Coût, traitement, prise en charge : Immersion au centre de redressement de la Kara-Sécurité de Guediawaye

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Deux semaines se sont écoulées depuis l’arrestation des « éducateurs » et « gestionnaires » du centre de redressement « Kara sécurité » sis à Guediawaye. Ils ont été inculpés pour les présumés délits de maltraitance, de séquestration, de trafic de drogue, association de malfaiteurs, traitement inhumain à l’encontre d’individus, coups et blessures volontaires. Aussi, une information judiciaire est ouverte et le dossier a atterri au 8e cabinet. A la cité Biagui ou se trouve la « Base », c’est le silence radio. Néanmoins, Senenews a tenté de rencontrer quelques anciens pensionnaires dudit centre. Ceux-là sont revenus sur les moments passés dans « cette prison » comme ils l’appellent, leur mensualité et même le traitement qu’ils subissaient de la part des éléments de « Kara sécurité ».

Inauguré en 2004 par Serigne Modou Kara Mbacké, « Darou Salam » ou « Base » est l’un des centres de redressement situé à la cité Biagui sis à Guediawaye. Ce centre est une maison composée de trois niveaux : le rez-de-chaussée qui abrite un garage inoccupé, un salon et une chambre qui servent de dortoirs aux pensionnaires. Au premier étage, il y a aussi un salon où les internés apprennent le coran et deux autres chambres. L’une sert de bureau pour les éléments de « Kara Sécurité » et l’autre de dortoir. Le troisième étage est uniquement réservé aux moutons de Serigne Modou Kara.

Comme toute institution éducative, le centre de redressement « Kara sécurité » a aussi un emploi du temps bien calé pour ces pensionnaires. Jean bleu, chemise noir, le regard peru, Nding, un ex-pensionnaire du centre, nous définit les horaires ainsi que les activités à « Darou Salam ». « Tous les pensionnaires étaient sous la houlette du commandant Dame Thiam. C’est lui qui se chargeait de notre éducation. Un ancien de l’armée, le commandant est un homme bien braqué, qui inspire le respect. Chaque jour, il nous réveillait à 6 heures du matin. A 7 heures, nous sortons de la Base escortés par trois autres hommes de « Kara sécurité » pour aller vers les filaos afin de s’entrainer jusqu’à 9heures. Après cette séance, nous retournons à la Base pour prendre notre petit-déjeuner et après apprendre le coran. A midi, nous faisions une pause ou la plupart du temps, on apprenait à se connaître entre pensionnaires » relate le trentenaire.

Non sans manquer de préciser qu’entre les éléments de « Kara sécurité » et les pensionnaires , il n’y avait pas beaucoup d’affinités. « Ces derniers ne manquaient jamais l’occasion de nous rappeler que nous étions que des prisonniers. A notre époque, il n’y avait pas de violence physique entre nous et les éléments de « Kara sécurité », mais des violences verbales, oui« .

A l’heure du déjeuner, explique Nding, « nous avions droit à un riz blanc cuisiné au jardin de Darou Salam situé juste en face des filaos« . Juste à quelques mètres du centre, un autre ex-pensionnaire est assis. Interpellé, il avoue qu’il était juste venu voir si réellement la Base était fermée.

Habillé en djellaba, sac au dos en cuire noir, cet ex-pensionnaire préfère parler sous l’anonymat. « J’étais accro à la drogue mais était un très brillant élève quand même », commence t-il. « Mes parents n’en pouvaient plus de mon comportement. Je les couvrais de honte chaque jour. Alors ils avaient décidé de m’amener à la Base. A l’époque (2012) j’avais 21 ans. Au début c’était très difficile de m’adapter à cette vie de prisonnier. Je suis issu d’une famille aisée avec des parents qui travaillent. Donc imaginez un peu ma souffrance d’habiter dans ce trou ». Néanmoins, affirme t-il, « malgré qu’on m’ait interné à la Base, chaque jour je recevais mes repas que je partageait avec les autres prisonniers. Prisonniers, oui, car ce nom est le plus adéquat pour qualifier les pensionnaires de la « Base ». La nuit, on nous entassait comme des pot de sardine ».

En ce qui concerne la mensualité, Nding explique que dés l’entrée des pensionnaires au centre, ce sont leurs tuteurs qui y déposent leurs contacts accompagné de pièces à conviction (carte d’identité, passeport) et une inscription. Cependant, les paiements différent selon la stabilité financière des familles des pensionnaires.

A suivre Nding, « quand mes voisins m’ont amené à la Base, ils avaient donné 50 000 FCFA comme inscription. Durant les deux mois passés au centre chaque mois, ils payaient 15 000 FCFA pour moi ». Tout le contraire de l’ex-pensionnaire issu d’une famille aisée. Les « gestionnaires avaient taxé la somme de 100 000 Fcfa à mon paternel sans compter l’inscription », témoigne-t-il.

En outre, ces ex-occupants du centre de redressement « Kara sécurité » avouent que Serigne Modou Kara Mbacké n’a foulé le sol de la Base qu’à deux reprises. Et à chacune de ses visites, « Serigne Modou Kara nous invitait à le rejoindre pour être ses disciples ».

Actuellement, la « Base » ou « Darou Salam » ainsi que le jardin sont fermés et tous les pensionnaires sont retournés chez eux. En ce qui concerne les « éducateurs et les « gestionnaires », 37 d’entre eux sur les 42, ont été inculpés pour les présumés délit de maltraitance, de séquestration, de trafic de drogue. Les 6 autres arrêtés ont bénéficié d’une liberté provisoire.

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