« Tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler », c’est une vieille chanson que les élèves assimilent au C.I. Quand un enseignant passe outre cette sagesse, cela est une vraie ombre au tableau et l’est d’autant plus que le « maitre » en question est un ministre de la République, censé toujours parler avec une très faible marge d’erreur. Rien ne rehausse mieux l’autorité que le silence, avait pourtant averti Charles de Gaule.
Nous sommes fin janvier 2011. Le débat afférent à la candidature pour un 3e mandat du Président Wade anime la gazette politique. Quelques minutes après que le Conseil constitutionnel a validé ladite candidature, la manifestation de protestation tenue à Dakar par le Mouvement du 23 juin est vite dispersée par les forces de l’ordre. Toutes les têtes de Gondole de l’opposition sénégalaise d’alors prennent la poudre d’escampette, qui par mesure de sécurité ; qui par peur bleue de la violence légale. C’est ce moment que choisit Youssou Touré pour revenir sur les lieux et, la voix amplifiée par le silence vespéral, traiter ces leaders de « peureux ». Il est le héros d’un laps de temps ; puisque quelques minutes plus tard, il concède, in live, un entretien à une télévision de la place pour présenter ses plates excuses aux principaux animateurs de l’opposition, notamment à son mentor Macky Sall.
Au lendemain de l’alternance du 25 mars 2012, le chef de file du Réseau des enseignants de l’Apr reste plusieurs mois sans être casé quelque part. Comme il n’a pas reçu sa part du gâteau, il met les pieds dans le plat et se voit soudainement bombardé président du Conseil d’administration de la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs). La mesure fait les choux gras de la presse, puisque le BCEAO, jugeant que l’ex-directeur de « l’Ecole 3 » de Pikine n’est pas un homme de l’art, émet des réserves sur cette nomination inattendue.
Cinq ans plus tard, il confirme scandaleusement ce qui précède en ces termes : «Je ne leur ai jamais rien demandé. Je suis resté 6 mois ici sans qu’on me nomme. Quand il (Macky Sall, ndlr) m’a fait Pca, sachant que je n’avais pas de connaissance dans la fonction de PCA, je n’ai rien fait. J’ai croisé les bras. Ce sont eux qui sont revenus me nommer ministre-conseiller».
De ministre-conseiller, il passe secrétaire d’Etat en charge de l’Alphabétisation et des langues nationales. Un jour de mars 2011, il annonce sa démission, comme à sa façon, sur la place publique. Le lendemain, il revient sur sa décision après une rencontre avec la Première Dame. Ce rétropédalage déteint sur l’image de marque de la charge ministérielle. Mais le pire reste à venir.
Youssou Touré n’a jamais fait autant parler de lui qu’après le dernier remaniement ministériel quand, prenant mal la nouvelle de sa défénestration, il s’en prend directement au président de la République et menace de faire dans le déballage. Même le Cd « Lui et moi » de Idrissa Seck n’aurait pas autant fait peur, venant d’un tireur d’élite réputé. Finalement, plus de peur que de mal, « Youssou ravale son vomi », comme c’est le titre barrant la une d’un quotidien de la place ce lundi. Selon la formule habituelle : il présente de nouveau ses excuses au Président Macky Sall. Attention à cet éternel recommencement : « Tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin
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