(10 Photos) Maty Rose Lopy, grande sœur d’Assane : « il est très différent de la façon dont il …. Aminata Sy sa mère explique »

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Cité dans une affaire d’intrusion financière dans de multiples comptes bancaires et de recel, Assane Malick Lopy, 18 ans, est dépeint comme un ado correct, victime de mauvaises fréquentations.

Il y a Assane Malick et il y a Papy. Les deux se croisent tous les jours, mais ne se rencontrent jamais. Leurs personnalités s’entrechoquent, se rejoignent parfois, sans toutefois jamais se lier. Autant Papy, 18 ans, est un grand timide, garçon studieux, couvé par une maman-poule. Autant Assane Malick est un garçon libéré, accro au bling-bling, qui se la joue fanfaron, frimeur et… présumé «pompeur de comptes bancaires». Maty Rose Lopy, grande sœur d’Assane : «Papy est très différent de la façon dont il est décrit sur les réseaux sociaux. Il a voulu vivre une vie qui n’est pas la sienne, mais de là à être un délinquant, je n’y crois pas. A la maison, on a un train de vie simple, très différent de ce qu’il publie sur Facebook.» Le portrait est policé, mais «Libération» fonce le trait. A sa Une du vendredi 27 octobre dernier, le quotidien dévoile une autre facette d’Assane Lopy. Moins policé, contrastant avec l’image du gentil garçon. Un anti-portrait grandeur nature qui a failli être fatal à sa mère, Aminata Sy. Ce vendredi-là, jour de parution de l’article sur son fils, Aminata est attablée avec sa mère pour le petit-déjeuner. Elle est alors loin de se douter que sa vie est sur le point de basculer. Les yeux clos, la tête nouée dans un foulard en voile et reposant sur le dessus d’un sofa tendu de caramel, elle rembobine le film, le souffle court. «Comme chaque matin, je suis installée à la véranda, en compagnie de ma mère, pour le petit-déjeuner. Lorsque la fille d’une de mes voisines est entrée dans la maison avec fracas. Les larmes aux yeux, elle s’est jetée sur moi, suffoquant sous les sanglots. Paniquée, j’ai pensé qu’un drame s’était abattu sur sa famille. J’ai tenté de la calmer et c’est au milieu de sa crise de larmes qu’elle m’a annoncé la terrible nouvelle. Elle m’a dit : ‘’Badiéne (tante), tu n’es pas au courant ? Assane fait la Une de «Libération» aujourd’hui. On l’accuse d’avoir pompé des comptes dans plusieurs Gab (Guichet automatique de banque). Dans l’article, on dit qu’il est actuellement en détention à la Maison d’arrêt de Rebeuss. Il a été interpellé par la Dic (Division des investigations criminelles).’’ Incrédule, j’ai tourné en rond pendant quelques minutes, avant de m’affaler de tout mon poids sur le sol. J’ai fait une crise cardiaque et été transférée illico à l’hôpital. Ma famille avait perdu espoir de me voir rétablie» Un uppercut pour la maman d’Assane Lopy qui, depuis, se débat contre une méchante cardiopathie «Ce n’est pas tant son arrestation qui m’a choquée. J’étais déjà au courant depuis la veille, mais le fait qu’il soit jeté en pâture à la «Une» d’un journal. Assane est encore un enfant. Il a soufflé sa 18e bougie en mai dernier», murmure-t-elle, puisant dans ses dernières énergies pour conter son «Papy». Ce premier fils, deuxième d’une fratrie de trois enfants, dont il était le grand espoir.

Assane Lopy n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. Issu d’une famille monoparentale, il est éduqué par une maman divorcée, avec trois enfants à charge. «Sa grande sœur poursuit actuellement des études en France. Elle est en 5e année de Droit. Quant à son jeune frère, Junior, il est à l’école primaire. Tous vivent dans cette maison avec leur mère et leur grand-mère. Aminata s’est battue pour les éduquer, seule, sans l’aide de personne. Ils n’ont jamais manqué de rien. En éducation, sa mère oscille à la frontière entre rigueur et roideur. «Il arrive souvent qu’on lui demande de lâcher la bride», confie un proche de la famille. Cela n’empêche pourtant pas Assane de s’évader… dans sa tête. Loin de sa modeste demeure aux Hlm 5, l’enfant s’invente une vie de pacha. Un voisin : «De ce que nous savons de la maman de Assane, c’est une battante qui ne s’est jamais ménagée pour offrir le meilleur et une bonne éducation à ses trois enfants. Assane passait pour un môme calme. Il était un peu frimeur, comme la plupart des garçons de son âge. Il aimait s’afficher avec des liasses de billets ou se photographier devant de gros bolides. Certains se demandaient d’où provenait tout cet argent qu’il exhibait. Il se susurrait aussi qu’il fréquentait des personnes pas très recommandables, mais on n’en savait pas plus.»

«Il se plaignait beaucoup de l’absence de son père». Sa famille accourt pour policer le portrait de son fils. «Papy avait des amis qu’on ne connaissait pas forcément. Il va au lycée, rencontre de gens et on ne peut contrôler tous ses faits et gestes, ni ses fréquentations. Mais, ici à la maison, personne n’est jamais venu se plaindre de lui. D’ailleurs, personne ne venait le voir. On ne lui connaît pas d’amis. En dehors du lycée, Papy sortait peu. Juste pour acheter le pain pour le dîner. A tel point que certains voisins du quartier le qualifiaient de ‘’tapette’’ en le taquinant», commente Pape Ibrahima Faye, oncle de Assane.

Assane Malick Lopy a vu le jour un matin de 6 mai 1999. Au quartier des Hlm 5 où il pousse son premier cri, l’adorable chérubin aux fossettes déjà bien marquées, pousse sans éclaboussures, couvé par la tendresse d’une famille, toute à sa joie d’accueillir son premier fils. La première rupture interviendra au bout de 9 mois. Alors qu’il découvre le monde, Papy est sevré de l’affection de son père. Awa Sampil, tante paternelle de Papy : «Son père s’est séparé de sa mère, quand Papy avait 9 mois. Depuis, il n’est jamais revenu. A chaque fois que Papy avait de ses nouvelles, c’est lui qui allait à sa rencontre. Je suis sa confidente. Il était tout le temps chez moi. Il se plaignait beaucoup de l’absence de son père.» N’empêche, Aminata s’armera de sa résignation pour faire face à sa mauvaise fortune. Seule, mais appuyée par sa famille, la mère célibataire se fixe comme credo de donner le meilleur à sa progéniture. Quitte à s’oublier. Ndèye Fall, une voisine : «Aminata s’est sacrifiée pour ses enfants. Elle s’est toujours battue pour qu’ils étudient dans les meilleures écoles.» Pour Papy, ce sera d’abord «Keur Arame» pour la maternelle, puis «la Cathédrale» pour l’école primaire et enfin, le collège «Machala». Tout coulait de source. L’enfant déroule une adolescence paisible. Sans heurts. Jusqu’en 2015. Cette année, une triste nouvelle vient mettre du plomb dans ses ailes. Sa mère est déclarée atteinte de cardiopathie sévère. La vie de Papy bascule. Toute à ses soins, Aminata est obligée de lâcher du lest. «Libéré» de l’emprise d’une maman rigoureuse, le jeune ado de 16 ans, s’affranchit. «C’est à ce moment que Papy a commencé à échapper à sa mère. Affaiblie, elle ne pouvait plus exercer un contrôle systématique sur lui. Assane a commencé à fréquenter des personnes plus âgées que lui et qui l’invitaient dans des suites d’hôtels», argumente un proche de la famille. Plongé dans le monde des adultes, sans mode d’emploi, l’ado paie son premier écart. Alors que 2017 en est à ses premiers balbutiements, il est impliqué dans une affaire de vol de cartes Gab et passera un court séjour en Maison de redressement. C’est sur sa page Facebook qu’on déniche l’information. Dans le monde virtuel du réseau social, les messages de sympathie à l’endroit d’Assane pleuvent : «Cousin, tiens bon ! Tu vas t’en sortir», «You are coming soon (tu seras bientôt libre)», ou encore «Tiens bon mon frère, ça ira ! Free the goat (Libérez Assane !)». Là où un autre de ses amis se faisant appeler «Jules Cfa», exhorte Assane à être plus vigilant et à se méfier de ceux qui prétendent être ses amis, quand il sortira de ce pétrin. Une page de sa vie vite refermée et que sa famille refuse de commenter, préférant mettre cette parenthèse sur le compte d’une «erreur de jeunesse». Son oncle, Pape Ibrahima Faye dit Pif : «Papy a commis des bêtises, comme tous les garçons de son âge. Il a eu des démêlés avec la justice, mais il était sur la voie de la rédemption.» Sa tante, Awa Sampil, lustre le trait : «Papy a été détourné par innocence. Il a été dévié par des mauvaises fréquentations. Mais depuis ses démêlés avec la justice, il me disait qu’il avait tourné la page. Il manifestait même le désir de retourner à l’école.» Des humanités qu’Assane avait abrégées, alors qu’il devait reprendre la classe de 3e. Faute d’une bonne moyenne pour passer en classe supérieure. A l’école Machala qu’il a fréquentée en dernier ressort, les registres stipulent qu’Assane a manqué à l’appel depuis 2011. Al Mansour Diaw, Directeur des études de «Machala», confirme : «Assane Malick Lopy ne fait plus partie de notre effectif depuis 2011. Il était inscrit en 3e.Et comme il devait redoubler, parce qu’il n’avait pas la moyenne requise pour passer en seconde, ses parents ont choisi de l’inscrire ailleurs.» Dans cette institution privée, Lopy qui n’a pas laissé de grands souvenirs de son passage, est crayonné comme un élève effacé, qui passait inaperçu. M. Coulibaly, conseiller d’éducation qui capitalise plusieurs années d’expérience dans l’établissement, renseigne : «Assane était plutôt un gamin calme et effacé. Il n’avait aucun problème relationnel avec ses camarades. Par contre, il n’était pas très assidu en classe. Raison pour laquelle, il avait un niveau d’étude faible.»

Arrêté pour Intrusion frauduleuse dans de multiples comptes bancaires, vols et recel.

Loin de briller à l’école, Assane s’illustrait sur un autre terrain. Celui du Blow (frime). Sur sa page Facebook, l’appareil photo le capture tantôt prenant ses aises dans un lit ou se prélassant en peignoir dans une suite d’hôtel, tantôt en prenant la pose devant un bolide. S’il ne la joue pas fanfaron, exhibant des liasses de billets ou en en distribuant lors des soirées de Wally Seck. Une débauche d’esbroufe que sa famille met sur le compte d’une «folie de jeunesse». Maty Rose Lopy, sa grande sœur : «Papy est victime d’une folie de jeunesse. C’est un adepte du Blow. Il aime les coups de bluff, aller en boîte ou à la plage. Il tient peut-être à prouver quelque chose. Je ne sais pas. Sa seule erreur, c’est d’être trop pressé.» Quid des liasses d’argent distribuées lors d’une soirée de Wally Seck ? Cette proche parente à Papy défend : «Quand il distribuait de l’argent à Waly Seck, c’était juste 50 000 FCfa. Ses amis se sont cotisés et lui ont remis la somme, car il disait vouloir faire le buzz. Au finish, il s’est cassé la g…» Que voulait-il prouver ? Que cherchait-il ? Les questions restent en suspens pour les membres de sa famille qui cherchent désespérément des réponses à leurs interrogations. «Peut-être qu’il voulait montrer aux gens qu’il a réussi», avance-t-on. «Ce qui nous intrigue le plus, c’est l’évocation d’un réseau roumain qui serait les complices d’Assane. On parle même de cybercriminalité et de piratage de système bancaire. C’est une aberration ! Il faut être un grand hacker pour le faire. Assane n’a même pas d’ordinateur», s’indigne sa sœur. Aujourd’hui, en détention à la Maison d’arrêt de Rebeuss, Assane Malick Lopy doit répondre du délit d’intrusion frauduleuse dans de multiples comptes bancaires, vols et recel. Son oncle, Pape Ibrahima Faye a une autre version des faits reprochés à Papy : «Sur son Pv d’audition, on nous dit qu’il est arrêté pour recel et vente de portables volés. Papy ignorait que ces portables ont été volés. C’est un ami à lui qui les lui a envoyés depuis la France. Les téléphones lui ont été livrés par un courtier. En effet, depuis bientôt 6 mois, Papy, en attendant de retrouver les bancs, s’était reconverti dans le commerce. Il vendait divers objets et envisageait même de lancer une opération de vente de poulets pour les fêtes de fin d’années.» Un projet en suspens… En attendant.
L’OBS

IGFM

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