Nouveau revirement dans ce qui est présenté comme un coup d’Etat en Guinée-Bissau. À l’issue des heurts qui ont éclaté lors du Conseil des ministres extraordinaire du 1er février dernier et qui aurait fait plusieurs morts, selon Sissoco Embaló, qui avait désigné les narcotrafiquants et le MFDC dans un premier temps, accuse désormais Bubu Na Tchuto de ce qu’il considère comme une « tentative de coup d’État ».
Umaro Sissoco Embaló a accusé l’ancien chef de la marine Bubo Na Tchuto et deux autres hommes, d’être responsables de l’attaque contre le palais du gouvernement le 1er février. Sans sourciller, le « général » a cité à la presse les noms de l’ancien amiral José Américo Bubo Na Tchuto, chef de la marine dans la première décennie des années 2000, Tchamy Yala, également ancien fonctionnaire, et Papis Djemé.
Les trois accusés ont été arrêtés après les événements de la semaine dernière, selon le chouchou des chefs d’état de la CEDEAO.
« Je ne dis pas que les politiciens sont derrière tout cela, mais la main portant les armes vient de personnes liées aux grands cartels de la drogue, » a déclaré Umaro Sissoco Embaló.
Des accusations que certains officiers trouvent extrêmement légères et cachant une volonté de purge contre les officiers de l’ethnie Balante, dominante dans l’armée. Et ces officiers de s’interroger sur ce qui oppose réellement Umaru Embalò à l’Amiral Bubu Na Tchuto, qui avait dénoncé le faux grade de général décerné par Muhamadu Buhari à Embalò.
Autre incongruité dans cette nouvelle accusation médiatique, depuis son retour des États-Unis, trois ans après sa condamnation, l’ancien chef de la marine, Bubu Na Tchuto s’est tourné vers le commerce et c’est à l’arrivée d’Umaro Sissoco désigné par la CEDEAO, que Na Tchuto a été désarmé et placé sous Terme d’identité et Réserve ( TIR ).
Lors de sa sortie, le « général » a rappelé que les trois hommes cités ont eu des problèmes avec la justice américaine. Les trois hommes ont été arrêtés en avril 2013 par des agents de la DEA à bord d’un bateau, dans les eaux internationales au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest.
Jose Américo Bubo Na Tchuto a été jugé comme un trafiquant de drogue par le Trésor américain et condamné en 2016, à quatre ans de prison à New York. Également, Tchamy Yala et Papis Djemé ont été condamnés en 2014, également à New York, à cinq ans et demi de prison, respectivement. Au bout de trois ans de détention, ils sont depuis retournés en Guinée- Bissau.
Un coup d’Etat qui suscite moult interrogations au sein de la classe politique bissau-guinéenne, mais aussi au sein de l’armée, qui a dénoncé à travers un communiqué, la volonté d’Umaru Embalò de promouvoir Sandji Faty, sans commandement actif et nommé général dans des circonstances ténébreuses
Le 1er février, des hommes armés ont attaqué le palais du gouvernement de Guinée-Bissau, où se tenait un Conseil des ministres, en présence de Umaro Sissoco Embaló, et du Premier ministre Nuno Nabiam et qui a abouti à des échanges de tirs. Le »général » avait considéré que c’était une tentative de coup d’État, qui pouvait aussi être liée à des « personnes liées au trafic de drogue », avant d’accuser le MFDC.
Cependant, plusieurs politiciens et analystes soupçonnent que tout cela est une machination de Umaru Sissoco, afin de légitimer comme en Gambie, la présence de militaires étrangers et de restreindre les activités de ses adversaires.
La Ligue guinéenne des droits de l’homme a déjà dénoncé et condamné la détention arbitraire de citoyens à Bissau, à la suite de la prétendue tentative de coup d’État.
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