« Nous avons décidé de nous passer du sélectionneur », a dit le président de la Fédération espagnole (RFEF) Luis Rubiales en conférence de presse. « La sélection appartient à tous les Espagnols. C’est une décision que nous avons dû prendre en fonction de cette manière de faire et en fonction de certaines valeurs », a-t-il précisé, ajoutant que le nom du remplaçant serait annoncé sous peu « en touchant le moins possible » l’encadrement actuel.
Ce limogeage d’un sélectionneur en poste à deux jours d’une compétition majeure, décision d’une gravité rare, précipite dans la tourmente l’un des favoris de cette Coupe du monde. Luis Rubiales, nouveau président de la RFEF élu sur un programme de renouvellement après les scandales de la fin de l’ère Angel Maria Villar (1988-2017), s’est placé sur le terrain des valeurs et de la morale pour justifier cette décision.
Même s’il a assuré ne pas se sentir « trahi » par la décision de Lopetegui de rejoindre le Real alors qu’il venait de prolonger en mai avec la Roja jusqu’en 2020, Rubiales a refusé d’être mis devant le fait accompli.
« Missile du Real contre la Roja »
Sa nomination en remplacement de Zinédine Zidane au Real à l’issue du Mondial a fait l’effet d’une « bombe », écrit la presse espagnole mercredi, qui le juge désormais fragilisé pour diriger l’équipe nationale. « La surprenante nouvelle a secoué le rassemblement de la sélection à trois jours de l’entrée en lice contre le Portugal », écrit le quotidien Mundo Deportivo, pro-Barcelone et anti-Real.
« Missile du Real contre la Roja », surenchérit Sport, l’autre journal sportif barcelonais, qui pointe le risque d’un favoritisme envers les joueurs madrilènes et d’un retour aux divisions du vestiaire espagnol entre les deux grands clubs du pays, Barça et Real. « L’annonce n’a pas plu au sein du vestiaire de l’Espagne, sauf pour les joueurs merengues, qui apprécient cette arrivée au Bernabeu », souligne le quotidien.
Même As, ouvertement pro-Real, déplore le calendrier de cette annonce à trois jours seulement d’un choc déjà capital face aux Portugais vendredi à Sotchi dans le groupe B.
Le président de la fédération espagnole déçu par « la manière de faire »
« La RFEF ne peut pas rester en marge d’une négociation avec un de ses employés et découvrir un accord 5 minutes avant un communiqué officiel (du Real) », a accusé Rubiales. « Le meilleur entraîneur pour la sélection était Julen Lopetegui et pour moi c’est un professionnel impeccable. Mais la manière de faire est importante », a-t-il dit.
Il faudra voir si cette décision ramène le calme autour de l’équipe nationale espagnole, qui a souvent été déchirée par des forces centrifuges alimentées par la rivalité entre les deux grands clubs du pays, FC Barcelone et Real Madrid.
Lopetegui, nommé en 2016, avait jusque-là réussi à naviguer entre ces deux poles à la faveur de son passé de gardien de but au Real puis au Barça dans les années 1990. Mais sa nomination à Madrid, deux semaines après le départ surprise de Zinédine Zidane, est venue rompre cet équilibre et a laissé planer le soupçon du favoritisme et du manque d’implication pour un technicien qui devrait affronter vendredi Cristiano Ronaldo, la star portugaise du Real.
Après seulement deux années en poste, Lopetegui (51 ans) a donc été débarqué au pire moment et ces événements viennent ternir le bon travail accompli depuis sa nomination en 2016: 20 matchs avec l’Espagne et aucune défaite.
Il faudra voir si la Roja parvient à conserver son cap sans le technicien basque. Et le temps presse pour lui trouver un remplaçant à deux jours d’affronter le Portugal.
METRODAKAR
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