Au-delà de la qualité de ses joueurs et de l’apport de ses supporters, l’équipe nationale du Sénégal a toujours fait appel à une troisième force pour tenter de gagner ses matches : les pratiques mystiques. Présent dans la société sénégalaise, le mystique (magie noire pour les uns, maraboutage pour les autres) ou ‘’xons’’ en wolof, a toujours (discrètement) accompagné la sélection sénégalaise. A travers le temps et les compétitions, les anecdotes foisonnent, mais pas les preuves pour démontrer l’efficacité de cette force mystérieuse des Lions.
Le Sénégal a souvent fait appel à des pratiques mystiques pour tenter de gagner des matches
Tout aurait commencé le 1er septembre 1985. Ce jour-là, le Sénégal reçoit le Zimbabwe en match retour qualificatif pour la CAN 1986 en Egypte. Cela fait 17 ans que les Lions courent après une qualification à la Coupe d’Afrique et l’Etat a mis les moyens pour que l’équipe, battue 1-0 à l’aller, se qualifie. Tout ! Y compris la préparation mystique.
«C’est le marabout personnel d’un ministre qui s’était occupé du volet mystique, renseigne ce vieux reporter sénégalais, aujourd’hui à la retraite, qui a longtemps travaillé à la Radio Télévision du Sénégal (RTS). La principale exigence du marabout était que les Lions, qui évoluaient toujours avec des maillots vert, jaune ou rouge- les couleurs du drapeau national– jouent absolument en blanc cette fois ».
La surprise est donc totale pour les 15 000 supporters présents au Stade Demba-Diop qui n’avaient jamais vu leurs joueurs du Sénégal en blanc. Elle est plus encore pour les Zimbabwéens écrasés 3-0 grâce à un triplé de Jules Bocandé. Le Sénégal retrouve la CAN, et les Lions adoptent définitivement le maillot blanc comme tenue officielle.
Depuis, les pratiques mystiques, sources de croyances à l’intérieur de la sélection, et de fantasmes à l’extérieur, font partie du décor et de l’histoire de l’équipe du Sénégal. Aucune victoire ou défaite importante ne peut être analysée sans faire appel au mystique chez les supporters, mais aussi chez les techniciens. Et même parfois chez les journalistes.
En 2002, lors de la Coupe du monde au Japon et en Corée, la victoire 1-0 des Lions sur les Coqs français n’a pas été qu’une affaire technico-tactique pour beaucoup d’observateurs. « Zidane, nous l’avions neutralisé. Le marabout n’a utilisé qu’un fil blanc et une allumette», affirme Pape, membre du staff national de 2001 à 2010, pour expliquer la blessure à la cuisse du numéro 10 des Bleus, cinq jours avant le match d’ouverture. «Si nous l’avons ‘’neutralisé’’ contre nous, pourquoi on ne l’a pas ‘’libéré’’ pour le match suivant France-Uruguay ? , se demande ce défenseur des Lions qui a fait partie de l’aventure de 2002.
Ce joueur passé par des clubs français, garde l’anonymat, mais ne croit pas à cette version de la blessure de Zidane. Pour autant, il avoue l’existence des pratiques mystiques en sélection du Sénégal. «C’est sûr qu’en 2002, la plus forte délégation après les joueurs, c’étaient les marabouts. Mais nos performances, on ne les doit qu’à nous-mêmes. Tout ce qui est mystique est là pour donner de la confiance aux joueurs. Ceux qui y croient…»
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