Des chanteurs sénégalais vivant à l’étranger et connus au Sénégal, on en compte un bon nombre. Mais un prêcheur établi à l’extérieur et qui ‘’fait le buzz’’ à Dakar, il n’y en a pas beaucoup. Oustaz Modou Fall fait partie de ces Sénégalais de l’extérieur très suivis sur les réseaux sociaux et sur internet. Il est le nouveau prêcheur chouchou des jeunes. Mais beaucoup parmi eux ne le connaissent pas réellement.
Il pourrait gagner le palme de la révélation, cette année, si on en décernait aux prêcheurs. Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais vous avez sûrement déjà vu, au moins une fois, si vous êtes présent sur Facebook, WhatsApp, Snapchat, le visage d’Oustaz Modou Fall. Les extraits de ses prêches y sont souvent partagés et figurent parmi les plus regardés et les plus partagés sur les réseaux sociaux.
Le prêcheur a ainsi fait gagner en audience Diaspora 24Tv. Le site où il officiait jusqu’au début du ramadan et qui est plus suivi par les Sénégalais de l’extérieur. Actuellement, il fait le bonheur des téléspectateurs de Tfm-religion. En Europe, par exemple, Oustaz Fall est bien connu. Ses services sont souvent sollicités. Il anime des conférences au-delà de l’Italie. D’ailleurs, quand ‘’EnQuête’’ l’a contacté, il y a quelques jours, il était en Espagne, invité par une communauté sénégalaise qui y organisait une conférence religieuse.
Ainsi, le fait qu’il vive également à l’étranger a fait que le grand public ne connaît pas son nom. En effet, depuis 2013, Modou Fall vit en Italie. Il y est arrivé à la recherche d’une vie meilleure. C’est ainsi qu’il a commencé, comme l’essentiel des émigrés, à faire du commerce. Loin de ce qu’il savait faire le mieux, quand il était encore au Sénégal. Ce célibataire et natif de Kébémer y était un mécanicien. D’ancien ouvrier effectuant le montage et les réparations courantes d’ensembles mécaniques sur des voitures, il est passé aux transactions commerciales. Ce qui lui réussissait bien, très bien même, selon ses dires.
Seulement, le jeune Oustaz n’était pas épanoui. Avant de tenter le voyage vers l’Eldorado, après ses heures de travail au garage, il animait des conférences à Yeumbeul où il a grandi. Il gagnait déjà en notoriété dans la zone. Il était souvent invité dans des médias comme XFm qui se trouve à Golf, Sopi Fm, etc. A l’époque, il n’était connu que grâce aux conférences des ‘’dahiras tidjanes’’ qu’il animait. ‘’Je suis de la tarikha de Cheikh et après mes heures de travail, j’allais faire des causeries dans les conférences’’, se rappelle-t-il.
Pourtant, dans sa famille, personne n’est prêcheur. ‘’Mon père me chahute souvent, en me disant que je tiens de mon homonyme qui est le président de l’Association des oulémas et imams de Kébémer. Il s’appelle Mouhamadou Fall et animait, lui également, des conférences’’, confie-t-il en souriant.
Oustaz Modou Fall est considéré comme un excellent prêcheur. Il a le verbe facile et le style accrocheur. On pourrait le comparer à Oustaz Alioune Sall de la radio Sud Fm qu’il dit, d’ailleurs, être son ami. Seulement, étant plus jeune, ses manières de faire diffèrent de celles du directeur du ‘’daara Ali Imran’’. En effet, les deux hommes ont en commun le style léger, taquin et accessible à tous. Modou Fall marque la rupture avec le langage. ‘’Serigne Cheikh (Ndlr : feu Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum) disait qu’on arriverait à une époque à laquelle ce sont les jeunes qui prêcheront pour leur génération. Les jeunes nous écoutent parce qu’ils comprennent mieux ce que nous disons. Nous savons nous mettre à leur niveau, utiliser leurs mots pour leur parler. Cela ne signifie pas qu’on a plus de connaissances que les autres’’, explique l’émigré.
Ce sont donc les manières, tons, touches et cachets qui diffèrent. Ce qui explique peut-être son succès auprès des jeunes, en général, et des femmes, en particulier. Oustaz Fall ne veut donner son âge et se contente de dire qu’il est dans la trentaine. Il est donc jeune. Mais il a su très tôt ce qu’il voulait faire. En 1997, il intègre le ‘’daara’’ Ahmed Sakhir Lô de Boune et dirigé à l’époque par Oustaz Mouhamadou Lamine Niang. En 2000, il mémorise le Coran et intègre une autre école, celle de Cheikh Makhmoud Sow, pour y passer le Certificat de fin d’études élémentaires en arabe. Le sésame obtenu, Oustaz Fall décide de se rapprocher d’un érudit pour acquérir auprès de lui plus de connaissances. Il est ainsi devenu proche d’Oustaz Thiam qui habite dans la banlieue dakaroise, précisément à Pikine Niety Mbar. Il s’est ainsi parfait dans la cour du respecté Mame Ousmane Kaïré.
C’est fort de cette formation qu’il a commencé ses premiers plateaux avec les membres de son ‘’dahira’’. Il le faisait par amour et gratuitement. Pour dire que prêcher la bonne parole était son seul souci. Il en était de même à Diaspora 24Tv. Il n’y a jamais touché de salaire. Il a travaillé en bénévolat, par amour pour l’islam et son Prophète (PSL).
En allant en Italie, je savais que je terminerais prêcheur
‘’En allant en Italie, je savais que je terminerais prêcheur. C’est vrai qu’au début, j’étais là pour être un ‘’Modou-Modou’’ (Ndlr : nom donné aux émigrés sénégalais). Quelque temps après mon arrivée, j’ai renoué avec les conférences au sein des ‘’dahira’’. Par l’entremise d’un ami, j’ai commencé à travailler à Diaspora 24Tv. Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu. Les gens font souvent appel à moi et cela me fait vivre. J’aime parler de ma religion et faire connaître aux gens la parole de Dieu et du Prophète de l’islam’’, reconnaît-il.
Aujourd’hui, ses vidéos sont souvent partagées dans des groupes Facebook comme ‘’Femmes chics’’ ou ‘’T’es de Dakar’’. Les sujets qu’il évoque peuvent également expliquer cette réussite. Il parle du respect dû à la femme, à la mère, de la relation détendue qu’un homme doit avoir avec sa femme, de la méchanceté, etc. Des maux qui touchent chacun et qu’il aborde en assénant des vérités qui ne blessent pas, grâce aux mots utilisés. Oustaz est très soft dans sa manière de faire. ‘’Je ne veux pas heurter. Je ne veux pas faire peur aux gens. Je leur dis ce que Dieu a dit et recommande sans les faire fuir. Vous savez, il y a une manière de dire les choses. Quand vous voulez faire revenir quelqu’un à la raison, quand on est dur dans la manière de lui parler, on risque de le faire fuir et non de le mettre sur le bon chemin’’, indique-t-il.
Quoi qu’il en soit, son succès lui a valu de passer d’animateur bénévole à salarié. Il anime, actuellement, une émission qui passe tous les mercredis après-midi, à 17 h 30 mn. Elle est, elle aussi, intitulée ‘’Xam sa diiné’’ (Ndlr : connaître sa religion). C’est sa marque de fabrique. ‘’Où que je puisse aller, j’amènerai ce nom avec moi’’, indique-t-il.
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