Les rescapés de l’attaque d’un bus Tata de la ligne 65, à Yarakh se sont confiés à l’Obs.
Modou Gueye (60 ans), retraité domicilié à Keur-Massar : « le bus s’est subitement transformé en un brasier »
« J’avais quitté Keur-Massar pour aller présenter mes condoléances à Yarakh où j’ai toujours habité, jusqu’à la dernière Tabaski, lorsqu’avec ma famille, nous avons décidé d’aller nous établir à Keur-Massar. J’ai emprunté un bus Tata de la ligne 65 dans lequel il n’y avait pas beaucoup de monde. C’est à hauteur de l’arrêt dit « Magasin » que le bus s’est brusquement arrêté. J’avoue que c’est allé trop vite. J’ai juste entendu une sorte de détonation suivie de grosses flammes qui se sont répandues dans le bus. Ce fut alors la panique dans le bus où en sus des flammes, nous étions aveuglés par la fumée. J’ai tenté de passer par la porte située non loin du receveur, mais elle était fermée et il était impossible de la défoncer. Les flammes se sont intensifiées, la chaleur a augmenté et le bus s’est subitement transformé en un brasier. Lorsque mes habits ont pris feu, j’ai compris que j’allais mourir. J’ai pensé à mes enfants et je me suis dit que je devais faire tout pour ne pas être carbonisé afin d’aider ma famille à identifier mon corps. C’est certainement ce qui m’a donné assez de forces pour m’agripper à la barre qui mène à une ouverture située sur le toit et qui sert d’aération. Je suis passé par cette ouverture pour me retrouver sur le toit. Je n’ai pas hésité à sauter dans le vide pour échapper au piège des flammes. Pendant que je me trouvais sur le toit du bus, j’ai entendu une femme gémir et hurler de douleur. Cela m’a donné des frissons, j’ai compris qu’elle était en train de lutter contre les flammes. A l’hôpital situé dans le camp militaire de Thiaroye où nous avons été évacués par les sapeurs-pompiers, c’est comme si nous revenions de l’enfer. L’odeur de nos habits brûlés fait qu’il était impossible de chasser de notre mémoire l’épreuve que nous avons vécue ensemble. Les médecins ont tenté de nous remonter le moral au moment des soins. Quand mes habits ont pris feu et pendant que je tentais de trouver une issue, j’ai senti de vives douleurs au dos. J’ai compris que mon dos s’était brûlé, mais je ne pouvais pas me débarrasser de mes habits. A l’hôpital, les médecins m’ont dit que j’ai eu beaucoup de chance car tout mon dos s’est brûlé. J’ai également eu des brûlures à mes deux mains et aux oreilles. Après les soins, ma famille a été alertée et mes enfants sont venus me prendre à l’hôpital que nous avons quitté le même jour. Depuis, je garde le lit, je ressens toujours de la douleur, surtout quand je tousse. »
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