comment Lucien Favre a épuisé son crédit

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Loser magnifique. Voilà l’étiquette qui colle à la peau de Lucien Favre. Reconnu pour sa faculté à faire bien jouer ses équipes, comme du temps où il officiait du côté de l’OGC Nice, et de faire progresser la plupart de ses joueurs (il avait aussi eu sous ses ordres Marco Reus, Marc-André ter Stegen ou Thorgan Hazard au Borussia Mönchengladbach), le Suisse ne parvient pas à concrétiser en décrochant des titres. La saison passée, après avoir séduit pendant des mois et compté jusqu’à sept points d’avance sur le Bayern Munich, le technicien du Borussia Dortmund a terriblement déçu dans le money time.

Le revers du 26 avril 2019, sur la pelouse de l’Allianz Arena (5-0, 28e journée de Bundesliga), sorte de finale du championnat, reste encore dans tous les esprits. Un rendez-vous manqué. Un de plus. En l’espace de quelques mois, l’Helvète, qui avait été adulé, a perdu énormément de crédit, et ce, même si sa direction l’avait confirmé dans ses fonctions en juin dernier, en prolongeant son bail jusqu’en juin 2021. Malgré quelques coups d’éclat, le BVB version 2019/20, adversaire du Paris SG en 8e de finale de Ligue des Champions, affiche toujours la même irrégularité.

Capable du meilleur comme du pire, l’expérimenté entraîneur se range encore et toujours derrière les sautes de concentration de ses éléments. Au cours d’une récente interview accordée au dernier So Foot, l’intéressé semblait encore minimiser ses responsabilités dans les prestations en dents de scie des Marsupiaux. « Après, oui, on a fait des erreurs individuelles tellement bêtes qu’elles sont impossibles à corriger. Un joueur qui ne voit pas un attaquant dans son dos, des pertes de balles dans des zones où c’est impossible de le perdre… », a-t-il expliqué avant d’insister. « Des fautes tactiques incroyables, mais impossibles à vraiment corriger à l’entraînement ».

Des doutes et des manques…

De là à dire que sa marge de manœuvre est réduite, il n’y a qu’un pas. Et pourtant, le natif de Saint-Barthélemy a un temps essayé de secouer le cocotier. Trop peut-être. Pas toujours de la bonne façon sans doute. Ces derniers mois, il a ainsi tenté de faire jouer ses hommes en 4-3-3, 4-1-4-1, 3-4-2-1, 4-2-3-1 et finalement en 3-4-3. Des tâtonnements coupables pour certains analystes, à l’image d’un article de Bild au cœur de l’automne. « Alors que les grands entraîneurs veulent gagner chaque match, le fanatique tactique Favre donne l’impression qu’il ne veut tout simplement pas perdre. Favre est de plus en plus prisonnier de lui-même, semble de plus en plus paralysé ». Pire, « son crédit est déjà épuisé » pour Kicker.

Un constat que nous confirme Tobias Feldhoff, notre confrère allemand de Fussball Transfers. « Être bon tactiquement et faire progresser les joueurs ne suffit pas à faire un grand coach. Il semble manquer de personnalité et ne parvient ni à motiver son équipe ni à donner au joueur une conscience individuelle. Il ne semble pas construire de relation personnelle avec les joueurs. Tout va bien tant que l’équipe joue bien. Mais quand tu traverses une période de doute ou une crise, tu as parfois besoin de plus qu’une solution tactique. C’est une vraie bonne équipe, avec des joueurs de classe. Mais ces derniers ne sont pas solides mentalement », nous a-t-il expliqué. Une pierre dans le jardin du Suisse selon lui.

« Alors tout peut basculer d’une semaine sur l’autre, ça, c’est aussi le rôle de l’entraîneur. Contre le Werder Brême en Coupe par exemple, ils ont vraiment très mal joué en première période. Le Werder a été beaucoup plus fort et a gagné le match, alors qu’il n’est que 17e en championnat », nous a-t-il conté. Emre Can, récemment arrivé dans la Ruhr, s’est rapidement rendu compte des manques de sa nouvelle équipe. « On doit apprendre à jouer sale », confiait l’international allemand au sortir de la défaite face au Bayer Leverkusen (4-3, 21e journée). Sport 1 laissait aussi récemment entendre que le travail tactique voulu et imposé par le technicien commençait à agacer le vestiaire. Le BVB ne tient qu’à un fil. L’avenir de Lucien Favre aussi.

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