« Sweet beauty » : Une affaire peut en cacher une autre

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Quand il s’agit de mœurs, l’excitation populaire monte au plus fort. Au Sénégal, depuis quelques jours, populations et spécialistes se donnent à cœur joie en explications, intrigues, supputations, allégations, accusations, avec, parfois, une outrance verbale qui frise la décence.

A cela s’ajoutent les infox, ces fuites calculées de ‘’procès-verbaux’’, ces manipulations de l’opinion, ces vérités et contre-vérités, ces audios, etc.

Dans cette affaire, on dit tout et son contraire. Toutes les thèses sont exhibées. Certains s’attaquent au pouvoir, d’autres à Ousmane Sonko et d’autres à la famille ou la patronne du salon de massage.

Une affaire qui a suscité tant de frénésie qu’on en vient à oublier tout le reste : coronavirus, déclarations de patrimoine, couplage d’élections, audit du fichier, etc.

Et comme l’affaire n’en est qu’à ses débuts, bonjour les dégâts. L’opinion est tenue en haleine par une affaire qui ne laisse personne indifférent.

Heureusement, la justice ne danse pas le même tempo que l’opinion. Mieux, sa vocation est d’être au-dessus des mêlées, de dépassionner les débats, de différencier la rumeur et la vérité, etc.

Le juge d’instruction, saisi, va enquêter en toute liberté et en toute indépendance à charge et à décharge. Il est saisi in rem mais la plainte contre X aura l’avantage de ne pas limiter le champ d’investigation du juge.

Contrairement au Parquet qu’un lien de hiérarchie lie à l’Exécutif, le juge d’instruction qui aura la charge l’enquête ne reçoit pas d’instructions de qui que ce soit.

Il va devoir travailler en toute indépendance aidé en cela par la Police judiciaire qu’elle soit la Gendarmerie ou la Police qui vont travailler sous sa responsabilité.

A l’issue de ses investigations qui vont durer le temps qu’il faudra, il va classer sans suite l’affaire ou décerner une ordonnance de renvoi pour qu’un tribunal soit saisi de l’affaire pour jugement.

Entretemps, il aura la responsabilité de placer ou non sous mandat de dépôt, le mis en cause.

Mais, tout cela dépendra de l’aboutissement de la procédure de levée de l’immunité parlementaire du député.

Donc, la Justice a tout intérêt à se mettre à l’abri de la frénésie soulevée par l’affaire même si, au demeurant, elle ne peut pas ignorer les déclarations et agissements de Sonko et de ses proches, dont certains éléments seront versés dans le dossier.
Il est important en effet que des éléments de preuve soient présentés par l’accusation et que ces derniers soient suffisamment fiables pour mériter une condamnation.

Mais, comme nous sommes en droit pénal, tout ce qui importe, c’est l’intime conviction du juge. Donc, les enquêtes et les plaidoiries se font sur la place publique.

Et comme nous sommes en présence d’un dossier à forte connotation politique ne serait-ce que par l’implication d’un leader populaire, les uns et les autres redoublent d’effort pour convaincre l’autre juge qui est le peuple.

Car, jusqu’ici, Sonko avait bâti sa réputation, son fonds de commerce politique sur l’intégrité, la rupture par rapport au système, l’honnêteté, le sérieux, etc.

C’est ce fonds que l’on est en train d’attaquer. Car, comme pour Tarik Ramadan, si la pression sur le viol retombe ne serait-ce que sur l’aveu de relations intimes, alors, l’objectif aura été atteint pour ses adversaires.

C’est ce second procès que veut gagner coûte que coûte Sonko et ses partisans. Donc, dans cette affaire, un procès peut en cacher un autre.

Tous ceux qui s’agitent le font soit pour enfoncer Sonko soit pour le disculper. Et tous ces gens ne visent pas forcément à convaincre le juge mais surtout l’opinion.

La bataille judiciaire est devenue une bataille de communication, donc une bataille politique avec la manipulation des sources, des acteurs sans oublier la mauvaise foi et le désir de faire mal.

Il s’agit pour les uns, de pousser l’opinion à condamner Sonko et donc à le disqualifier de son titre d’opposant en chef et pour les autres, de le laver à grande eau pour qu’il conserve toute son intégrité.

Et comme l’opinion n’est pas suffisamment préparée à ces types de combat, c’est au juge de l’aider à y voir clair par une stricte application de la loi dans la neutralité et le désintéressement.

Le rôle d’arbitre du juge aura, pour fois, servi de départager deux camps politiques qui se font une lutte à mort.

* Assane Samb

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