Affaire Harouna Bâ: 146 vidéos pédopornographiques, des enfants âgés entre 7 et 10 ans en plein ébat sexuel

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Malgré son arrestation et sa conduite au parquet avant-hier lundi, H. Bâ va continuer de hanter la cinquantaine de jeunes filles et de dames tombées dans son piège en lui fournissant des vidéos obscènes contre la promesse de recevoir de fortes sommes d’argent qu’elles ne verront jamais. L’Observateur s’est intéressé au parcours de cet étudiant, à son arrestation et aux témoignages de ses nombreuses victimes.

Élève doué, étudiant intelligent avec comme signe particulier un fort penchant pour l’escroquerie et la roublardise.

Né en 1996, il a effectué tout son cursus en banlieue, notamment entre Malika où il réside et Guédiawaye où il a atterri à l’Espace Numérique Ouvert (Eno) dans le cadre de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs). C’est en 2005, alors qu’il n’était âgé que de 9 ans, que H. Bâ décroche son Cfee qui sanctionne la fin des études dans l’élémentaire. Arrivé dans le cycle moyen, le bonhomme découvre la liberté du jeune collégien, se lâche dans ses études et ne décroche son Bfem en classe de Troisième qu’en 2013. Le Bfem en poche, il traîne à nouveau les pieds et décroche enfin son baccalauréat de la Série L2 en 2019. Il intègre alors l’Uvs de Guédiawaye dans la filière Sciences Juridiques. Des études qui lui ont juste permis de se familiariser avec ses camarades étudiants, d’intégrer des groupes WhatsApp qu’il va utiliser plus tard à des fins … sexuelles, d’extorsions de fonds et de chantage. Il va également taquiner le ballon en jouant au football pour le compte de l’Association Sportive de Malika (As Malika).

Sa collaboration avec Kocc Barma du site Seneporno

En 2019, après avoir décroché le baccalauréat, H. Bâ, âgé, à l’époque, de 23 ans, amorce une lente dérive vers le sexe en s’habituant à «puiser» des vidéos obscènes dans les différents sites de pornographie. Il prend ensuite l’initiative de se rapprocher de Kocc Barma. «Je l’ai contacté moi-même en 2019, pour lui proposer des images et vidéos à caractère pornographique de filles que je rencontrais dans les réseaux sociaux». Puis lorsque Kocc-Barma, l’administrateur du site pornographique Seneporno, lui donne son accord, H. Bâ découvre au fil du temps qu’il pouvait tirer profit de cette collaboration. «Kocc est devenu un proche collaborateur. Cette activité certes illicite est également devenue un gagne-pain pour moi et, en plus d’empocher l’argent que me paie Kocc-Barma, je pouvais me permettre d’entretenir des relations sexuelles avec certaines parmi mes victimes», a reconnu H. Bâ.

Un compte Facebook avec de faux profils de belles dames… et le jeu «action ou vérité»

«Channelle», «Khadija Ndoye», «Sola» : C’est en utilisant ces noms de femmes que l’étudiant H. Bâ crée des comptes Facebook avec de faux profils sous la forme de photos de belles dames. Ce premier pas franchi, il part alors à la collecte de numéros de jeunes filles ayant également des comptes Facebook pour leur lancer une invitation d’ami. Puis lorsque l’invitation est acceptée, il crée un jeu qu’il baptise : «vérité ou action» et la propose aux filles. Au cours du jeu, il s’arrange pour orienter la discussion vers des sujets qui tournent autour de l’argent et surtout de la possibilité d’en gagner beaucoup par le seul fait de répondre à des appels vidéo obscènes d’un transitaire. Les filles, dont la plupart sont des mineures qui ont accepté de participer à ce jeu, étaient loin de se douter que le transitaire et Harouna n’étaient en réalité qu’une seule et même personne. Harouna qui avait installé sur son portable l’application «enregistrer vidéos», enregistre l’appel vidéo.

Au bout de quelques minutes, alors qu’elles s’attendaient à empocher l’argent promis par Harouna Bâ, c’est plutôt leurs vidéos obscènes que les filles reçoivent sur leur téléphone, suivies de menaces de divulguer la vidéo dans les réseaux sociaux, si elles n’acceptent pas de verser de l’argent, à défaut d’honorer un rendez-vous pour coucher avec Harouna Bâ afin que la vidéo soit effacée. Certaines qui ont accepté de coucher avec Harouna Bâ ou de verser de l’argent, ont vu leurs vidéos effacées, d’autres qui ont refusé de s’exécuter ont hélas eu la surprise de leur vie en voyant leurs vidéos obscènes circuler dans les sites pornographiques. Les plus malheureuses ont été celles qui, en plus d’accepter de partager le lit avec Harouna, ont malheureusement vu leurs vidéos envoyées à Kocc-Barma.

146 vidéos pédopornographiques, des enfants âgés entre 7 et 10 ans en plein ébat sexuel…

A l’âge où ses camarades étudiants collectionnent des livres pour booster leur savoir, Harouna Bâ, déjà repu de sexe, se lance dans la collecte effrénée de vidéos pornographiques. Après son arrestation, l’analyse de son ordinateur et la perquisition effectuée par les enquêteurs de la Division spéciale de cybersécurité (Dsc) ont hissé très haut le bonhomme dans le hit-parade des accros au sexe. 146 vidéos pédopornographiques, des vidéos d’enfants âgés entre 7 et 10 ans en pleine partouze, dans des positions les plus indécentes ont été retrouvées dans son ordinateur. Des images qu’il a utilisées pour piéger des adolescentes en prenant le soin de bien cacher son visage.

Des chambres meublées à la Médina et dans les quartiers populaires où il entraîne les filles qui acceptent son deal

C’est le plus souvent à la Médina dans une chambre meublée louée qu’il entraîne les filles qui acceptent de coucher avec lui afin que leurs vidéos compromettantes soient supprimées. Son logeur, identifié par les enquêteurs, a été entendu à la Division Spéciale de Cybersécurité. Dans les quartiers populaires également, le bonhomme s’est toujours débrouillé pour y trouver un pied à terre où entraîner ses victimes. Des chambres meublées dont il paie la location avec l’argent récolté après la vente à Kocc Barma de vidéos obscènes obtenues des filles qu’il a réussi à piéger. Des vidéos achetées à 5 000 ou 10 000 FCfa par Kocc-Barma.

Comment la Bri a cueilli H. Bâ à la cité Aliou Sow

Il a fallu beaucoup de perspicacité aux hommes du commissaire Aly Kandé, le chef de la Division spéciale de cybersécurité. Procéder à l’arrestation d’un pervers aussi doué ne pouvait être une mince affaire. Hélas, c’est méconnaître l’expertise dont dispose la Division spéciale de cybersécurité en la matière. En effet, après avoir reçu six plaintes de jeunes filles dans la période comprise entre les mois de juin et novembre 2021, les enquêteurs de la Dsc ont vite compris que le mis en cause dans cette affaire est un «homme sans scrupule». Ils ont ainsi développé un travail d’approche reposant pour l’essentiel sur la filature pour retrouver H. Bâ qu’ils ont finalement réussi à localiser à la cité Aliou Sow, dans un appartement meublé.

Le reste relevait alors des redoutables éléments de la Brigade de Recherches et d’Interpellation (Bri) qui ont surpris le mis en cause avant de procéder à son arrestation et sa conduite à la Dsc. H. Bâ a reconnu sans ambages les faits à lui reprochés, avant de dérouler son modus operandi. Dans sa chute, il a entraîné El. H. M. Savané, son ami qui était chargé de récupérer l’argent envoyé par Kocc-Barma, l’administrateur du site Seneporno à qui les vidéos ont été cédées. H. Bâ et El. H. M. Savané ont été déférés au parquet pour Association de malfaiteurs, viols répétés, viols sur mineures, usurpation d’identité, sextorsions, extorsion de fonds, collecte de données illicites, stockage, diffusion et menace de divisions de données à caractère personnel et complicité (pour El H. M. Savané).

Des victimes de Harouna Bâ racontent leur calvaire

Pour de l’argent, certaines ont accédé à la demande de Harouna Bâ d’envoyer leurs vidéos en tenue d’Eve. D’autres ont accepté de juste montrer une partie nue de leurs corps ou de se mettre dans des positions obscènes. A l’arrivée, ce fut la désillusion, la déception. Elles ont désenchanté et n’ont récolté que des larmes et surtout un honneur bafoué. Beaucoup d’entre elles ont craqué lorsque leurs vidéos à caractère érotique ont atterri sur la toile. L’une d’elle a été obligée d’abandonner ses études et de retourner à son village. Certaines parmi elles se sont confiées. Leurs initiales ont été changées.

L.S, ETUDIANTE (25 ANS) : «Je lui ai envoyé cinq vidéos et quand j’ai refusé de coucher avec lui, il les a balancées sur le Net»

«Harouna est dans la même classe que moi, mais il s’était présenté comme une camarade de classe qui a obtenu mon numéro à travers notre groupe WhatsApp. Puis au fil des discussions, il m’a demandé ce que je fais en dehors des études. Je lui ai répondu que je travaille comme femme de ménage en ville pour subvenir à mes besoins. Il m’a proposé de participer à un jeu ‘’Action ou Vérité’’ et qu’il allait me mettre en rapport avec des hommes aisés qui pourraient m’aider. Je lui ai envoyé cinq vidéos à caractères obscènes. C’est alors qu’il m’a dit qu’il est un homme et m’a réclamé 50 000 FCfa pour effacer mes images obscènes, sinon il avait menacé de les publier sur les réseaux sociaux, notamment dans le site de Kocc-Barma. J’ai refusé. Il est revenu à la charge pour me proposer de coucher avec lui afin que mes images soient effacées. Lorsque j’ai encore refusé, il a mis ses menaces à exécution. Des proches ont vu la vidéo et m’ont alertée. Mon honneur a été atteint, j’ai été obligée d’arrêter les études et de retourner au village.»

M.F. (20 ANS), ELEVE EN CLASSE DE PREMIERE : «Pour que mes vidéos soient effacées, j’ai accepté de coucher avec lui»

«J’ai fini par céder quand il a menacé de publier mes vidéos nues dans le site pornographique Seneporno et dans tout le Net. Il m’a donné rendez-vous non loin de l’hôpital Abass Ndao et m’a conduite dans une chambre à la Médina où nous avons eu des rapports non protégés, puis il a supprimé mes images devant moi.»

S.S, ELEVE (19 ANS) : «Deux d’entre nous ont accepté de coucher avec lui avant que…»

«A l’approche de la Tabaski, des copines de classe m’ont dit qu’il y a un monsieur du nom de Pape qui accepte de financer les filles, si elles acceptent de lui envoyer des vidéos à caractère pornographique. Elles m’ont dit que je pouvais avoir plus de 50 000 FCfa, j’ai donc accepté. Deux d’entre nous ont eu des rapports sexuels avec Harouna Bâ avant que leurs vidéos ne soient supprimées.»

ALASSANE HANNE

IGFM

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