Le monde est sous le choc depuis hier avec les attaques cruelles de Christchurch faisant état d’une cinquantaine de morts. Les images de l’attentat terroriste provoquent un sentiment de désolation et de regret tant les scènes de violence ont été d’une rare cruauté. Mais ce qui est grave, c’est que même le traitement que les médias occidentaux font de l’affaire montre clairement que Christchurch n’est pas Charlie.
On se rappelle du tollé mondial qu’avaient causé les attentats de Charlie Hebdo, lesquels furent unanimement condamnés et les auteurs traqués avec une énergie débordante. Au-delà de la France, théâtre de ces horribles événements du 7 janvier 2015, des arrestations ont été notées jusque chez nous pour apologie du terrorisme. Des jeunes comme Ousseynou Guèye, perdus par leur imprudence, ont simplement fait les frais de la solidarité de notre Etat au peuple français.
Tels des agneaux du sacrifice, car il fallait montrer à tout prix sa désolation à François Hollande, ils ont payé pour avoir manqué de condamner les attaques (je préfère ne pas parler d’apologie). Ce manque de fermeté est pourtant ce à quoi on assiste aujourd’hui et c’est parce que la Nouvelle Zélande ne s’appelle pas la France et que le terroriste n’est pas musulman.
Avec cet ignoble et barbare attentat, fomenté par un suprématiste blanc, il apparaît clairement qu’aujourd’hui le terrorisme n’est plus l’apanage des musulmans comme les médias occidentaux veulent nous le faire croire. L’islamophobie (une autre forme du terrorisme) est devenue une réalité dans tous les pays du monde, s’appellent-ils la France ou les USA. Cette pathologie cause plus de dégâts que l’islamisme radical auquel on s’attaque jour et nuit. 49 morts, s’il faut encore le rappeler, et il n’y a pas cette solidarité dont avait bénéficié la France le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo ni dans les faits ni dans les gestes. C’est parce que tout simplement le monde qui était Charlie n’est pas Christchurch.
Il ne faut point s’y tromper, cette situation ne nait pas ex nihilo. Les musulmans ont tellement été diabolisés dans le monde qu’ils apparaissent aux yeux de certains : le diable lui-même. Aux yeux des dirigeants comme Donald Trump et des partis de la trempe du Front National français, le mal c’est les autres.
Ces autres qui encombrent les rues aux moments des fêtes religieuses musulmanes pour prier. Ces autres qui appellent à la prière avec leurs voix tellement graves qu’il faut des mesures apotropaïques, fussent-elles inhumaines. Rappelons-nous la question des minarets en Russie en (avec le vote de l’interdiction des minarets en novembre 2009) et la liste des pays musulmans dont l’accès des ressortissants au territoire des USA fut prohibé par un décret de Trump.
Ces mesures, les unes aussi misanthropiques que les autres, n’ont pas été que xénophobes ; elles ont été avant tout islamophobes. L’occident digère mal la croissance continue du nombre de musulmans dans leurs terres, et le discours pour y mettre fin est toujours ferme et sans équivoque.
On pourrait être amené à croire que le terrorisme suit un peu cette logique de la diplomatie où les Forts imposent leur façon de voir aux Faibles. Mais que ce soit d’un musulman ou d’un non-musulman, toute attaque horrible à ce niveau ne peut qu’être condamnée. Ainsi si le monde était Christchurch comme il avait été Charlie, les victimes de ce massacre auraient pu dormir plus tranquilles dans leurs tombes et les rescapés auront le cœur apaisé. Il faut voir la UNE des journaux occidentaux pour se rendre compte de la faiblesse de rigueur avec laquelle l’attaque est traitée. Loin de faire leur publicité dans ce papier, ces journaux très célèbres veulent orienter l’opinion selon la lecture qu’ils font de l’attaque.
Pourquoi ne pas aller en profondeur dans les raisons de cette attaque au lieu de se limiter au manifeste dans lequel l’assassin avait étalé ses motivations ? Pourquoi ne pas dire tout simplement que cette attaque, bien qu’elle porte le qualificatif de terroriste, est l’œuvre d’un suprématiste blanc ? Mieux encore, pourquoi taire le fait que si le discours anti-islam n’avait pas pris de telles proportions, avec Donald Trump et des partis d’extrême droite, on ne vivrait peut-être pas ce genre de cruauté.
Tant que c’est les juifs qui sont victimes, c’est de l’antisémitisme. Tant que c’est les musulmans ou ceux qui se réclament de l’islam qui tuent, on s’émeut unanimement et se donne la main pour traquer les auteurs jusqu’à leurs derniers retranchements. Mais tant que ce sont les musulmans qui sont victimes (et en pleine prière), on ne parle pas forcément de terrorisme encore moins d’islamophobie. Aussi renversant que cela puisse être, on met souvent la question de l’hostilité à l’immigration et partant du racisme.
Il est désormais clair que le mal de ce monde n’émane pas toujours d’une certaine frange catégorisée, elle est universelle et peut se vêtir de tous habits, qu’importe la couleur. Et cela les médias occidentaux doivent le dire.
Khalifa Ababacar Gaye
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