Franc-maçonnerie, homosexualité, sectes, terrorisme: ces nouveaux débats qui agitent le Sénégal

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Le Sénégal n’est réellement lui-même que sous la conduite éclairée de sa culture religieuse. Depuis longtemps encadrée par l’Islam confrérique cohabitant avec l’Eglise dans la paix, cette société, qui subit les contrecoups de la mondialisation, rejette toute métamorphose, même si des sujets comme la Franc-maçonnerie, l’homosexualité, les sectes, le terrorisme, par le passé considérés comme tabous, animent la gazette.

Le double-tollé suscité par la réunion annulée des Rehfram et la rencontre tenue les 18 et 19 janvier sous l’égide d’une association apparentée à la secte Moon, a fini d’installer le malaise à travers les médias classiques et dans les réseaux sociaux.

Pourtant, ces sujets, de nature à soulever des controverses propres aux théories du complot dignes du Protocole des Sages de Sion, semblaient relever de la banalité puisqu’on en parle depuis dix ans sans preuves pour conforter l’argumentaire.

Prenons le cas de l’homosexualité : c’est un débat qui a vu le jour en février 2008, quand dans le cadre d’une enquête sur un supposé « mariage homosexuel » dans le très discret Petit Mbao, cinq membres présumés de la jaquette flottante avaient été arrêtés et placés en garde en vue. Leur libération intervenue le 6 février de cette année-là avait défrayé la chronique. Tenue à l’instigation du Mouvement pour la réforme et le développement social (Mrds de l’imam Mbaye Niang), une marche contre l’homosexualité et « la dépravation des mœurs » a été réprimée par la police le vendredi 15 février 2008, après la grande prière.

Dès lors, la question noircit les pages des journaux. Elle a induit des soupçons politiques jusqu’au jour où le président Macky Sall, recevant son homologue américain Barack Obama à Dakar, déclare que le Sénégal n’est pas encore prêt pour légaliser l’homosexualité. Malgré ces assurances, la polémique est revenue à la veille du référendum de mars 2016, alimentant le prisme déformant d’une partie de l’opposition.

Pour ce qui est de la Franc-maçonnerie : c’est un débat très vieux qui, depuis la période coloniale, nourri les attaques ad hominem entre politiciens, notamment en temps de campagne électorale où la violence verbale atteint son paroxysme. Certes l’ex-chef d’Etat Me Abdoulaye Wade a avoué être un franc-maçon repenti (?), cependant, une association maçonnique n’a jamais été propulsée en pleine lumière comme ce fut le cas avec la réunion avortée des Rehfram évoquée plus haut. Itou pour les sectes.

Lors du Grand Magal de Touba, en synergie avec le Comité d’organisation, Hizbut-Tarqiyyah a animé une conférence sur le Mouridisme, offrant en modèle la dimension soufie de Cheikh Ahmadou Bamba. Cela, dans un contexte mondial fait de menaces terroristes.

C’est dire que le Sénégal, assis sur un socle religieux très solide, n’est pas encore un terreau fertile pour permettre l’expansion de ces mouvements secrets et, pour la plupart, subversifs.

Par-delà, ces mouvements, même le péril communiste, qui a conquis bien des terres en Afrique avant la fin de la Guerre froide, n’a pu prospérer au Sénégal, où le modèle social résiste à toutes les perversions. Jusqu’à quand ?

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