Alors que la mémoire collective peine à oublier les meurtres et viols effectués sur des femmes, Me Moussa Diop nous a livré une histoire des plus poignantes. En 2000, il perdait sa femme, tuée par son voisin alors qu’elle était enceinte de 7 mois.
Voici sa correspondance publiée in extenso :
« À ma regrettée épouse, Fatima
Le 19 mai 2019, je postais sur ma page Facebook un rappel à un fait plus actuel, par AG/Jotna, des dispositions de l’article 6 de notre loi fondamentale qui oblige l’État à ne manager aucun effort pour respecter et faire protéger la vie humaine, texte d’ailleurs largement relayé par la presse écrite et en ligne.
Ce cri du cœur face à la recrudescence des meurtres surtout de femmes avait été suscité par les disparitions tragiques voire cruelles de feue Mariama SAGNA à Keur Massar, feue Coumba YADE à Thiés et feue Bineta CAMARA à Tambacounda sans oublier celle dont l’identité n’est toujours pas établie, découverte en plein marché de Ouakam.
Cette publication réactive faite dans l’urgence cachait un goût d’inachevé face à ce que je considère comme un véritable fléau qui ne cesse de prendre des proportions bondissantes.
En ce mois béni de ramadan qui coïncide avec le mois de mai, ces meurtres ont réveillé en moi une profonde envie de présenter d’une part mes sincères condoléances à toutes les familles éplorées par ces actes cruels et d’autre part à rendre un vibrant hommage au père de la défunte Bineta CAMARA par son comportement stoïque et digne.
Le mois de mai réveille en moi le pire souvenir de mon existence : la disparition de mon épouse Fatima DIA, assassinée presque dans les mêmes conditions que feue Bineta CAMARA le 10 mai 2000 au Gabon par le voisin immédiat. Elle était enceinte de sept (07) mois.
S’il est pénible de perdre sa douce moitié que vous avez choisie pour le meilleur comme pour le pire, cela devient cruel lorsque cela vous tombe dessus suite à un meurtre commis par le voisin immédiat.
Je n’ai jamais rencontré ni communiqué avec M. CAMARA, le malheureux père de la regrettée Bineta. Mais j’ai été profondément touché par son discours stoïque et son sens de la retenue en ramenant tout à la volonté du Tout Puissant, surtout lorsque cet acte immonde est le fait de quelqu’un à qui vous avez grandement ouvert vos portes et votre cœur. Chapeau bas M. CAMARA.
Pour ceux qui me connaissent comme Directeur Général de la société Dakar Dem Dikk, je devais vraiment être trop jeune dix-neuf (19) ans en arrière pour contenir toute ma colère ainsi que celle des amis et parents de ma défunte épouse.
À Dieu ma chère Fatima. Que la terre te soit légère ainsi que toutes ces femmes parties de manière brusque. Que le paradis soit votre demeure éternelle. Amin.
Je rappelle et reste convaincu que notre politique criminelle doit être revue sans mélanger les pinceaux en faisant preuve de discernement : les fous, on les soigne tandis que les criminels, on les sanctionne à la hauteur de leurs méfaits.
Dòor, ci defar la bokk. Wassalam
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