En grandissant, on se rend parfois compte qu’on connaît très mal la sexualité. On comprend que si on avait été mieux informée plus tôt, on aurait probablement été plus épanouie… et on aurait davantage joui !
5 choses sur le sexe que vous devez absolument connaitre
C’est encore trop rare de voir un tel duo quand il s’agit de parler de sexualité : Isabelle Filliozat, célèbre psychothérapeute spécialisée notamment dans les questions d’éducation, a collaboré pour ce guide avec… sa fille, Margot Fried-Filliozat !
Elles signent Amour, sexe, les réponses aux questions des ados, un ouvrage décomplexé et décomplexant qui détricote les idées reçues, démantèle les fausses infos et surtout offre un regard bienveillant sur la sexualité.
Se masturber, ce n’est pas forcément se doigter
Comme la plupart des gens, je n’ai pas eu besoin de regarder du porno pour savoir à quoi ressemble la masturbation quand on a un pénis : le geste nonchalant ou frénétique de la fameuse branlette a commencé à être une vanne parmi les garçons de mon âge dès la fin de l’école primaire. On le voit au cinéma, dans les séries, à la télé… le va-et-vient n’est en rien tabou.
Mais pour ce qui est de la masturbation à base de vulve, de clitoris et de vagin, là, les infos étaient plus rares qu’un poil pubien dans un film X mainstream.
Même une fois que j’ai dépassé l’idée selon laquelle « les filles bien ne se masturbent pas » (les filles bien se branlent aussi, et elles vous emmerdent, merci pour elles), j’ai longtemps cru que moi, je ne me masturbais pas. Pas parce que j’étais prude — mes hormones m’ont assez vite changée en petite lapine surexcitée. Mais parce que je ne me doigtais pas, et que les seules fois où on parlait de se donner du plaisir en tant que meuf, on utilisait ce verbe (plutôt moche d’ailleurs) : « doigter ».
J’ai compris bien plus tard que la pénétration a été sacralisée jusque dans le plaisir féminin solitaire, alors qu’on peut tout à fait se masturber et atteindre l’orgasme sans toucher une seule fois à l’intérieur de son vagin. La stimulation du clitoris peut être amplement suffisante, et ma « technique » de masturbation, à savoir le frottement ou « humping », comptait tout à fait comme de la branlette, oui oui oui.
Imaginez une adolescente qui se fait jouir chaque jour ou presque, sans savoir que c’est ce qu’elle fait. Une adolescente qui ne peut pas se renseigner pour savoir « si c’est normal ou pas », parce qu’elle ne sait même pas quels mots correspondent à son acte. Une adolescente qui reste coincée dans sa honte et ne parle à personne de ses activités nocturnes.
Il m’aura fallu des années pour que ça fasse tilt et que je pose le terme « masturbation » sur ces drôles de sensations. Années passées à essayer régulièrement de me stimuler par pénétration digitale, sans rien ressentir d’autre qu’un vague malaise humide, avant de comprendre que pour moi, le plaisir solitaire se jouait principalement au niveau du clitoris, et que ce n’était pas grave du tout. Quel long moment de solitude…
On peut toujours dire « non » à une relation sexuelle
Selon une étude Santé publique France menée en 2016, 10% des femmes et 7% des hommes ont « cédé aux attentes de leur partenaire » au moment de faire leur première fois. C’est beaucoup. C’est trop. C’est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop.
J’ai eu peu d’éducation sexuelle, mais j’ai eu encore moins d’éducation au consentement ; on m’a bien dit de ne pas suivre les messieurs que je ne connaissais pas, on ne m’a pas enseigné comment réagir si le mec que j’aime et avec lequel j’ai déjà couché initie une relation sexuelle alors que je ne suis pas dans le mood.
Je parle bien ici de ce qu’on appelle la « zone grise » du consentement, cet entre-deux dans lequel on peut hésiter, ne pas oser dire « J’ai pas très envie », s’y mettre sans trop d’enthousiasme, en partie parce qu’on ne nous a jamais dit que ça arrive de ne pas avoir très envie, que ce n’est pas grave, que ce n’est ni une preuve de désamour ni un manque de respect. Qu’il y a des jours où on n’a pas d’appétit, et des jours où on n’a pas faim de cul, et que c’est tout à fait normal.
C’est pourquoi je salue le travail des féministes, activistes, colleuses et autres militantes qui s’attellent à faire passer le message : on peut toujours dire « non », et on n’a jamais à en pâtir.
La sexualité, ce n’est pas que la pénétration
Que ce soit parce qu’on tente de « s’éduquer » via le porno ou parce que les cours d’éducation sexuelle auxquels on a droit sont un peu passéistes, il n’est pas rare de dissocier assez tard sexualité et pénétration, surtout dans le cas d’un rapport hétérosexuel qui semble toujours atteindre son plat de résistance au moment où le pénis entre dans le vagin. Au point qu’on parle de « préliminaires » pour tous les autres actes, comme si la masturbation ou le cunnilingus n’étaient pas des pratiques sexuelles !
Notons que cette croyance est également excluante pour les personnes qui ne sont pas hétéro, soit dit en passant, car le saviez-vous ? Les lesbiennes font l’amour, tout à fait, même sans pénis, même sans vibro. Eh oui.
Il m’a fallu longtemps pour considérer toutes mes pratiques sexuelles comme faisant partie intégrante de la sexualité, et non comme des détails dont on peut se passer. C’est encore plus absurde quand on sait que comme beaucoup de femmes, je ne jouis que rarement par la simple pénétration…
Une enquête Ifop de 2015 présentait la France comme une relative mauvaise élève au niveau du plaisir féminin, comme l’illustrent ces cinq chiffres-clés :
49% des Françaises admettent avoir « assez régulièrement » des difficultés à atteindre l’orgasme, soit le niveau le plus élevé de tous les pays investigués dans le cadre de l’enquête.
37% des Françaises ont joui « au moins une fois par semaine » ces trois derniers mois, soit la plus faible proportion observée dans les pays interrogés en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
52% des Françaises déclarent avoir « souvent » joui avec un partenaire au cours de leur vie, soit un taux très en deçà de celui mesuré dans les autres pays occidentaux.
31% des Françaises simulent « assez régulièrement » l’orgasme avec leur partenaire, soit le niveau le plus élevé observé en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
25% des Françaises n’ont pas eu d’orgasme lors de leur dernier rapport, soit une proportion record en Europe, presque deux fois plus élevée par exemple que chez les Néerlandaises (15%).
Il y a fort à parier que ces chiffres repartiraient à la hausse si on considérait davantage la sexualité comme ce qu’elle est : une source de plaisir qui regroupe une très grande variété de pratiques, parmi lesquelles la pénétration n’a pas à être mise sur un piédestal !
C’est normal de ne pas avoir d’orgasme à chaque fois
De l’autre côté de la course au plaisir, j’ai fini par ressentir parfois une pression à jouir. Elle pouvait être exercée par mon partenaire du moment, qui prenait comme un défi le fait de m’amener à l’orgasme, ou de façon plus diffuse par la société en général : les témoignages de sexe torride, les conseils de la presse féminine ou encore les pornos dans lesquels les actrices feignent l’extase dès qu’on leur effleure un téton !
En grandissant, j’ai compris que l’orgasme, c’est très chouette, mais ce n’est pas la condition sine qua none d’un rapport sexuel réussi : on peut prendre beaucoup de plaisir, et finalement ne pas jouir, ça ne veut pas dire qu’on a raté quelque chose ou qu’on reste sur notre faim.
Et cela est valable pour les femmes comme pour les hommes : contrairement aux idées reçues sur le plaisir masculin, la jouissance n’est pas si mécanique que ça ! Une période stressante, une fatigue passagère, une pensée parasite, une crampe ou une envie pressante, autant de raisons qui peuvent expliquer qu’on ne jouit pas, et que ce n’est pas la fin du monde.
Surtout que selon mon expérience, la meilleure façon de ne pas atteindre l’orgasme, c’est… de me mettre, ou qu’on me mette la pression pour que je l’atteigne. Depuis que je me suis détendue le slip à ce sujet, ça va beaucoup mieux !
Ce n’est pas normal que j’aie AUTANT envie de faire pipi
Les habituées et habitués de cette malédiction sauront de quoi je parle. De cette saloperie que l’on appelle cystite, une infection urinaire courante mais qui peut devenir infernale à vivre !
J’ai eu ma première cystite sans en avoir jamais entendu parler, et j’ai passé plusieurs jours à me lamenter en allant aux toilettes toutes les trois secondes sans comprendre pourquoi j’avais l’impression de pisser des lames de rasoir. Quel plaisir.
Fort heureusement, une petite visite à la pharmacie a suffi pour que l’infection soit endiguée et que tout se remette en ordre. La pharmacienne m’a conseillé de chercher sur Internet quelques astuces simples pour limiter les risques d’infection urinaire, dont ce qui est devenu mon mantra :
Si pénétration il y a, aux toilettes tu fonceras.
Faire pipi après le sexe permet en effet d’éliminer les microbes et bactéries qui ont pu être transportés dans l’urètre par la pénétration, et risquent de provoquer des infections urinaires s’ils atteignent la vessie ! Certes, ce n’est pas très glamour de filer aux WC alors que j’ai juste envie de savourer le plaisir sur l’oreiller, mais vous savez quoi ? Je n’ai plus jamais eu de cystite depuis. Le jeu en vaut clairement la chandelle.
Ce ne sont que quelques-unes des choses que j’aurais aimé savoir plus tôt au sujet de la sexualité, et que j’aurais pu savoir si j’avais eu accès à un bouquin aussi complet qu’Amour, sexe, les réponses aux questions des ados, d’ores et déjà disponible dans toutes les bonnes librairies !
madmoizelle.com
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