Dans les couples hétérosexuels, le manque de libido est une plainte fréquente de la femme. Malheureusement, les conseils des magazines ou des amies sont souvent insuffisants pour «relancer la machine». Ce qui n’a rien d’étonnant car lorsque l’on considère au cas par cas la façon dont le couple construit sa sexualité conjugale, c’est plutôt le maintien d’une libido active qui serait surprenante. Pour des raisons évidentes et d’autres qui le sont beaucoup moins.
Raisons évidentes, par exemple, lorsque les rapports sont imposés, monotones ou déplaisants. Dans ces cas, la libido s’éteint chez l’un ou l’autre des partenaires, voire les deux! Car les rapports à sens unique finissent par désamorcer la libido, sauf si cela est occasionnel ou le souhait du couple. Raisons moins évidentes en revanche que celles qui sont liées au manque d’affirmation de la sexualité des deux partenaires qui passent à côté de «l’équipe intime» qu’ils pourraient former en matière de sexe. Ou encore lorsque le couple reste attaché à un modèle de sexualité fondé sur l’excellence.
Suivre le mantra «désir/plaisir/érotisme/satisfaction»
C’est pourquoi, le professeur de psychologie Barry McCarthy et deux de ses étudiantes de l’American University (Washington), Candace Koman et Danielle Cohn, proposent une nouvelle approche thérapeutique dans la revue «Sexual and Relation Therapy». Avec deux idées essentielles. Premièrement d’envisager la situation comme un problème de couple et pas seulement celui de la partenaire. Deuxièmement d’opter pour le GES, le «Good Enough Sex» (Sexe assez bon), autrement dit une sexualité plus humaine, de haute qualité relationnelle.
«Le GES ne doit pas être confondu avec du sexe médiocre, ennuyeux, sans passion ni désir» explique les auteurs. Il s’agit au contraire d’une sexualité «guidée par le mantra désir/plaisir/érotisme/satisfaction». Le GES accepte les variations du désir et du plaisir comme une composante inévitable de la sexualité d’un couple. Contrairement à ce que l’on voit au cinéma, la règle des trois tiers s’applique grosso modo dans les couples en harmonie sexuelle: 1/3 des rapports sexuels très satisfaisants pour les deux, 1/3 des rapports plus satisfaisant pour l’un que pour l’autre, 1/3 des rapports peu satisfaisant pour les deux.
Ce qui n’empêche pas le plaisir de la connexion et du partage de moments intimes. Il ne s’agit pas de rechercher à tout prix le maximum d’intimité car le désir se nourrit aussi d’une certaine distance (autonomie des partenaires) mais d’accéder à un niveau suffisant pour ne pas avoir l’impression d’être jugé par l’autre. On doit au contraire se sentir en confiance, en sécurité, et pouvoir exprimer ses envies (ou pas!) sans crainte, honte ni culpabilité. Libre aussi d’être créatif et d’expérimenter. À ce titre, «échouer» dans une nouvelle expérience érotique est plutôt un signe de vitalité du couple. Ceux qui ne prennent plus de «risques» glissent insidieusement dans la routine sexuelle.
«La sexualité est un sport d’équipe»
«Beaucoup de ceux qui ont des problèmes de libido se trouvent eux-mêmes engagés dans des cycles d’anticipation de l’anxiété, de sexe orienté vers la performance (focalisé sur la pénétration et l’orgasme comme des examens de passage dans lesquels on réussit ou on échoue), de frustration, d’embarras et d’évitement», écrivent les auteurs américains. Ils rappellent aussi que «c’est de la responsabilité de la femme de trouver et de faire entendre sa «voix sexuelle». En fait, c’est de la responsabilité de chacun, y compris dans des couples homosexuels.
«Toutefois, la sexualité est un sport d’équipe, ajoutent-ils, aussi le challenge du couple est-il de développer un style sexuel qui nourrit un désir solide et résilient». Autrement dit, trouver des scripts sexuels qui satisfassent les deux partenaires. Le Pr Barry et ses étudiants n’ignorent pas en effet que «le désir sexuel est étonnamment facile à subvertir et à détruire». Ils soulignent donc l’importance que chacun fasse preuve de sincérité et de bonne volonté.
Enfin, si vous êtes dans une impasse au sein de votre couple sexuel, un sexologue ou un coach peuvent vous aider à trouver la sortie du cercle vicieux pollué parfois de manipulations, remontrances et petites vengeances, ou tout simplement d’incompréhensions. Car si tout le monde insiste sur l’importance d’une bonne communication dans le couple, ce n’est pas toujours si facile que cela lorsque l’on aborde la question de la sexualité.
Auteur: lefigaro.fr – Le Figaro
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