le retour au bercail du mal-aimé Antonio Conte

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Dimanche soir, après une semaine de flottement, on aura bien droit au choc entre la Juventus et l’Inter. Une rencontre XXL dans la course au Scudetto. Troisièmes du classement, les Nerazzurri comptent six points de retard sur leurs rivaux bianconeri, mais un match en moins (24 contre 25). Autant dire que l’enjeu est de taille pour les partenaires de Romelu Lukaku s’ils veulent encore croire en leurs chances de sacre. Mais ce Juve-Inter marquera surtout le retour d’un certain Antonio Conte au Juventus Stadium presque six ans après le départ du technicien italien (qui avait ensuite pris les rênes de l’équipe nationale). Un retour aux sources qui fait beaucoup parler dans le Piémont.

Ancienne gloire de la Vieille Dame (de 1992 à 2004), Conte est un homme marqué du sceau juventino, d’autant qu’il a également coaché la Juve de 2011 à 2014 après avoir débuté sa carrière d’entraîneur à Arezzo, Bari, l’Atalanta et Sienne. Une histoire d’amour marquée par 412 matches disputés et 8 Scudetti glanés en tant que joueur puis entraîneur du géant piémontais. Alors, le voir arriver à Turin avec le costume intériste est quelque chose d’insupportable pour les tifosi bianconeri. Pour preuve, une pétition avait été lancée dès l’officialisation de l’arrivée de Conte à l’Inter pour que son étoile au Juventus Stadium soit retirée. Une pétition signée par 9000 supporters. Et même avant sa nomination à l’Inter, Giorgio Chiellini, autre figure emblématique de la Juve, avait publiquement souhaité ne pas voir Conte débarquer à Milan.

Un homme estampillé Juventus

« Je détesterais le voir là-bas, mais ça fait partie de la vie. Je comprends que ce sont des professionnels, mais le voir à l’Inter Milan me ferait bizarre. Ce n’est pas une critique, tout le monde sait qu’avec Antonio Conte, j’ai une relation privilégiée. Que puis-je dire, j’espère que tout se passera bien pour lui, mais qu’il ne gagne rien à l’Inter. C’est la vérité, à tel point que, lorsqu’il a dirigé Chelsea, je me suis concentré sur lui. À l’Inter, je ne peux pas le faire, vraiment ». De son côté, Andrea Agnelli s’est récemment montré plus modéré. « Conte ? C’est un étendard de la Juventus. Conte, c’est la Juventus. Il a gagné la Ligue des Champions avec elle. Avec Antonio, la relation est cordiale et détendue. Il a simplement choisi d’essayer de gagner avec l’Inter », a déclaré le patron de la Juve à l’émission Tutti Convocati.

Pour comprendre cette animosité du peuple bianconeri à l’encontre de Conte, il faut tout simplement jeter un oeil sur le passé du technicien transalpin. « C’était l’un des entraîneurs les plus aimés de l’histoire de la Juventus, après Marcello Lippi. À Turin, il a toujours été considéré comme un Juventino de par son ADN. C’est un Juventino depuis son enfance. Quand il était tout petit, il jouait dans un club de Lecce qui s’appelait Juventina. Ça aide à comprendre qu’il a été marqué par la Vieille Dame dès son plus jeune âge. Ensuite, il y a joué, il en a été le capitaine il l’a entraînée. La Juve moderne est née en 2010 avec un projet construit autour de lui, l’élément-clé des premiers succès du duo Agnelli-Marotta », nous explique Lucas Bianchin, suiveur de la Juve pour la Gazzetta dello Sport. Une appartenance historique au club noir-et-blanc qui explique donc presque tout.

Tout a changé depuis l’été 2014

« Les tifosi ne lui ont pas pardonné d’avoir signé à l’Inter, un rival historique. Ils auraient aimé le voir revenir à la Juve. Mais ça ne s’est pas passé comme ça. Donc le voir aller à l’Inter, lui, joueur historique de la Juve, qui a été son capitaine et qui a tant gagné, ç’a été très fort. La Juve avait commencé à gagner avec Conte et ses trois Scudetti consécutifs. En même temps, peut-être qu’il attendait un signe, mais ce n’était visiblement pas la volonté des dirigeants de la Juve donc il a choisi l’Inter. En plus, il ne faut pas oublier que les coaches sont désormais considérés comme des « professionnels » donc parfois l’amour du maillot est oublié. Ce qui explique aussi pourquoi les tifosi lui en veulent », ajoute Filippo Bonsignore, spécialiste de la Juve pour le Corriere dello Sport.

« Son rapport avec les tifosi a changé à partir de 2014, quand Conte a quitté la Juve durant l’été après quelques polémiques avec le club, mais l’amour des supporters existait toujours. D’ailleurs, une frange des supporters n’aimaient pas Allegri alors que ce dernier a davantage gagné avec la Juve que Conte. Son arrivée à l’Inter a changé beaucoup de choses et le symbole de tout ça c’est cette pétition pour le retrait de son étoile au Juventus Stadium. Une étoile qui fait partie du club des 50 plus grands hommes du club. Après, il est difficile de savoir précisément ce que pensent réellement les tifosi de lui. Certains ont toujours de l’estime, mais d’autres se sentent trahis. Au final, ce sont deux sentiments assez complémentaires », ajoute Bianchin.

Depuis, le coronavirus est passé par là. À l’heure où le retour de Conte au Juventus Stadium était très attendu, notamment par des supporters turinois prêts à lui réserver un accueil de choix, les autorités italiennes ont décidé que la rencontre se déroulerait à huis-clos. Avant que le match, programmé initialement le 1er mars, ne soit reporté au 8. Une décision que personne ne conteste, mais qui enlève forcément un peu de piment à ce choc très attendu. « Il y aura son retour, mais pas de tifosi. Une partie l’aurait applaudi, et une autre l’aurait sifflé. C’est sûr que sans le huis-clos il y aurait eu un « spectacle » différent. Faire 90 minutes devant un public qui t’aimait et qui maintenant te déteste, c’est très différent. Conte un entraîneur qui vit énormément ses matches, donc c’est un élément qui compte », indique Bonsignore. Il n’empêche que même sans leur public, les joueurs de la Juventus auront à coeur de priver Conte d’un succès de prestige sur ses terres.

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