Le mariage de cette fille de 13 ans choque la Guinée (Photos)

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Ces derniers jours, de nombreux internautes guinéens ont crié au scandale en découvrant sur Facebook les photos d’un mariage entre un jeune homme âgé d’au moins 23 ans et d’une adolescente de 13 ans. Publiées par le “mari” sur son profil, elles ont été transmises à des associations de protection de l’enfance et des femmes, qui ont obtenu l’arrestation du mari. Entre temps, le jeune homme a annoncé que le mariage avait été annulé. L’adolescente a quant à elle été recueillie par les services sociaux.

Le 28 février dernier, un mariage religieux entre Mamadou Samba Barry, âgé de 23 à 33 ans selon les sources et Fatoumata D., 13 ans, était célébré en public dans le village de Dara-Labé, dans la préfecture de Mali (nord), en Guinée. Mamadou Samba Barry a d’abord publié des photos de lui et de l’enfant sur sa page Facebook personnelle le 18 février pour annoncer leur union puis, le 1er mars, pour faire savoir que le mariage avait eu lieu la veille.

La rédaction des Observateurs de France 24 a choisi de préserver l’anonymat de l’adolescente en ne mentionnant que son prénom et en floutant son visage.

Le marié ayant laissé ses publications ouvertes à tous, ces images n’ont pas tardé à circuler sur les réseaux sociaux. Quelques internautes, visiblement des amis ou membres de sa famille, l’ont félicité.

Mais, dans la grande majorité, la publication a suscité des réactions indignées. Des dizaines de personnes jugent ainsi cette union immorale et rappellent qu’elle est également illégale.

En effet, la loi guinéenne interdit le mariage aux personnes de moins de 18 ans. Par ailleurs, le code pénal prévoit une peine d’emprisonnement de deux à cinq ans de prison pour quiconque “lorsqu’il s’agit de la consommation d’un mariage célébré selon la coutume, aura accompli ou tenté d’accomplir l’acte sexuel sur la personne d’un enfant au-dessous de treize ans accomplis”.

Ces textes encadrent les mariages civils célébrés en mairie, qui sont les seuls à être reconnus par l’État. De nombreux mariages sont non-officiels en Guinée, qu’ils soient traditionnels ou religieux.

“Nous avons alerté les autorités pour qu’une enquête soit lancée”Hadja Idrissa Bah, 19 ans, préside le Club des jeunes filles leaders de Guinée. Cette association combat notamment les mariages précoces, mais aussi l’excision, les mariages forcés et l’ensemble des violences à l’encontre des femmes.

Entourée de son équipe de volontaires, Hadja Idrissa Bah a enquêté sur ce cas, selon elle loin d’être exceptionnel.

LE MARIAGE S’EST DÉROULÉ DANS LA MOSQUÉE DU VILLAGE, EN PUBLIC, LE 28 FÉVRIER. APRÈS AVOIR PRIS CONNAISSANCE DE CES IMAGES SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX, NOUS AVONS ALERTÉ LES AUTORITÉS POUR QU’UNE ENQUÊTE SOIT LANCÉE ET QUE LES RESPONSABLES ET COMPLICES SOIENT ARRÊTÉS.

Dans la nuit du 4 au 5 mars, Mamadou Samba Barry a réagi aux critiques sur sa page Facebook et a annoncé que le mariage avait été annulé. Une information que les autorités préfectorales contactées par la rédaction des Observateurs de France 24 n’ont pas été en mesure de confirmer.

Le mari arrêté

LA POLICE A ARRÊTÉ MAMADOU SAMBA BARRY CE MARDI 5 MARS, ET LA FILLE EST ACTUELLEMENT PRISE EN CHARGE ET HÉBERGÉE PAR LA DIRECTRICE PRÉFECTORALE DE L’ACTION SOCIALE POUR LA FEMME ET LES ENFANTS. ELLE A ÉTÉ EMMENÉE À L’HÔPITAL POUR EFFECTUER DES EXAMENS, VÉRIFIER QU’ELLE VA BIEN ET QU’ELLE N’A PAS SUBI DE VIOL.

DES ENQUÊTES ONT ÉTÉ LANCÉES ET SONT TOUJOURS EN COURS MAIS L’ADOLESCENTE A INDIQUÉ QUE LE MARIAGE AVAIT EU LIEU PARCE QUE LES PARENTS DU GARÇON ÉTAIENT TRÈS VIEUX, SUR LE POINT DE MOURIR, ET DÉSIRAIENT VOIR LEUR FILS CADET SE MARIER AVANT LEUR DÉPART. ELLE A PRÉCISÉ QU’ELLE N’A PAS ÉTÉ FORCÉE ET QU’ELLE AVAIT PERÇU CE MARIAGE COMME QUELQUE CHOSE DE NORMAL.

Une pratique illégale mais courante

C’EST UNE PRATIQUE TRÈS FRÉQUENTE EN GUINÉE, NOTAMMENT À L’INTÉRIEUR DU PAYS, OÙ DE NOMBREUSES FAMILLES ESTIMENT QUE, QUAND UNE FILLE ATTEINT LA PUBERTÉ, ELLE DOIT SE MARIER. ILS SE JUSTIFIENT EN DISANT QU’ILS SE PRÉSERVENT AINSI DES GROSSESSES HORS MARIAGE, JUGÉES IMMORALES.

NOUS ESPÉRONS QU’ELLE POURRA RÉINTÉGRER SA FAMILLE ET POURSUIVRE SA SCOLARITÉ. NOUS AVONS BON ESPOIR EN CE SENS PUISQUE CE N’EST PAS ELLE QUI A DÉNONCÉ LES FAITS, ELLE NE SERA DONC PAS CONSIDÉRÉE COMME “FAUTIVE”, A PRIORI. CEPENDANT, CERTAINES IDÉOLOGIES CONSERVATRICES ENTRAÎNENT DES FAMILLES À REJETER LEURS FILLES DANS DES SITUATIONS SEMBLABLES, PARCE QU’ELLES ONT “DÉJÀ ÉTÉ MARIÉES” ET SONT DONC JUGÉES “IMPURES”.

Une enquête en cours

Contacté par la rédaction des Observateurs de France 24, le préfet de Mali, Elhadj Harouna Souaré a confirmé les éléments factuels avancés par Hadja Idrissa Bah.

LES PARENTS DES DEUX PARTIES ET LES RELIGIEUX AYANT CÉLÉBRÉ LE MARIAGE SONT ACTUELLEMENT INTERROGÉS DANS LES LOCAUX DE LA POLICE DANS LA VILLE DE MALI, UNE ENQUÊTE EST EN COURS. IL N’Y A PAS EU DE MARIAGE CIVIL, SEULEMENT UN MARIAGE RELIGIEUX. TOUTES LES INSTITUTIONS COMPÉTENTES SONT SUR LE COUP, NOTAMMENT L’OPROGEM (L’OFFICE DE PROTECTION DU GENRE, DE L’ENFANCE ET DES MŒURS), LA POLICE, LA JUSTICE ET LE COMITÉ PRÉFECTORAL DE LA PROTECTION DE L’ENFANCE.

En Guinée, malgré la loi interdisant le mariage de mineurs, 54,6 % des filles sont mariées avant 17 ans, dont 22,8% avant d’avoir atteint l’âge de 15 ans, selon des données du ministère des Affaires sociales.
Déscolarisation, problèmes de santé et retards de développement
Le mariage précoce est dénoncé par de nombreux États et organisations internationales et locales, comme le Club des jeunes filles leaders de Guinée. Hadja Idrissa Bah explique que les conséquences sont lourdes pour les jeunes filles et la société tout entière :

POUR UNE FILLE, ÊTRE MARIÉE SI JEUNE ÇA VEUT DIRE ÊTRE DÉSCOLARISÉE TRÈS TÔT, EN GÉNÉRAL QUAND SURVIENT LA PREMIÈRE GROSSESSE. ELLE DOIT ENSUITE RESTER À LA MAISON POUR S’OCCUPER DES TÂCHES MÉNAGÈRES ET DES ENFANTS. ELLE RISQUE AUSSI D’AVOIR DE GRAVES PROBLÈMES DE SANTÉ AVEC UNE GROSSESSE CONTRACTÉE TRÈS JEUNE, ET CELA PEUT AVOIR DES CONSÉQUENCES SUR L’ENFANT ÉGALEMENT [LES CAS DE FISTULES, DE MORTINAISSANCES ET DE DÉCÈS NÉONATALS SONT PLUS FRÉQUENTS CHEZ LES MÈRES DE MOINS DE 20 ANS, NDLR].

LES CONSÉQUENCES NE CONCERNENT D’AILLEURS PAS SEULEMENT LA FEMME, MAIS LA SOCIÉTÉ TOUT ENTIÈRE : QUAND LES FILLES ABANDONNENT L’ÉCOLE, ELLES NE SONT PAS INDÉPENDANTES FINANCIÈREMENT ET NE PEUVENT PAS METTRE LEUR INTELLIGENCE ET LEUR SAVOIR-FAIRE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT. EN ASSIGNANT LES FILLES À CE RÔLE, ON SE PRIVE DU POTENTIEL DE LA MOITIÉ DE LA POPULATION.

 

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