Turquie : Erdogan Réélu Pour Un Mandat Présidentiel Renforcé

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Le chef de l’Etat turc a été réélu dès le premier tour dimanche pour un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés.
Le chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan a été réélu dès le premier tour dimanche pour un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés, venant à bout d’une opposition pourtant revigorée lors d’élections présidentielle et législatives âprement disputées.

Erdogan, qui règne sur la Turquie depuis 15 ans et a été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans, a savouré sa victoire en s’adressant dans la nuit de dimanche à lundi à des milliers de partisans réunis à Ankara devant le siège de son parti islamo-conservateur, l’AKP.

« Le vainqueur de cette élection, c’est la démocratie, la volonté nationale. Le vainqueur de cette élection, c’est chacun des 81 millions de nos concitoyens », a clamé Erdogan, tandis que ses supporters l’acclamaient.

Les autorités électorales turques ont indiqué tôt lundi que Erdogan avait obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, ce qui lui permet d’être élu dès le premier tour face à une opposition pourtant farouche, à l’image du tribun social-démocrate Muharrem Ince.

Le dirigeant le plus puissant depuis Mustafa Kemal
Erdogan s’est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis le fondateur de la République, Mustafa Kemal. Il a transformé la Turquie à coups de méga-projets d’infrastructures et en libérant l’expression religieuse, et a fait d’Ankara un acteur diplomatique clé.

Mais ses détracteurs accusent le « Reis », âgé de 64 ans, de dérive autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet 2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des journalistes et suscité l’inquiétude de l’Europe.

Sa victoire aux élections de dimanche asseoit encore son pouvoir, car le scrutin marque le passage du système parlementaire en vigueur à un régime présidentiel où le chef de l’Etat concentre la totalité du pouvoir exécutif, aux termes d’un référendum parlementaire qui s’est tenu l’an dernier.

Le Premier ministre supprimé
Erdogan présente le nouveau système présidentiel auquel il va accéder comme nécessaire pour doter la Turquie d’un exécutif stable, mais ses détracteurs l’accusent de vouloir monopoliser le pouvoir avec cette réforme qui supprime notamment la fonction de Premier ministre et permet au président de gouverner par décrets.

D’après l’agence de presse étatique Anadolu, Erdogan est arrivé en tête de la présidentielle avec un score de 52,5% après dépouillement de plus de 99% des urnes, et l’alliance dominée par l’AKP menait avec 53,61% dans le volet législatif du scrutin.

Son principal concurrent, le social-démocrate Muharrem Ince, arrive en deuxième position de la présidentielle avec 30,7%, et l’alliance anti-Erdogan formée par plusieurs partis d’opposition pour le volet législatif du scrutin récolte 34%, d’après les résultats partiels publiés par Anadolu.

Muharrem Ince, a annoncé lundi « accepter » sa défaite et exhorté le chef de l’Etat à être le président de « tous » les Turcs.

Dimanche soir, plusieurs milliers de partisans d’Erdogan se sont rassemblés dans la soirée aux abords de la résidence du président à Istanbul, chantant et brandissant des drapeaux.

« La victoire d’Erdogan est incontestablement le signe de sa grande popularité auprès de l’électorat turc, en particulier l’électorat conservateur dans les régions rurales d’Anatolie, et le signe de sa résilience face à une opposition unie », estime Jana Jabbour, docteure associée au CERI/Sciences Po et spécialiste de la Turquie.

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