Tué au Brésil, Ibrahima Amar s’était marié depuis 14 mois et n’avait pas consommé son mariage(Photos)

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C’est dans la tristesse et le désarroi qu’est plongé le village de Ndiné situé dans la commune de Niakhène depuis l’annonce de la mort tragique de Ibrahima Amar, un fils de la localité assassiné au Brésil.

Au sein de sa famille, les témoignages sont unanimes sur les qualités humaines du disparu, qui était un soutien de famille et un philanthrope dont les actes de bienfaisance étaient connus de tous. Seulement, plus d’un an après avoir convolé en justes noces, il n’aura pas la chance de consommer son mariage. Il était âgé de 26 ans.

Le décès brutal et tragique de Ibrahima Amar froidement abattu de cinq coups de pistolet, ce vendredi au Brésil, vient tristement allonger la longue liste de nos compatriotes tués à l’étranger. Au-delà de l’indignation générale suscitée par cet assassinat, «Les Echos» est entré en contact avec certains membres de la famille du défunt – dont ses frères et sœurs – établis dans le village de Ndiné, situé dans la commune de Niakhène dans le département de Tivaouane, encore sous le choc de cette disparition tragique. Tous consternés par cette douloureuse nouvelle. Dans la maison familiale qui ne désemplit pas, les témoignages sont unanimes sur les qualités humaines du défunt. Son frère Madina Amar se rappelle d’un frère pieux, un fervent talibé mouride, un homme serviable et respectueux. Mais aussi d’un travailleur courageux et un soutien de famille. «Depuis qu’il est parti au Brésil en 2014, c’est lui qui prend en charge la dépense quotidienne de la maison», fait remarquer son frangin.

Un soutien de famille, un philanthrope pour sa communauté

Une remarque aux allures de rengaine chantée par tous les membres de la famille. Sa sœur Diégué Amar de relever que la dépense de ce mois de janvier a transité entre ses mains. La voix étreinte par l’émotion, elle regrette la perte d’un frère qui ne ménageait aucun effort pour subvenir à ses moindres caprices. Même son de cloche chez l’épouse de l’aîné de la famille et gouvernante de la maison, Sokhna Mame Diarra Amar. «Ibrahima, je l’ai vu naître et grandir. C’était un homme généreux qui aimait tout le monde, notamment sa mère. Bien qu’il soit le cadet de la famille et en l’absence de son père décédé, il a pris en charge tous les membres de la famille sans distinction aucune», dit-elle. Ses actes de bienfaisance, ajoute Sokhna Mame Diarra, étaient connus de toute la contrée. «En dépit de son jeune âge, il a toujours répondu présent aux nombreuses sollicitations du voisinage», précise la dame peinée qui noie son chagrin dans la foi. «C’est Dieu qui a donné et c’est Dieu qui a repris. Nous ne pouvons qu’accepter et prier pour le repos de son âme», lance fataliste la gouvernante de la maison.

Un mariage qu’il ne va jamais consommer

Soutien de famille et philanthrope pour sa communauté, Ibrahima Amar laisse derrière lui une vie de couple écrite en pointillés. Le défunt, révèle le frère aîné de la famille et non moins imam, Modou Maï Amar, était marié depuis 14 mois. «C’est moi qui ai scellé le mariage et depuis lors, son épouse est dans la maison», fait remarquer l’aîné de la famille. Malheureusement, dit-il, le défunt n’aura jamais l’opportunité de consommer son mariage. A l’en croire, il avait pourtant décidé de venir au Sénégal, mais il a été retenu par un traitement médical qu’il suivait au Brésil. Par ce coup du sort, la veuve de Ibrahima Amar ne gardera en souvenir que les discussions virtuelles avec son époux, les appels téléphoniques et d’autres largesses. La jeune femme contrainte par le destin à un veuvage précoce est inconsolable. «Je ne peux même pas regarder la femme de mon frère, elle est complètement atterrée par cette disparition inattendue de son époux», indique Diégué Amar, avant d’annoncer que le bourreau de son frangin les a privés d’un frère, d’un époux, mais aussi et surtout d’un soutien de famille.

L’absence des autorités administratives et politiques dénoncée

En ces moments de tristesse et de consternation, tous les habitants de Ndiné et des villages environnants ont fait le déplacement pour compatir à la douleur de la famille Amar. Au-delà de ces communautés, des voix se sont élevées partout au Sénégal en guise de réconfort à la famille éplorée ; en plus de condamner cet acte ignoble. Ce qui n’est pas le cas, de l’avis de Sokhna Mame Diarra, des autorités administratives et politiques de cette localité. Un comportement qu’elle a énergiquement dénoncé. Pourtant, elle révèle qu’un communiqué a été envoyé au maire de Niakhène aux premières heures de l’annonce de cet assassinat pour l’informer. «Pour un crime aussi ignoble perpétré sur un compatriote qui ne faisait que son travail, le maire de notre localité et les autorités administratives qui représentent l’État devraient être à nos côtés», souligne la dame qui regrette l’absence de ces personnalités.

L’Etat invité à défendre ses ressortissants

Son époux Imam Modou Maï Amar, pour sa part, a plaidé pour l’implication de l’Etat, à travers le consulat, dans cette affaire. En effet, des mesures doivent être prises, dit-il, pour que les Sénégalais qui sont à l’étranger puissent travailler en toute sécurité. «Nos enfants ont peur aujourd’hui de voyager à cause de ces séries de meurtres sur des compatriotes établis à l’étranger», renchérit Sokhna Mame Diarra.

Toutes les dispositions prises, le rapatriement de la dépouille freiné par la disponibilité d’un vol

Depuis l’annonce de la triste nouvelle, les Sénégalais établis au Brésil ont joué leur partition et rempli déjà toutes les formalités pour le rapatriement de la dépouille de Ibrahima Amar. D’après l’aîné de la famille, il ne reste qu’un vol disponible pour être fixé sur la date de l’arrivée de la dépouille de leur frère. Dès à présent, il révèle qu’il sera enterré à Thilé auprès de son homonyme, Ibrahima Sylla, maître coranique et représentant de Serigne Touba dans cette localité. En effet, c’est dans cette contrée que le défunt a fait son apprentissage du Coran dès le bas âge. A la suite de ses études coraniques, souligne son frère Madina Amar, le défunt a d’abord travaillé dans les champs avec eux, avant de rejoindre la capitale. Il a fait une année chez son oncle aux Parcelles Assainies en qualité de vendeur en quincaillerie. Par la suite, il s’est rendu à Bambey où il a travaillé au restaurant universitaire pendant une année, avant d’aller au Brésil. «Je garde toujours en mémoire les images de son départ, un matin de bonheur», e remémore sa sœur.

Moussa CISS
LES ECHOS

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