Le quotidien électronique Guinéenews© continue à plonger ses lecteurs dans le thriller de la politique- fiction. Huit mois après leur entretien téléphonique imaginaire, nous proposons, cette semaine, un entretien, tiré de la fiction, entre le président en exercice de l’Union africaine (UA), Alpha Condé et l’ancien homme fort de la Gambie, Yaya Jammeh, aujourd’hui, en exil en Guinée équatoriale.
L’un, accusé par son opposition, de tenter un troisième mandat, consulte le second, non pas parce qu’il a réussi à briguer quatre mandats successifs, mais en sa qualité de marabout attitré. Et les oracles sont à l’écoute.
Yaya Jammeh : mon cher ami et frère Condé, comment vas-tu ?
Alpha Condé : je vais très bien, mon très cher ami, Jammeh et toi ?
Yaya Jammeh : je vais très bien, par la grâce de Dieu. Content de te revoir
Alpha Condé : c’est réciproque, j’avais hâte de te revoir et d’avoir de tes nouvelles. Mais tiens, tu as une bonne mine. Apparemment, la Guinée équatoriale, c’est mieux que la Gambie.
Yaya Jammeh : c’est ce que tout visiteur me dit. Tu voudras bien remercier notre frère Obiang Nguema, de ma part. Je bénéficie des hospitalités dues à mon rang. Parfois, il me reçoit en audience, parfois il passe me saluer. Parfois enfin, il m’invite aux cérémonies officielles.
Alpha Condé : je n’y manquerai pas. Teodoro est quelqu’un de bien. Je le lui dirai dès que je le verrai. Mais pour tout problème, fais- moi signe. Si je n’y peux rien, il y a toujours un plan B.
Yaya Jammeh : Je n’en doute pas. Mais dis-moi, et mon beau Tibou ?
Alpha Condé : il va très bien, il fait du bon boulot pour moi au pays
Yaya Jammeh : mais pourquoi n’es-tu pas venu avec lui ?
Alpha Condé : on devrait venir ensemble mais il a des petits soucis
Yaya Jammeh : avec qui ? Est-il malade ?
Alpha Condé : non, c’est la justice, qui veut son témoignage dans le dossier du 28 septembre 2009
Yaya Jammeh : mais je crois qu’il avait démissionné non ? Et ça lui avait même valu l’exil non ?
Alpha Condé : tout à fait mais t’inquiète, il a eu mon feu vert avant d’aller témoigner. Rien à craindre.
Yaya Jammeh : que Dieu soit loué mais comment va la Guinée, le pays des manifestations ?
Alpha Condé (rire) : le pays va bien, je fais mon mieux mais les guinéens sont impatients.
Yaya Jammeh : partout en Afrique, nos peuples sont les mêmes. Quand tu es au pouvoir, il minimise les actes que nous posons. Mais quand tu t’en vas, il te cherche avec une lampe à midi.
Alpha Condé : tout à fait, mais les guinéens, c’est un peuple à part.
Yaya Jammeh : avant d’oublier, toutes mes félicitations pour ton choix à la tête de l’Union africaine.
Alpha Condé : merci, ça n’a pas été facile mais je rends grâce à Allah. aujourd’hui, la Guinée est de retour dans le concert des nations.
Yaya Jammeh : « Guinea is back » (rire). Je connais des voisins, qui vont mourir de jalousie.
Alpha Condé (rire aux éclats) : tu ne changes pas, Jammeh. A qui fais-tu allusion ?
Yaya Jammeh : Macky et son pantin, Barrow
Alpha Condé (rire) : Je ne réponds pas à Macky. Il dit partout que je finance son opposition pour le déstabiliser
Yaya Jammeh : courte queue se paie avec courte queue. Et lui, ne soutenait-il pas Adama Barrow ? N’eût été ta médiation, aujourd’hui, je serais dans les geôles sénégalaises pour son plaisir.
Alpha Condé : tu sais, depuis que Macron l’a invité à son investiture, il se croit trop important. Il prend part aux sommets de l’Union africaine, quand il veut, s’il ne se fait pas représenter.
Yaya Jammeh : Changeons de sujet, sinon je risque de piquer une crise. Dis-moi, quel vent t’a envoyé ici ?
Alpha Condé : Si j’ai laissé tous les anciens présidents, Wade, Compaoré, Yayi, pour venir jusqu’ici, c’est parce que j’ai d’important à te dire, Babili Mansa, guérisseur du Sida (rire aux éclats)
Yaya Jammeh : mais tu aurais dû m’appeler au téléphone
Alpha Condé : quoi ? C’est quelque chose que je ne voudrais pas dire au téléphone. Et si les services de renseignement des occidentaux captent l’information, comment ferais-je ?
Yaya Jammeh : ou m’envoyer un émissaire ?
Alpha Condé : je n’ai confiance en personne, les cadres guinéens sont malhonnêtes
Yaya Jammeh : donc, ça doit être important ?
Alpha Condé : très important
Yaya Jammeh : laisse-moi fermer la porte et la fenêtre et on va s’entretenir en toute discrétion
Alpha Condé : en tous cas, comme on le dit, les murs ont des oreilles, sait-on jamais
Yaya Jammeh : j’espère que tu ne veux pas jeter l’éponge à mi-mandat
Alpha Condé : mon Dieu, Jammeh !!!!
Yaya Jammeh : je retire le mot. J’ai l’impression de t’avoir blessé. Et ce n’est pas mon intention.
Alpha Condé : dans deux ans, je serai en fin de mandat. A ton avis, que devrais-je faire après ?
Yaya Jammeh : que veux-tu exactement ? Sois plus explicite
Alpha Condé : les guinéens me demandent, à longueur de journée, de briguer un troisième mandat. La police, les ressortissants de Timbi- Madina, les députés et mon parti m’ont dit de me représenter. Aujourd’hui, je suis hésitant. Un cœur me dit de le faire. L’autre cœur m’en dissuade.
Yaya Jammeh : en âme et conscience, que veux-tu ? Un troisième mandat ou prendre ta retraite ?
Alpha Condé : je veux tout ce qui est bon pour mon pays, pour mon peuple et pour mon parti.
Yaya Jammeh : que veux-tu que je fasse donc ?
Alpha Condé : je voudrais que tu consultes les oracles, tu es le meilleur marabout que j’ai connu ?
Yaya Jammeh : comment peux-tu laisser les grands marabouts du Foutah pour venir me consulter ?
Alpha Condé : ce serait imprudent de ma part. Ou ils feront semblant de m’aider, ou ils vendront la mèche.
Yaya Jammeh : le troisième mandat, c’est un couteau à double tranchant. Tantôt, il y a l’exemple de Paul Kagamé, Faure Gnassingbe, Obiang Nguema, Idriss Deby et Sassou Nguesso. Tantôt, il y a également mon exemple ou celui de Blaise Compaoré ou encore Tandja.
Alpha Condé : dis-moi, un troisième mandat, c’est bon pour moi ou pas ?
Yaya Jammeh : pour ma curiosité, quels sont tes arguments pour vouloir un troisième mandat
Alpha Condé : d’abord, en Guinée, nos présidents sont tous morts au pouvoir. Sékou Touré est mort après 26 ans au pouvoir. Conté est mort après 26 ans de règne, pourquoi pas moi aussi ?
Yaya Jammeh : quel autre argument ?
Alpha Condé : ensuite, je voudrais parachever les grands chantiers que j’ai commencés pour mes compatriotes. Je ne partirais qu’après avoir réalisé mon rêve, celui d’être Mandela et Obama.
Yaya Jammeh : est-ce tout ?
Alpha Condé : et puis, quand je quitte maintenant, c’est le chaos après moi. Les adversaires, qui prétendent me succéder sont des anciens premiers ministres. Ils vont me trimballer à la CPI.
Yaya Jammeh : un dernier argument ?
Alpha Condé : et puis, quand je dors, je vois dans mon rêve, des anges venir du ciel avec des pancartes : « Alpha change la constitution et tente un troisième mandat. Tu es le choix de Dieu ».
Yaya Jammeh : apparemment, c’est très sérieux. Donc, laisse-moi consulter les cauris ?
Alpha Condé : la dernière fois, j’ai demandé au secrétaire chargé des affaires religieuses la signification de mon rêve. Il a été incapable de le faire. Le lendemain, je l’ai limogé de son poste.
Yaya Jammeh : donne moi trois heures du temps et je te reviens
Alpha Condé : bon, je prends de l’air au dehors en attendant d’appeler Conakry
Trois heurs de temps après, Yaya Jammeh fait appeler Alpha Condé, et la conversation reprend.
Alpha Condé : mais tu as les yeux écarquillés, qu’as-tu vu de si effrayant dans le Coran ?
Yaya Jammeh : des manifestations grandioses partout dans le pays. Les forces de l’ordre sont débordées. Les organisations internationales montent au créneau dans tous les médias.
Alpha Condé : qui est à la tête des marcheurs ?
Yaya Jammeh : c’est Cellou Dalein Diallo avec son épouse, Hadja Halimatou Dalein Diallo à gauche. Dr Fodé Oussou Fofana à sa droite. Son cortège est assez impressionnant. Et il y a du monde.
Alpha Condé : cela ne m’étonne guère, mais je veux neutraliser Dalein. Il l’a dit dans tous les médias, je l’ai entendu. Tu viens de le confirmer mais je coupe son budget de chef de file de l’opposition
Yaya Jammeh : je vois également Sidya Touré, qui manifeste dans une ville différente de celle de Cellou Dalein Diallo. Il brandit des pancartes en l’air « Ne touche pas à ma constitution ».
Alpha Condé : je m’y attendais, Sidya est imprévisible. Il a un pied dans l’opposition, un pied dans le pouvoir. Mais je le destitue de son poste de haut représentant et je limoge son ministre
Yaya Jammeh : je vois encore Bah Oury, qui mobilise les populations à Kouroussa
Alpha Condé : je n’en reviens pas. Lui aussi contre moi ? C’est le monde à l’envers. Mais je réactiverai le dossier du 19 juillet 2011 et le citerai dans le procès de l’assassinat du journaliste.
Yaya Jammeh : curieusement, je vois certains de tes ministres, qui portent des cagoules noires.
Alpha Condé : dès mon retour, je vais procéder à un remaniement ministériel, tout le monde va partir. Dis-moi, où est Lansana Kouyaté dans tout ça ?
Yaya Jammeh : il mobilise les chefs d’Etat à l’international
Alpha Condé : je le savais mais il me connaît très mal. Recense-moi tous les chefs d’Etat qu’il a rencontrés.
Yaya Jammeh : et puis, Sékouba Konaté et Dadis Camara sont dans le coup
Alpha Condé : je vais demander au ministère de la justice d’accélérer le dossier du 28 septembre 2009. Dis-moi, quelle est la position du RPG Arc-en-ciel dans ce mouvement ?
Yaya Jammeh : le RPG dit oui à un troisième mandat mais pour lui, pas pour toi.
Alpha Condé : la trahison jusque dans ma propre maison. Je vais occuper d’eux, tu le verras. Et Lamine Guirassy et ses gueulards.
Yaya Jammeh : ils sont en train de faire le direct. Ils donnent la parole à tout le monde
Alpha Condé : je demanderais à l’ARPT de brouiller leur fréquence
Yaya Jammeh : mais si tu es patient, je vois une contournante qui t’amènera au troisième mandat.
Alpha Condé : note bien cette contournante quelque part. Mais, le plus urgent, aide-moi d’abord à me débarrasser de toutes les personnes gênantes
Yaya Jammeh : on fait quoi de Cellou Dalein Diallo ?
Alpha Condé : il faut le dégager hors de ma vue. Et lui, et ses bambins de la route le Prince et son épouse
Yaya Jammeh : et Sidya Touré ?
Alpha Condé : il faut le ligoter jusqu’à ce que je réussisse mon troisième mandat
Yaya Jammeh : et Lansana Kouyaté ?
Alpha Condé : il faut le neutraliser le reste de sa vie
Yaya Jammeh : et Dadis Camara ?
Alpha Condé : il faut le transférer à la CPI
Yaya Jammeh : et Sékouba Konaté ?
Alpha Condé : il faut aménager une chambre pour lui à la Haye
Yaya Jammeh : et Bah Oury ?
Alpha Condé : lui, je le veux en chair et en os, poings et pieds liés
Yaya Jammeh : et la presse privée ?
Alpha Condé : il faut fermer leur grande gueule par l’argent, les postes et la force
Yaya Jammeh : j’ai tout noté, tu viendras chercher les résultats, les sacrifices la semaine prochaine. Porte toi bien, et au revoir
Alpha Condé : je suis prêt à te donner tout ce que tu voudras, pourvu que ça marche. Au revoir.
Note de l’auteur : Seuls les personnages sont vrais (Photos crédit). L’entretien est pure fiction et les propos n’engagent nullement leur auteur. Nous osons croire que les lecteurs comprendront le sens de notre inspiration et les autorités nous épargnerons des ennuis judiciaires.
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