L’origine de la maladie qui affecte les pêcheurs n’est pas encore établie mais d’ores et déjà, une étiologie virale est écartée par les autorités des trois ministères concernés par la question. Les ministres de la santé, de l’environnement et des pêches étaient hier, vendredi 20 novembre, à Rufisque au chevet des malades isolés au stade Ngalandou Diouf
Si Alioune Ndoye, Ministre des pêches et de l’économie maritime et Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la santé et de l’action sociale, sont restés prudents sur la cause de des éruptions cutanées constatées sur une frange des acteurs de la pêche, leur collègue de l’environnement est allé plus loin en parlant d’une «origine algale» même si les résultats des analyses effectuées à partir de prélèvements sur les poissons, l’eau de mer et les algues n’ont pas encore formellement confirmé cette hypothèse. «(…)
Les premiers tests effectués par les équipes du ministère en charge de la santé ont indiqué clairement que l’origine est loin d’être virale. Les équipes composées de la DEEC, de la brigade de l’environnement et des techniciens du laboratoire CERTES LOCUSTOX se sont rendues en mer précisément à 8 Km du village de Ndayanne pour effectuer des prélèvements… Les analyses sont en cours et ne manqueront pas de révéler dans les prochaines heures les causes de cette maladie. Nous avons des soupçons assez forts concernant l’origine algale mais ce sont des choses qu’il va falloir confirmer ou infirmer avec les analyses qui sont actuellement en cours… », a déclaré Abdou Karim Sall.
Au-delà de l’origine, la question de la transmission préoccupe également les autorités et les acteurs du secteur de la pêche, fort heureusement à en croire le ministre de la santé et les acteurs de la pêche, la maladie n’est pas contagieuse ; et jusque-là, elle est circonscrite dans la Petite Côte et sur le tracé entre Rufisque et Thiaroye et ne touche qu’une seule catégorie de pêcheurs. «Ce n’est pas une maladie contagieuse, la preuve, dans les maisons et familles des victimes, il n’y a aucune femme ou enfants touchés.
Même les autres acteurs comme les porteurs, les mareyeurs ne présentent aucun signe de la maladie. Ce qui veut dire qu’elle n’est pas contagieuse. Et puis, il y a beaucoup de types de pêche qui sont pratiqués mais ceux qui sont atteints sont ceux là qui pratiquent la pêche au mono filament», a expliqué Pierre Mboup, Président du quai de pêche. Le président des acteurs de la pêche du département de Rufisque ne semble pas être du même avis que le ministre de l’environnement. Il incrimine plutôt une eau qui serait toxique et qui se trouverait au niveau de la zone de Mbour, c’est pourquoi le phénomène est pour l’heure circonscrit sur la Petite Côte et sur l’axe Rufisque Thiaroye.
D’ailleurs le responsable des acteurs de la pêche à Rufisque soupçonne des navires qui auraient déversé des déchets nocifs dans la zone et, son association n’entend pas laisser le champ des investigations aux seules autorités. De leurs côtés, les pêcheurs veulent répertorier tous les bateaux qui ont sillonné la zone et voir s’il n’ ya pas eu d’actes délictueux de leur part. Le cas échéant, ils vont ester en justice. «Nous ne savons d’où vient cette contamination des eaux de mer. En tant qu’acteurs et avec nos différentes organisations, nous sommes en train de faire nos recherches pour voir les bateaux qui sont entrés dans ces eaux depuis un mois pour savoir quel navire a déversé un produit dangereux dans la mer, si on l’identifie on va porter plainte. Car, nous n’acceptons qu’on joue avec la vie de nos parents et des populations», annonce Pierre Mboup.
Quid des rumeurs sur la contamination des poissons ? Elles ne sont pas fondées semble dire Alioune Ndoye. Mais le ministre de la pêche est resté dans le clair-obscur dans ses assurances, car malgré tout, il reste suspendu aux résultats des analyses qui ne sont pas encore disponibles. «Nous avons tenu à faire parler le régional pour rassurer par rapport à tout ce qui se dit quant au fait de manger du poisson.
L’origine, comme il l’a rappelé n’est pas de ce niveau là et les poissons qui sont déversés sur le marché sont l’objet d’analyses et de certification quant à leur caractère comestible. Donc, nous rassurons de ce point de vue là, mais nous attendons quand même d’être mieux informés au retour des résultats que le ministre de la santé a annoncé parce que les prélèvements ont été faits, les analyses sont en cours certains ont commencé à parvenir sauf erreur. Au bout de tout cela, les techniciens, notamment ceux de la santé, nous dirons les orientations définitives à prendre». C’est ce qu’a expliqué le responsable du secteur de la pêche.
Rappelons que depuis le début de la semaine, plusieurs pêcheurs revenus de mer ont présenté des signes des dermatoses qui se manifestent selon le communiqué du ministère de la santé par des lésions d’impétigo à localisation péri-narinaire et péri-buccale, de lésions papuleuses ombiliquées par endroit localisées aux extrémités (pieds et mains), des érosions localisées au niveau des organes génitaux externes (testicules et gland) entre autres signes. Il y a aussi une hyperhémie conjonctivale, des céphalées, de la fièvre, des Œdèmes du visage surmonté de micro papules chez certains prurigineux. Aujourd’hui, on compte une moins de 800 personnes touchées entre les Districts sanitaires de Thiès, Rufisque et Thiaroye.
Sud Quotidien
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