel de 1500 Euros (1 000 000 FCFA) indépendamment de sa nourriture et de son logement. Il déclare qu’il y avait plus d’une vingtaine de jeunes sénégalais à Sambissa et que certains y sont restés.

Il confirme qu’il est intervenu auprès de Aboubacar CHAKAU pour obtenir l’autorisation de sortie des sénégalais. Sur les péripéties de cette rencontre, il dira que c’est sur la demande des sénégalais qu’il a été reçu par le Cheikh avec qu’il s’est entretenu avec lui, de 09 heures à 17 heures sur plusieurs questions.

Il affirme en plus, que ce dernier, par l’intermédiaire d’un certain Amir Aboubacar qui l’avait accompagné lui a remis six millions (6.000.000) de Naira (9,1 millions FCFA) dont trois pour le retour des éléments et trois qui lui étaient destinés. Il ajoute qu’il est reparti avec les jeunes jusqu’à son domicile à Handak où ils ont séjourné pendant quelques jours avant qu’il ne les scinde en petit groupes pour leur retour. A cette occasion, il signale que, par crainte que ceux-ci soient récupérés par les éléments basés en Lybie à leur retour, il leur a proposés de monter un projet agricole pour lequel il choisira un homme sage et expérimenté pour son pilotage. Il décline le nom de l’imam Alioune Badara NDAO auquel il a pensé. Il précise en outre qu’en partant, il a été chez l’imam Aliou Badara NDAO pour l’informer de sa volonté et recueillir sa bénédiction mais il souligne que ce dernier était absent de son domicile.

S’agissant de projet de Djihad au Sénégal, il se démarque de toute idée de mener un combat violent contre le Sénégal. Cependant, il renseigne que l’Etat islamique a planifié l’instauration d’un Etat Islamique qui englobe les deux Guinée, le Sénégal et la Gambie.

A propos de sa formation de combattant, il soutient n’avoir pas subi une formation proprement dite mais il a appris à manier le AK47 (Kalachnikov).

Sur les motifs de son arrestation au Niger, il déclare qu’après son retour au Sénégal, il a reçu le coup de fil de feu Moussa AW qui était en compagnie de ses camarades cités plus haut qui lui annonce leur emprisonnement au Niger. Repartis pour les faire libérer, il fut à son tour interpellé et incarcéré pour des faits liés au terrorisme.

En salafiste convaincu, Mokhtar Diokhané sait qu’il ne sera pas ménagé par les régimes démocratiques. Néanmoins, l’homme semble tres ancré dans ses croyances et s’est donné les moyens d’atteindre ses objectifs. Selon lui, un projet de jihad doit suivre un cheminement et prendre tout le temps nécessaire pour mûrir. Pour Diokhané, la lutte armée doit partir du “takhrib” (regroupement) avant d’atteindre le “tasbit” (endoctrinement). Il s’en suivra le “Tayil ahada” (l’identification) menant au “Tahlil ahada” (affaiblissement).
Le “Tadhij al Makane” (choix) est la dernière étape. D’où ses différences de vue avec l’Etat islamique qui voulait coûte que coûte implanter une wilaya entre le Sénégal, la Gambie et les deux Guinée. Pour les combattants sénégalais de l’Ei à Syrte, en Libye, il fallait partir du sud du Sénégal, déstabiliser les frontières tout en s’appuyant sur les cellules dormantes composées de Guinéens. Il fallait ensuite opérer un coup d’Etat en Gambie avant d’instaurer la Wilaya qui contaminerait tous les pays de la sous-région.
Mais de l’avis Diokhané, la chaine de commandement était incomplète d’où la prudence dont il a voulu faire preuve dans l’engagement armé. Mais le temps aura joué contre lui. Arrêté au Niger alors qu’il intercédait en faveur de ses compatriotes alpagués par les forces de sécurité nigériennes à Zinder, Diokhané a été extradé en même temps que son groupe. Ils seront jugés en audience spéciale le 14 février prochain en même temps que l’Imam Alioune Badara Ndao, Ibrahima Ly et l’étudiant Assane Kamara.

Dakaractu

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