Pikine – Salimata Diaw : « Sama Woudj Bi Dafa Moy, Dama Ko Beugone Raye, Biss Biko Sama Dieukeur Takké… »

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C’était certainement une situation sans issue pour la dame S. Diaw qui, après quatre années de mariage, n’a pas encore connu le bonheur de cajoler un bébé. Lorsque son époux a décidé de lui trouver une coépouse habitant dans la même rue, elle n’a pas supporté. La veille de l’arrivée de sa coépouse dans le domicile conjugal, elle a disjoncté, en la poursuivant dans la rue pour lui administrer dix coups de coupe-coupe. Sa coépouse admise aux Urgences à l’hôpital de Pikine, S. Diaw a été arrêtée par la police de Thiaroye, puis déférée au parquet vendredi dernier.

Medina 4. Ce quartier sis dans la commune de Djeddah-Thiaroye Kao, a été le théâtre d’une véritable boucherie que les populations, encore sous le choc, peinent à oublier. Dans la rue, les cris de détresse de Oumy Diop, une dame de 35 ans, battue à coups de coupe-coupe par sa coépouse S. Diaw, raisonnent encore. «J’étais encore sous la douche au moment des faits. Quand la dame a hurlé plusieurs fois, j’ai vite compris qu’il y avait danger et je suis sorti avec juste une culotte», explique Michel Diatta, l’un des tout-premiers habitants à arriver sur les lieux. C’était le mardi 30 octobre 2018. Dans la matinée.

Il était 08H45 minutes, lorsque Oumy Diop sort de sa maison familiale pour aller acheter le petit-déjeuner de son pater. Âgée de 35 ans, Oumy Diop s’est mariée, il y a un mois. Son époux qui habite la même rue, y vit également avec sa 1ère épouse, S. Diaw, qui, après quatre années de mariage, n’a toujours pas enfanté. Une situation difficile pour S. Diaw qui craint de voir son époux s’éloigner d’elle lorsqu’il va convoler en secondes noces avec Oumy Diop. Ainsi, après avoir tenté vainement d’en dissuader son époux, elle décide de s’attaquer à sa coépouse lorsque le mariage a été célébré à la mosquée en présence des notables du quartier. «Elle m’a pourri la vie, je vais, par tous les moyens, empêcher mon époux de consommer son mariage avec Oumy Diop.»

Des menaces qu’elle mettra une première fois à exécution en tentant d’assommer sa seconde épouse avec le battant d’une armoire qu’elle avait arraché pour s’attaquer à Oumy Diop. Dans le quartier, après ce premier incident, une rencontre est vite convoquée et S. Diaw, sermonnée par les notables, présente ses excuses et confie à tout le monde qu’elle ne va plus recommencer. Hélas, c’était méconnaître la douleur qu’a cette femme de voir son époux, après plusieurs années de mariage, la préférer à une autre dame, de surcroît habitant le même quartier. Elle renie son engagement de s’assagir. Dans la rue, elle hurle de colère, maugrée et lance des injures à chaque fois qu’elle croise le chemin de sa coépouse.

Le coupe-coupe : «Lorsque son époux lui a offert 50 000 francs pour la consoler. Elle utilise une partie de l’argent pour acheter un coupe-coupe»

Le mariage célébré à la mosquée, son époux, pour la consoler, offre alors cinquante mille francs à S. Diaw. A l’insu de tout le monde, malgré les remontrances de sa famille, S. Diaw utilise une partie de l’argent offert par son époux en guise de «Takou Deune» pour se payer un coupe-coupe tout neuf qu’elle va dissimuler dans un coin de sa chambre. Lorsqu’enfin la date du jeudi 1er novembre a été retenue pour conduire Oumy Diop au domicile conjugal où elle rejoindra son époux et sa coépouse S. Diaw, cette dernière mijote son plan et décide de passer à l’acte. C’était le mardi 30 octobre.

De sa fenêtre, elle guette le passage de Oumy Diop qui, tous les matins, se rend auprès d’une gargote établie au coin de la rue, pour acheter à son père le petit-déjeuner. Cela, S. Diaw ne l’ignore pas. Aussi, cette matinée du mardi, dans sa chambre, postée à la fenêtre, le coupe-coupe tout neuf à la main, elle attend sagement. Et lorsqu’enfin elle voit Oumy Diop se diriger vers la gargote, elle quitte sa chambre sur la pointe des pieds, la rejoint dans la rue et l’aperçoit le dos tourné discutant avec la gérante de la gargote.

Dans la rue, jusque quelques passants, dont des fidèles revenant du Magal de Touba. Personne ne fait attention à cette dame qui subitement presse le pas, un coupe-coupe à la main. Et lorsqu’elle arrive à hauteur de sa coépouse, S. Diaw n’hésite pas. Sa main ne tremble pas. Juste quelques mots, puis elle abat le coupe-coupe sur sa coépouse : «Salope. Je t’avais dit que je t’aurai.» Lorsque Oumy Diop comprend, il est déjà trop tard. S. Diaw lui a déjà porté un coup de coupe-coupe dans le dos, puis un autre à hauteur de l’abdomen. Lorsqu’elle lève les mains pour se protéger un autre coup atterrit lui tranchant presque le poignet. Oumy Diop tente de s’enfuir, mais elle titube, bute sur un monticule de sable et tombe. Une aubaine pour sa coépouse S. Diaw qui s’acharne sur elle, visant la tête, les dents serrées.

Lorsqu’elle tente de se relever, un coup de coupe-coupe atterrit sur le mollet et l’envoie encore à terre. La gargotière qui a tenté de s’interposer, reçoit un coup et n’attend pas la suite. Elle se lance dans un sprint et quitte les lieux. Restée seule avec Oumy Diop, S. Diaw assène encore et encore des coups. Elle frappe aveuglément avec son coupe-coupe. Les cris de douleurs de Oumy Diop qui la supplie d’arrêter, semblent plutôt la doper. Plus elle crie, plus le coupe-coupe s’abat encore sur Oumy Diop. Le supplice dure plusieurs minutes avant qu’un habitant du quartier, alerté par les hurlements de douleur, n’arrive sur les lieux. «C’était atroce, la dame a souffert», explique Michel Diatta, le premier à arriver sur les lieux où il est rejoint par un passant.

A deux, lorsqu’ils se précipitent sur S. Diaw pour lui arracher l’arme blanche, l’un d’eux reçoit un coup de coupe-coupe. «Laissez-moi la tuer», hurle S. Diaw, selon un témoin. Les deux individus réussissent tout de même à la basculer au sol pour lui arracher le coupe-coupe, pendant que Oumy Diop, à terre, baignant dans son sang, perd connaissance, le bras cassé, le poignet presque arraché et la tête fracassée. L’image révolte la foule qui a fini par se former sur les lieux. En colère, des jeunes crient au lynchage. Des notables s’interposent pendant que de gros bras réussissent à extirper S. Diaw pour la conduire à la police de Thiaroye. Au même moment, les secours s’organisent et acheminent Oumy Diop à l’hôpital où elle est admise aux Urgences après qu’un élément des sapeurs-pompiers, tombé sur la scène, a réussi à lui poser des garrots sur différentes parties de son corps pour arrêter l’hémorragie.

S. Diaw : «Je l’ai ratée. Je voulais juste qu’elle meure»

Aux gens qui ont réussi à l’extirper pour la livrer à la police, S. Diaw confie : «Je n’ai pas eu ce que je voulais. Mon seul souhait, c’était de la tuer.» A son arrivée à la police, S. Diaw a tenté de justifier son acte : «Oumy Diop sortait avec mon époux. Je ne pouvais pas supporter cela. Dans la rue, elle tenait toujours des paroles offensantes à mon endroit. Lorsqu’ils se sont mariés, je ne pouvais supporter cela, je l’ai attendue dans la rue quand j’ai appris qu’elle allait incessamment me rejoindre dans le domicile conjugal…»

Sortie du coma, Oumy Diop a été admise au service de la Chirurgie au centre hospitalier national de Pikine (Chnp).

El.H. ALASSANE HANNE

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