L’audience dans le cadre du procès Khalifa Sall a repris hier. Après le rejet par le juge Lamotte des exceptions de nullité soulevées par la défense la semaine dernière, c’est hier que le tribunal est entré dans le fond du dossier de la Caisse d’avance de la mairie de Dakar. Plusieurs témoins ont été entendus par la Cour. Mais, ces derniers, qui étaient supposés être à décharge, n’ont pas totalement lavé l’édile de la capitale de tout soupçon. Ce, même si jusque-là, rien n’indique qu’il est directement impliqué dans le présumé détournement de fonds qui leur vaut leur détention.
En effet, le Directeur administratif et financier (Daf) de la ville de Dakar, Mbaye Touré, co-prévenu de Khalifa Sall n’a pas cherché à nier les faits à eux reprochés. « Annuellement, il y a 350 millions qui sont alloués aux fonds politiques sur les 55 à 60 milliards du budget annuel de la ville de Dakar. La caisse d’avance, ici, est un support. Ces factures sont un procédé pour pouvoir mettre à la disposition du maire des fonds », a-t-il indiqué à la Cour avant d’ajouter : « Comme tous les autres, nous avons toujours considéré ces moyens-là comme des fonds politiques. Cette caisse d’avance a reçu l’avis conforme du percepteur qui est un agent de l’Etat. C’est ce qui explique mon comportement. Depuis 1994, il y a plus de 8 percepteurs qui sont passés à la ville de Dakar. D’ailleurs, j’ai envie de dire qu’Ibrahima Touré, à son installation comme percepteur municipal, avait refusé d’alimenter la caisse d’avance parce qu’il avait dit que ces justifications n’étaient pas conformes. Ce sont ses supérieurs hiérarchiques qui lui ont donné l’autorisation de le faire. Je le dis à son corps défendant. Au bout de 5 ans, ce sont les mêmes factures qui sont venues. Pendant 10 ans, ce sont les mêmes factures et les mêmes types de dépenses qui sont faites. Quand j’ai vu ce mécanisme de fonctionnement, j’ai compris que ces ressources ne sont rien d’autre que des fonds politiques ».
Au tour de Fatou Traoré, gérante du GIE Tabar, d’être entendue devant la barre. A l’en croire, c’est le comptable de la Mairie de Dakar, Yaya Bodian, qui lui a demandé de lui prêter les papiers à « en-tête » de leur GIE « C’est le GIE de notre famille. C’était pour lui permettre de justifier les dépenses de la caisse d’avance de la ville de Dakar. Je les (les papiers « en-tête » du Gie) lui ai prêtés », a-t-elle dit. C’est donc avec cet « en-tête », que M. Bodian établissait les factures pour justifier les dépenses de la municipalité. « C’étaient des factures de riz et de mil pour 14.995. 000 F Cfa destinés aux démunis. C’est le comptable Yaya Bodian qui faisait la facture. Moi, j’y apposais le cachet du GIE et je signais en qualité de trésorière du Gie. Mais, ma famille n’était pas au courant », a-t-elle expliqué.
Quant à Yaya Bodian, il a confirmé les dires de Mme Traoré. « C’était juste pour la forme. Il n’y avait pas de livraison de produit. Elle a accepté et chaque mois, elle me signait des factures tout en sachant que ce n’était pas des produits qui seront livrés, mais que c’était pour justifier les dépenses ». D’ailleurs, le GIE n’était même pas payé. « C’est un mécanisme qui a été proposé par un percepteur. Il nous avait dit que l’on savait tous que ce sont des fonds politiques et nous a suggérés de verser des factures pour couvrir ces décaissements. Il lui fallait ces factures pour justifier ces décaissements puisque le support de ces dépenses était une caisse d’avance », a-t-il dit indiquant que la Caisse d’avance a toujours été gérée de cette façon par leurs prédécesseurs.
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