Pape Alioune Fall, qui n’a pas réussi à violer Bineta Camara, l’a finalement sauvagement tuée, avant d’être confondu par les limiers amenés par le Procureur de Tamba, Demba Traoré. «Le Soleil», qui a eu accès aux éléments de l’enquête, vous relate les péripéties de cette ignominie qui a révulsé les Sénégalais.
Il aura fallu moins de 48 heures aux autorités judiciaires et policières pour élucider l’effroyable meurtre, à Tambacounda, de la jeune Bineta, fille du directeur général de l’Agence de développement local (Adl). Un acte d’une singulière ignominie qui a révulsé l’opinion publique, depuis sa survenue, samedi dernier. En effet, hier, est passé aux aveux, le présumé meurtrier, P.A. Fall, la trentaine, connu pour être un militant et proche du père de la défunte.
Alors, comment l’enquête, coordonnée de main de maître par Demba Traoré, le Procureur de Tamba, a abouti de l’arrestation du suspect ? «Le Soleil» qui a pris connaissance des principaux développements de cette affaire, est en mesure de dire que les limiers locaux ont rapidement exploré d’autres pistes, après avoir longuement cuisiné le premier suspect, dont l’alibi semblait tenir : au moment du meurtre, le préposé à la sécurité du domicile de la défunte était absent des lieux, laissant seule Bineta Camara dont les parents étaient également absents ; au moment des faits. Le père était à Dakar pour les besoins de sa charge, avec la mère de la défunte, qui, contrairement à ce qui a été avancé, n’avait pas voyagé dans un pays asiatique. Tous deux sont arrivés à Tambacounda, avant-hier, dans la matinée.
En effet, inspectant le téléphone de feue Bineta Camara, les limiers se sont focalisés sur les appels reçus par la défunte le jour de sa mort. Ainsi, relevant le tout dernier appel qu’elle a reçu, et remarquant que l’appelant ne figure pas sur la liste des contacts de son répertoire, ils interrogent leur premier suspect, toujours en garde à vue. Ce dernier identifie automatiquement le numéro comme celui de Pape Alioune Fall.
Des griffures sur le corps du bourreau
Très rapidement, les autorités judiciaires et policières requièrent une géolocalisation qui situe le numéro à… la maison mortuaire. Et là, ils mettent la main sur Pape Alioune Fall. Une personne impliquée dans l’enquête confirme l’adage qui dit que l’assassin revient toujours sur les lieux du crime.
Ainsi cueilli et auditionné par les enquêteurs, P.A. Fall oppose une inébranlable ténacité. Mais, les limiers l’obligent à se déshabiller. Et là, ils remarquent un peu partout sur son corps, particulièrement aux niveaux de ses cuisses et de son dos, les traces que Bineta Camara a laissées, dans sa farouche résistance à ce prédateur : des griffures un peu partout.
Le procureur, Demba Traoré, qui avait anticipé en sollicitant Dakar pour disposer de la police scientifique, fait entrer en scène cette dernière aux fins de prélèvements sur la dépouille de Bineta Camara et sur le corps de P.A. Fall. Après analyses des échantillons de sang et de sperme, les résultats sont sans appel : Pape Alioune Fall, confondu, rend les armes en passant aux aveux.
Mais, dans une ultime tentative de recherche de circonstances atténuantes, il fait croire qu’il aurait perdu son self-control, sous l’emprise de la colère, après que Bineta Camara, à qui il demandait des nouvelles de son père, injoignable, l’aurait rabroué. Un argumentaire insoutenable, aux yeux des enquêteurs, convaincus que la défunte, qui lui a ouvert les portes du domicile familial, après son appel, ne se sentait pas en danger.
N’empêche, lorsque Pape Alioune Fall a dévoilé son visage monstrueux, la frêle Bineta Camara lui a livré une farouche résistance jusqu’à son dernier souffle. Son honneur de jeune fille, faisant échouer la tentative de viol de son bourreau qui, las, s’est acharné sur sa proie, lui faisant exploser la tempe, avant de l’étrangler.
La tentative de viol a échoué
Bineta Camara, tuée chez elle dans la nuit du samedi, n’aurait pas été violée par son bourreau. C’est ce qui ressort du rapport du médecin légiste. Face à la presse hier, le proviseur du lycée de la commune et parrain de la défunte, Abdoulaye Diouf, qui parlait au nom de la famille, a réfuté la thèse du viol largement relayée par la presse. «Bineta a été digne jusqu’au bout. Le tueur lui a donné un coup de poing au niveau de la tempe puis l’a étranglée. Elle n’a pas été violée et a gardé sa virginité jusqu’à sa mort parce qu’elle s’est débattue. Les rumeurs sur un viol qui aurait précédé le meurtre ont été balayées par le rapport du médecin légiste», a-t-il confié.
Il a aussi été fait cas de sperme trouvé sur la victime. Abdoulaye Diouf a également battu en brèche cette information en ces termes : «Les choses sont très claires. Depuis la mort de la fille, on a beaucoup spéculé, mais il n’y a jamais eu de viol. Il n’y a pas non plus de sperme trouvé sur la victime. Celle-ci n’était pas nue encore moins à moitié nue. Elle portait ses habits».
Par contre, le certificat de genre de mort révèle une présence de sang dans les poumons de Bineta Camara qui sera inhumée, d’après lui, aujourd’hui au cimetière de Saré Guilèle. Ainsi parle-t-il, tout au plus, de tentative de viol. La police scientifique de Dakar a été mise à contribution pour élucider ce crime odieux. Jusque tard dans la nuit du samedi au dimanche, les limiers du commissariat de Tambacounda ont interrogé Malick Diop alias «Ako», le gardien de la maison où vivait (seule, disent certaines sources) Bineta Camara. Depuis l’annonce de la mort de la jeune fille de 23 ans, la maison mortuaire ne désemplit pas. Elle grouille d’âmes compatissantes. Ce meurtre remet au goût du jour la lancinante question de la sécurité à Tambacounda.
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