Cellou Dalein Diallo, le challenger du chef de l’Etat sortant à la récente présidentielle en Guinée, a exclu vendredi de reconnaître les résultats publiés par l’organe chargé des élections et s’est dit ouvert à une médiation internationale pour sortir des troubles qui agitent le pays.
Il est hors de question d’accepter les faux résultats que la Céni (Commission électorale nationale indépendante) est en train de proclamer en faveur d’Alpha Condé’’, le président sortant, qui brigue un 3e mandat controversé, a dit M. Diallo dans un entretien téléphonique avec l’AFP.
La Céni, chargée d’organiser la présidentielle de dimanche dernier, publie depuis mardi des résultats circonscription par circonscription. Jeudi soir, elle avait communiqué les résultats de 37 des 38 circonscriptions nationales, ne laissant plus de doute sur ce que serait l’issue pour les organes officiels.
Selon l’addition de ces résultats, M. Condé l’emporte
avec plus de 2,4 millions des voix sur environ 3,9 millions d’exprimés, distançant très largement M. Diallo (environ 1,2 million de suffrages) et s’assurant une majorité absolue et une réélection dès le premier tour. M. Diallo s’est unilatéralement proclamé vainqueur lundi en se fondant sur les résultats remontés par ses partisans. Il accuse le pouvoir de falsifier les résultats.
Les tensions qui ont précédé le vote pendant des mois se sont intensifiées après le vote. Conakry et d’autres villes sont en proie à des affrontements meurtriers entre jeunes supporteurs de M. Diallo et forces de l’ordre, et aucune issue n’est en vue.
M. Diallo, dont le domicile est ceinturé par les forces de sécurité et qui dit ne pouvoir en sortir, a déclaré s’alarmer du risque que les agissements de M. Condé ne donnent une tournure ethnique à la crise.
‘’On s’attaque aux boutiques des gens de la même ethnie que moi (les Peul), ces gens sont désarmés. Depuis qu’Alpha est au pouvoir (en 2010), on est à 220 morts. Vous n’avez aucun militant de son parti’’, a-t-il dit.M. Condé, Malinké, se défend constamment de toute politique communautariste.
Les appartenances communautaires sont un important facteur politique, les Malinké se reconnaissant majoritairement dans le parti de M. Condé, les Peul dans celui de M. Diallo. Les deux groupes représenteraient largement plus de la moitié de la population. Interrogé sur les moyens d’une sortie de crise, M. Diallo a dit ne pas être ‘’opposé à une médiation internationale’’, laissant entendre qu’elle constituait un rare recours tant les positions sont figées.
Son propre camp ne peut espérer dans les organes guinéens pour contester les résultats, ‘’Alpha Condé ayant complètement inféodé la Céni et la Cour constitutionnelle’’, a-t-il dit. ‘’Et on sait que pour rien au monde Alpha Condé ne va renoncer de son propre chef à son troisième mandat. C’est pour lui une question de vie ou de mort’’, a-t-il ajouté.
L’opposition à laquelle il appartient a ‘’toujours fait appel à la Cédéao (Communauté des Etats ouest-africains) et à l’Union africaine pour organiser un dialogue politique en Guinée. Mais Alpha Condé n’a jamais voulu du dialogue’’, a dit M. Diallo.
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