Viol suivi de grossesse. C’est la charge qui pèse sur S. A. Sène, 65 ans. Sa victime n’est autre que sa fille adoptive, D. Diop, âgée de 14 ans. L’audience, qui s’est tenue hier au Palais de Justice de Dakar, est renvoyée au mercredi 23 août prochain.
La plaidoirie des avocats constitués pour la défense de S. A. Sène n’a apparemment pas convaincu, hier, les juges du tribunal régional de Dakar, qui ont à cet effet mis l’affaire en délibéré au mercredi prochain. L’absence de la partie civile n’a pas dédouané le prévenu d’un jugement à la hauteur du délit commis et dont il a réfuté, bec et ongles, être l’auteur. S. A. Sène est l’époux de la mère de la victime ; mais, pas son père biologique. Entre la collégienne et son père adoptif, l’écart d’âge est saisissant : un demi-siècle. Les relations érotiques entre les deux auraient eu lieu depuis belle lurette, et ce, à l’insu de tous.
D. Sonko, épouse de S. A Sène et mère de D. Diop, a pour habitude de voyager. Son dernier périple effectué à Mbirkilane, trois jours d’affilée, pour des raisons professionnelles, a été fatal à sa fille. Elle est matrone de métier. C’est durant son absence, selon la fille, que son ‘‘père’’ aurait abusé d’elle. ‘‘Pendant tout le séjour de ma mère à Mbirkilane, il a couché avec moi, malgré mon refus de me livrer à lui’’, note-t-on dans le procès-verbal de l’enquête préliminaire menée par la Police. Le modus operandi du vieux consistait à intimer à sa ‘‘fille’’ l’ordre de le rejoindre, chaque soir, dans sa chambre. D. Diop s’est toujours pliée, contre son gré, à cette injonction.
Le premier jour, la jeune fille croyait qu’une fois dans la chambre, elle allait dormir à même le sol. Mais, le vieillard lui a enjoint de venir sur le lit conjugal, sous la moustiquaire. Pendant le voyage de sa mère, elle a été contrainte de quitter, a-t-elle soutenu, la chambre habituelle où elle avait toujours passé la nuit avec ses frères pour répondre à ‘‘l’invitation’’ de son père adoptif. Des déclarations que le prévenu a formellement niées en parlant ‘‘de conspiration et d’acharnement’’ de la part de sa belle-famille. ‘‘J’ai eu des antécédents avec ma belle-famille qui ne souhaitait pas mon mariage avec leur fille. Elle a tout fait pour casser notre union’’, a-t-il expliqué. Drapé d’un boubou qui flottait à chacun de ses mouvements, le sexagénaire, barbu jusqu’à la poitrine, a clamé son innocence en parlant de cabale.
‘‘Même si D. Diop est tombée enceinte, je ne serai pas le père de l’enfant qui naîtra’’
La tante de la victime, ayant constaté un changement morphologique chez son homonyme, l’a convoquée pour essayer d’en connaître les raisons. D’après son témoignage, D. Diop se plaignait souvent de douleurs à la poitrine et au bas-ventre. C’est à la suite de cette discussion que la fille a relaté à sa tante son calvaire. La dame l’a conduite à l’hôpital. Le médecin a fait état d’une conjonction sexuelle et d’une grossesse de trois mois. Informée de la situation et de l’auteur du scandale, la mère a refusé d’y croire, en prenant la défense de son mari. Alors, sur l’initiative du père biologique de la victime, la tante a porté plainte auprès du parquet de Dakar. S. A Sène a écarté, dans sa comparution, toute hypothèse de reconnaissance de l’enfant à sa naissance.
Durant toute la procédure, la fille n’a eu de cesse de citer le nom de ce dernier comme étant la seule personne avec qui elle a eu des rapports sexuels. Les avocats de la défense ont soutenu que le prévenu ne peut encourir aucun risque et qu’on ne pourrait l’incriminer, dans la mesure où, personne n’a jamais vu S. A. Sène coucher avec ‘‘la présumée victime’’. Dans sa toge flottante, l’un d’eux, Me Iba Mar Diop, a qualifié les accusations de la fille de ‘‘déclarations fantaisistes’’ et demandé la relaxe de leur client au bénéfice du doute et pour ‘‘absence flagrante de preuves’’. ‘‘Les filles devenant peu à peu adolescentes échappent à la vigilance de leurs parents’’, se convainc l’avocat. Dans son développement oral, le Procureur a considéré ‘‘coupable’’ S. A. Sène et requis 10 ans d’emprisonnement. Le procès est reporté au 23 août pour les besoins d’un test ADN qui va déterminer éventuellement, si l’enfant a des liens avec le mis en cause.
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