Poursuivie pour infanticide, la mère divorcée, Aïssata Ba risque 20 ans de travaux de travaux forcés, si toutefois le juge de la chambre criminelle de Dakar où elle a comparu ce mardi, suit le réquisitoire du Ministère public contre elle.
Après un mariage sanctionné par la naissance de deux enfants, la jeune maman, Aïssata Ba, domiciliée à la Médina a contracté une grossesse, fruit de ses relations avec son amant, un certain Barry. De peur de subir les représailles de sa famille ou d’être la risée dans son quartier, Aïssata Ba va dissimuler sa grossesse non désirée. Mais, c’était compter sans l’une de ses voisines qui était au courant de sa gestation.
C’est ainsi que la mère divorcée va accoucher sans assistance dans la nuit du 22 au 23 septembre 2012, dans la chambre de sa mère partie en Guinée, avant de jeter son bébé tôt le matin dans la benne à ordures. Mais à sa grande surprise, Aïssata Ba va recevoir dans les minutes qui suivent son ignoble acte, la visite des limiers du commissariat de la Médina, suite à la dénonciation de sa voisine qui la suivait de près.
Devant les enquêteurs, Aïssata Ba, âgée au moment des faits de 21 ans, soutient que sa grossesse était arrivée à terme. Mais, elle a donné naissance à un mort-né. Raison pour laquelle, affirme-t-elle, elle l’a enveloppé dans un drap avant de le mettre dans la poubelle. « Lorsque la benne à ordures est arrivée, je l’ai jeté. Parce que j’avais peur de la réaction des membres ma famille, suite à ma grossesse. Même mon amant n’était pas au courant. Je suis divorcée depuis quatre ans, et je suis mère de deux enfants. Je n’ai même pas eu à effectuer de visites prénatales », a-t-elle déclaré sans convaincre de sa bonne foi.
Incriminée pour infanticide, la jeune mère divorcée qui a passé cinq ans derrière les barreaux, loin des siens, avant de comparaître ce mardi à la barre de la Chambre criminelle de Dakar, défend toujours que son bébé était mort-né. Mieux, elle déclare comme devant le magistrat instructeur que sa grossesse n’était pas arrivée à terme au moment de son accouchement. Car, allègue-t-elle, elle n’a duré que six mois.
Des propos qui n’ont nullement convaincu le représentant du Ministère public, qui a sollicité 20 ans de travaux à l’encontre de l’accusée. Selon le parquetier, même s’il n’y a pas un certificat médical qui atteste que le bébé était mort-né ou pas, l’accusée a bien prémédité son acte. « Parce que durant toute sa grossesse, elle n’a effectué ni de visites prénatales ni informé sa famille encore moins son amant. Son seul objectif, c’était de se débarrasser de son bébé. Et, au moment où elle jetait le bébé, elle était loin de penser que sa voisine était au courant de sa grossesse», a-t-il précisé.
Prenant son contre-pied, la défense a plaidé l’acquittement. Selon Me Fatimata Sylla, toute l’accusation est basée sur de simples suppositions. Car, avance-t-elle, depuis l’enquête préliminaire, l’accusée a soutenu qu’elle a donné naissance à un mort-né. «Même sa voisine qui l’a dénoncée, n’a pas entendu une seule fois, un cri du bébé. On n’a pas aussi un certificat de genre de mort dans le dossier qui pourrait nous élucider sur les circonstances de la mort du bébé. Le seul tort de l’accusée, c’est d’avoir caché sa grossesse. Et ça, on peut bien le comprendre, parce qu’on connait bien les réalités sénégalaises »
Au terme des plaidoiries le juge a fixé le délibéré au 6 février prochain.
Kady FATY Léral
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