Alassane, ce petit garçon de 9 ans résidant à Tivaouane Peulh, dans la périphérie de la capitale (Dakar), a été la dernière victime frappée de plein fouet par la décharge électrostatique de la foudre. Tout comme lui, plus de 3 millions de Dakarois ainsi que les Sénégalais établis dans les autres régions intérieures du pays sont exposés aux dangers de la foudre qui a déjà fait 10 morts (dont 6 à Dakar) en deux semaines.
Des chiffres certes en deçà de ceux de 2016 (20 cas de décès par la foudre, selon la Protection civile), mais qui donnent quand même froid dans le dos. Un état de fait qui invite à faire le point sur le Programme national d’installation de paratonnerres.
La croyance populaire a naïvement fait de Dakar un espace à l’abri des désastres de la foudre. Mais la réalité est toute autre. D’après les chiffres de la Protection civile, la capitale est loin d’être bien protégée contre la foudre. Entre 2012 et 2018, seuls 252 paratonnerres avec un rayon d’action entre 180 et 200 m ont été installés à Dakar par la Direction de la protection civile (compte non tenu des immeubles privés et antennes téléphoniques Orange, Tigo, Expresso dotés de paratonnerres).
Dans ce programme d’installation d’équipements contre la foudre, les bâtiments administratifs, les établissements recevant du public (les marchés, écoles) et les lieux de culte (mosquées, églises) ont été privilégiés.
Sédhiou, Matam et Fatick, les plus pourvus
Les régions du Centre et du Sud, plus exposées à ces catastrophes naturelles, sont les plus équipées dans cet élan national de lutte contre les dégâts de la foudre. C’est ainsi que de 2012 à 2018, 499 paratonnerres ont été installés à Sédhiou, 411 à Matam, 423 à Fatick qui est souvent la plus touchée, 402 à Ziguinchor, 392 à Saint-Louis, 417 à Diourbel, 371 à Kolda…
500 paratonnerres installés en 2018 contre 50 en 2019
Lancé en août 2014 avec une enveloppe budgétaire de 1,5 milliard de francs Cfa, le programme, qui a démarré en fanfare avec 1 575 paratonnerres installés sur l’étendue du territoire, est en baisse de régime depuis quelques années. En 2018, un peu plus de 500 appareils ont été posés pour une enveloppe d’1 milliard, afin de renforcer le dispositif de protection des personnes, de leurs biens et de l’environnement. Pour 2019, seuls 50 appareils sont prévus.
Une tendance baissière qui ne cadre pas avec le plaidoyer de l’ancien directeur de la Protection civile, Dame Gaye, qui demandait le relèvement de l’enveloppe budgétaire. «Les paratonnerres ne peuvent assurer qu’une protection d’une portée très limitée. Or, nous comptons plus de 14 000 villages au Sénégal, ce qui veut dire que nous sommes loin du compte», soulignait M. Gaye.
Consignes de sécurité
En attendant une plus large dissémination des paratonnerres sur le territoire national, il existe des consignes de sécurité pour se protéger de la foudre dont la décharge électrostatique dépasse «la consommation annuelle en électricité d’une ville moyenne». Il faut, par conséquent, éviter tout ce qui attire la foudre : par exemple, sortir dans la pluie muni d’un parapluie avec une pointe en fer. Eviter d’être en contact avec des objets en fer.
Selon les prévisionnistes météo, il ne faut jamais se réfugier sous un arbre. En cas d’orage, il faut rester dans un bâtiment, les fenêtres fermées, ou rester dans sa voiture, car la carrosserie sert de bouclier contre la foudre. Dans un espace nu, sans refuge, il faut se recroqueviller près du sol, en serrant les pieds ; car debout, on attire la foudre. Au contraire, si on a les deux pieds écartés, la foudre a plus de chance de passer d’une jambe à l’autre et on se retrouve foudroyé. La pire des postures, c’est de rester debout près d’un point culminant.
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