La mort de Sokhna Gade Bousso, fille de Serigne Mamoune Bousso, Imam de la grande mosquée de Touba, risque de faire couler beaucoup d’encre.
Âgée de 25 ans, mariée et mère de 3 enfants, la dame est décédée ce lundi, une semaine après son hospitalisation à l’hôpital Matlaboul Fawzeini.
Son frère Serigne Abdou Khadre Bousso, qui est venu se confier à Dakaractu-Touba, parle de négligence et affirme que la famille va porter plainte.
VERSION DE SERIGNE ABDOU KHADRE BOUSSO
Pour Serigne Abdou Khadre Bousso, tout est clair. « L’hôpital a fait preuve de négligence. » Ma sœur est arrivée à l’hôpital depuis le dernier lundi du mois de Ramadan. Elle était brûlée aux jambes pour avoir mal manipulé une bouteille de gaz. Je signale que les blessures n’étaient que d’une légère gravité et ne pouvaient, aucunement entamer son pronostic vital. Seulement, depuis qu’elle a été internée, aucune information ne parvenait à la famille. Il a fallu moult tractations pour que la mère de son époux ait pu avoir l’autorisation de la voir jusqu’au jour où… »
Cet incident dans la salle d’urgences
« Jusqu’au jour où ma sœur a raconté à sa belle-mère avoir reçu des menaces si elle divulgait ce qui lui était arrivé ». Serigne Abdou Khadre Bousso de nous signaler que Sokhna Gade Bousso avait chuté de son lit et que par la suite, le personnel soignant lui avait intimé l’ordre de ne pas en dire mot à sa famille.
« Elle a été obligée de garder le silence sur ce qui lui était arrivé. Mais si elle est tombée, c’est parce qu’elle n’était pas surveillée. Nous dénonçons cette négligence. »
Serigne Abdou Khadre Bousso d’ajouter que ce qui lui fait le plus mal, c’est que l’hôpital a assujetti la famille à des dépenses énormes qui, selon lui, ne se justifiaient pas.
Plainte
Quelques minutes après notre entretien où Serigne Abdou Khadre Bousso disait clairement qu’il n’était pas dans les intentions de la famille d’ester en justice, les données ont subitement changé. Au téléphone, notre interlocuteur nous fait savoir qu’une plainte sera finalement déposée et que la famille était désormais engagée à aller jusqu’au bout.
Affaire à suivre…
VERSION DE L’HÔPITAL
L’hôpital a très rapidement balayé d’un revers de main les déclarations du jeune Bousso, préférant parler d’accusations infondées et à la limite insensées.
Et qui pour dementir ? Le directeur de l’hôpital, lui-même. Makhtar Lô, au téléphone de Dakaractu-Touba, manifestera toute sa surprise et sa déception d’entendre, de notre bouche, que la famille allait déposer une plainte parlant de négligence. Pour lui et c’est « sans ambiguïté » qu’il le dit : « L’hôpital a fait ce qu’il pouvait pour sauver la fille qui était, dit-il, dans une situation inconfortable pour avoir été grièvement brûlée. »
Le Dr Makhtar Lô parlera de brûlure, contrairement à la famille, qui a affecté 40% de la surface corporelle et entraîné des lésions compliquées allant jusqu’à toucher ses muscles . « Aussitôt qu’elle est venue, elle a été admise aux urgences. Et elle était suivie par des agents qui ont passé plus de 10 ans dans ce service. Ils ont fait tout ce qu’ils avaient à faire.
Aberration
Toujours sur la thèse de la négligence, le directeur de l’hôpital s’est voulu catégorique. « Scientifiquement parlant, ils n’ont aucune preuve pour parler de négligence. Cela ne recoupe pas d’avec la réalité. Nous nous sommes battus et pourtant nous n’avons pas d’obligation de résultat mais une obligation de moyens et tous les moyens ont été mobilisés pour lui sauver la vie. Nous ne pouvons pas expliquer tout cela à des profanes.
Méconnaissance ou manque de reconnaissance.
Il poursuit. « Laissez-moi vous dire que des gens responsables sont en train d’abattre un travail colossal dans cet hôpital. Mais nous ne pouvons pas verser dans ce genre de polémique. Ils peuvent ignorer le degré de gravité des brûlures et cela se comprend. Ils peuvent aussi souffrir pour avoir perdu un être proche. Cela se comprend aussi. Mais ils ne peuvent pas nous accuser de négligence. Je m’attendais à autre chose. »
Makhtar Lô de rappeler tous les efforts qu’il a déployés au profit de la famille éplorée. « J’ai personnellement parlé au père de la défunte et à son époux. C’est moi moi-même qui me suis chargé des dépenses. Ils n’ont rien payé. J’ai affrété une ambulance, payé le carburant et mis à leur disposition un chauffeur qui a conduit la dépouille à Darou Moukhty pour son inhumation. Je suis déçu…
Dakaractu
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