Entretien avec Thione Niang : « Je suis descendu aux États – Unis avec 20 dollars » !

Publié par

SUNUBUZZ – En visite à Kaolack, sa ville natale pour des activités de ses programmes « Give 1 Project » et « Jeuf Zone Farms », Thione Niang a accordé une interview à la rédaction de SeneNews. Ses journées d’apprenti-maçon, l’obtention de son visa à sa réussite aux Etats-Unis, le collaborateur de Akon dans le projet « Akon Lighting Africa » est revenu sur tous les sujets.

Senenews : M. Niang, est ce que vous pouvez vous présenter aux internautes?

Je me nomme Thione Niang, américain d’origine sénégalaise, né à Kaolack.

Senenews: Comment se porte le programme Give 1 Project ?

Bien. D’ailleurs, c’est dans le cadre de ses actions qu’on était ici aujourd’hui au Sénégal. En tant que diaspora africaine, nous croyons que nous avons des défis à relever dans le continent, et nos actions reposent sur le triptyque : éducation, agriculture bio et énergie. Pour ne pas être toujours dans la critique des dirigeants politiques et poser des actions concrètes pour le développement de l’Afrique.

Senenews : C’est ce qui est donc à l’origine des « Jeuf Zone Farms », que vous développez avec des jeunes sénégalais ?

Oui, les « Jeuf Zone Farms » sont des fermes où l’on fait de l’agriculture bio, de l’embouche bovine et de l’aviculture. Un continent qui a 65% de ses terres cultivables, un climat favorable et des bras valides mais qui continue à importer 35 milliards de dollars de nourritures par année, c’est une aberration. Aujourd’hui, nous devons contrôler ce que nous mangeons en Afrique, car nous en avons les moyens. Sinon, l’espérance de vie qui était de 80 à 100 ans pour nos aieuls va continuer à chuter pour atteindre les 47 ou 48 ans à cause de la nourriture génétique ou surgelée que nous importons. Ainsi notre première ferme est à Ndiegene derrière Pout, depuis deux ans. Nous nous développons rapidement et nos ambitions sont de couvrir tout le pays et l’Afrique dans un futur proche.

Senenews : À l’entame de vos propos, vous avez parlé d’énergie, aujourd’hui après l’échec de « Akon Lighting Africa » au Sénégal, l’État a donné un marché de 57 milliards à Fonronche. Qu’est ce que ça vous fait ?

(Il se redresse et élève le ton). Rien du tout. Qu’est ce que vous voulez que ça me fasse ? Je suis content pour mon pays. Si une entreprise produit de l’électricité, c’est bien. Nous sommes une entreprise comme les autres, nous gagnons des marchés comme nous en perdons.

Senenews : Donc, « Akon Lighting Africa » a perdu le marché normalement ?

(Visiblement énervé). Allez le demander au chef de l’État. C’est comme tu voulais que je dise ce que tu veux entendre. Allez le demander au président. La perte de ce marché ne nous a empêché d’opérer dans 19 autres pays. Ce n’est pas la fin du monde. Moi et Akon, nous sommes des sénégalais et le président est un grand frère, nous avons d’autres collaborations, notamment le Give 1 Project. Peut être qu’il nous donnera des marchés dans le futur.

Senenews : L’engagement communautaire et le volontariat des sénégalais ne font-ils pas défaut pour la réussite de Give 1 Project?

Non. La trentaine de jeunes que vous voyez ici ne sont pas payés et pourtant ils se sont engagés avec nous depuis des années. Les mentalités vont changer car nous sommes dans un monde de « networking » et de « knowledge ». En tant que jeunes leaders, nous avons eu la chance de sortir et de réussir, donc toutes les expériences positives engrangées ailleurs doivent être mises au profit de nos frères. C’est pourquoi après avoir constater l’absence de bibliothèque dans nos quartiers, où les jeunes font toujours des kilomètres pour rallier l’alliance française, nous avons ouvert un centre communautaire doté de manuels et de connexion internet pour leur permettre de faire leurs recherches.

Senenews : M. Niang, si vous aviez un dernier mot à dire à la jeunesse sénégalaise ?

Croire au travail. Ne dépendre de personne, même pas de ses parents. Au pays jusqu’à l’âge de 30 ans, nous continuons à vivre à la maison parentale. Et si on échoue on blâme les autres, c’est l’oncle qui est en Europe qui refuse d’aider, le maire ou encore le président. Alors que les moyens pour réussir sont là. Pour ma propre histoire, j’ai fait des journées d’apprenti-maçon dans les chantiers de Dakar pour avoir mon premier passeport. Je suis descendu aux États-Unis avec 20 dollars dans les poches. Je lavais des verres dans les restaurants, je continuais à bosser. Quelques années après, j’étais à la tête des jeunes du parti démocrate américain. Un jeune ne doit pas dormir plus de 6 heures par jour s’il veut réaliser quelque chose dans ce monde.

Propos recueillis par Babacar TOURE

Telecharger les applications SeneNews

→ A LIRE AUSSI : (Vidéo) Ahmed Aidara : « Au Sénégal, mieux vaut être blanc que d’être noir » !

→ A LIRE AUSSI : Procès Imam Ndao et Cie: ” on m’a dit que je méritais d’être égorgé” !

→ A LIRE AUSSI : (Vidéo) Grosse bourde d’Aba : « Rendre hommage à Habib Faye au Cices gnou begal ko bamou beg » !

'

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *