Habib Diarra (Strasbourg) : “Je suis né au Sénégal, je suis arrivé en France à 5 ans…”

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Nouvelle saison, nouvelle génération ! Dans le cadre de sa rubrique « Turfu », Onze mondial a interrogé Habib Diarra, la pépite du Racing Club de Strasbourg né à Dakar, a délivré un discours à son image : simple et policé.

Comment s’est déroulée ton enfance ? 

Je suis né au Sénégal, je suis arrivé en France à 5 ou 6 ans. Je trouve que je me suis vite adapté à la vie ici. J’ai grandi à Mulhouse, dans un quartier près du stade de l’Ill. J’ai un grand frère et deux petits frères. Mon père est chef de sécurité et ma mère travaille avec les personnes âgées.

Quels sont tes souvenirs du Sénégal ?

Les moments qui me viennent, ce sont ceux avec ma grand-mère. Nous étions souvent ensemble, nous avions une relation très spéciale.

Tu étais quel type de garçon ?

Assez calme, discret. J’étais posé, j’aimais rigoler quand j’étais bien avec les personnes. Mais dans l’ensemble, je restais dans mon coin, je ne me mélangeais pas vraiment. Mon meilleur espace d’expression a toujours été le terrain, je m’y suis toujours bien senti. J’ai toujours été observateur avant de m’ouvrir.

As-tu une anecdote marquante concernant ta jeunesse ? 

Quand j’étais petit, j’aimais sortir dehors avec mon ballon pour jouer avec mes copains. Et un jour, je me suis retrouvé tout seul, mes potes ne sont pas sortis. Juste en bas de chez moi, il y avait un terrain de foot. J’ai décidé de jouer tout seul, je me suis imaginé des plots, des obstacles, je devais les dribbler pour marquer. Je jouais tout seul, mes potes m’ont ensuite vu au loin, ils ont dû me prendre pour un fou (sourire). J’ai toujours eu beaucoup d’imagination. Je m’imaginais dans un stade, avec des supporters, des adversaires et les entraîneurs sur le côté. Par exemple, quand je loupais un dribble ou un tir, je m’imaginais un entraîneur en train de me reprendre et de me conseiller. Je répétais les gammes jusqu’à que tout soit parfait. Je m’inspirais beaucoup des Mangas aussi.

As-tu essayé un autre sport ?

Non, je n’ai rien essayé d’autre. Le foot est une affaire de famille, mon père a été professionnel, il a notamment joué en sélection du Sénégal et en Arabie Saoudite. Pour moi, c’était une suite logique.

Formation 

Habib Diarra

Comment se sont passés tes débuts dans le foot ? 

Très bien. Je jouais au poste d’attaquant jusqu’à mes 14 ans, j’évoluais au FC Mulhouse. J’ai ensuite intégré le pôle espoirs Grand Est basé à Nancy, puis j’ai signé à Strasbourg en U15 deuxième année. C’était une suite logique de signer au Racing, le plus grand club de la région. Quand tu es jeune et que tu viens d’Alsace, tu as forcément envie de porter le maillot du Racing. Et puis, je pouvais rester proche de mes parents aussi.

Comment se sont déroulées tes années au centre de formation ? 

Je vivais au centre de formation. Il y avait de l’ambiance, les joueurs avaient de la folie, on se ressemblait tous dans le sens où on était tous joyeux, on avait la joie de vivre, on était tous complices. Ça a facilité mon intégration. J’ai aussi connu des moments difficiles, je pouvais passer des semaines sans voir mes parents, c’est difficile car tu as envie de les voir. Mais c’est comme ça, ça fait partie du football, ça te forge. Tout ça m’a aidé à devenir ce que je suis aujourd’hui. J’ai aussi connu de belles victoires avec de l’ambiance.

Comment as-tu réussi à t’adapter à la folie des autres ? 

On va dire que je suis un faux calme. Au début, quand je ne connais pas, je suis discret, dans mon coin, ensuite, quand je commence à tisser des liens avec les gens, je m’ouvre.

Comment as-tu géré la concurrence ? 

Je ne me focalisais pas sur les autres joueurs. Je ne pensais qu’à mes performances et ma progression. J’écoutais mes entraîneurs et j’appliquais les consignes tout simplement. On me répétait souvent d’avoir confiance en moi, de montrer du caractère et surtout, d’être un leader. Sur le terrain, je prenais la parole naturellement, j’essayais de tirer les autres vers le haut.

Comment est la vie au centre de formation ? 

Le matin, on se réveillait à 7h30 pour le petit-déjeuner. Ensuite de 8h à 10h, on avait école. De 10h30 à midi, c’était entraînement. On se douchait, on mangeait et on retournait en cours de 13h à 16h. En parallèle, mes parents me suivaient. Ils ont toujours été là pour moi, ils venaient regarder mes matchs à domicile ou à l’extérieur. Mon entourage, ma famille et mes agents m’ont toujours donné de la force et l’envie de réussir.

Strasbourg

Habib Diarra

Comment se sont opérés tes premiers entraînements avec le groupe professionnel ?

Quand j’ai appris que j’étais convoqué pour participer à la reprise avec le groupe professionnel, j’étais surpris. Au début, je n’y croyais pas, ensuite, j’y suis allé. Je ne savais pas si je devais vouvoyer ou tutoyer les joueurs, car moi, j’avais l’habitude de les voir à la télé ou au stade. Quand je suis arrivé, ils m’ont très vite mis à l’aise. Ils m’ont dit que je pouvais les tutoyer. Mais pour moi, c’était une forme de respect de les vouvoyer, car ils sont plus âgés que moi. Une fois sur le terrain, tout est allé vite. Après, il faut dire que je suis passé des U17 au groupe professionnel, mais j’ai su m’adapter.

Avais-tu la pression ? 

Non, je n’avais pas trop de pression. Enfin, il y a toujours de la pression, mais la mauvaise pression, il faut la mettre de côté pour ne garder que la pression positive. La veille, j’appréhendais parce que je ne connaissais pas le monde professionnel. J’ai été étonné par l’ambiance dans le groupe, je pensais que les gars allaient être hyper sérieux, en fait, pas du tout, ils rigolent et sont détendus.

Tu avais déjà un contrat professionnel à ce moment-là ? 

Oui, j’avais déjà signé mon contrat pro. Le club m’a rapidement proposé de signer pro, j’ai tout de suite accepté, sans réfléchir. Mais au-delà du contrat, je voulais tout faire pour intégrer le groupe pro.

Tu pensais l’intégrer si rapidement ? 

Je n’y pensais pas forcément, mais il faut prendre ce qu’il y a à prendre. Quand je suis monté avec les pros, j’ai beaucoup travaillé. Je suis allé avec le coach, les joueurs, les préparateurs physiques. Je pense que ça a concrétisé les efforts que j’ai faits.

Quels souvenirs gardes-tu de tes débuts en Ligue 1 ?

C’était quelque chose d’incroyable, surtout que c’est le club de ma région, c’était impressionnant. Au début, je n’arrivais pas à y croire. Quand j’étais sur le banc, je regardais les autres sur le terrain avec de grands yeux. Je ne pouvais qu’être heureux.

Comment imaginais-tu ton premier match professionnel ?

On a toujours cette folie de se dire : « Pour mon premier match, je rentre, je joue et je marque ou je fais une passe décisive qui fait gagner l’équipe ». Et j’imaginais tout le stade scander mon nom, ça aurait été les débuts parfaits (sourire). Mes débuts ont eu lieu contre Saint-Étienne, à la Meinau, devant nos supporters. C’était une fierté, ça a concrétisé tous mes efforts. Je suis entré en fin de match, deux minutes. C’était quand même deux minutes de bonheur. Avant d’entrer sur le terrain, le coach m’a dit que c’était pour récompenser mes efforts et qu’il fallait continuer. Quand tu goûtes à ça, tu as envie d’y goûter à nouveau (sourire).

Tu as également vécu ta première titularisation. 

Exactement, face à Troyes. Je vais t’expliquer la scène, c’était durant la causerie, on était tous assis à nos places et le coach parlait. On l’écoutait attentivement et d’un coup, il dit : « On va débuter comme ça » et il montre la compo. Par réflexe, je regarde le milieu de terrain et je vois « Diarra ». Je n’arrivais pas à y croire, je me disais : « Il s’est trompé, c’est sûr ». Avant le match, j’étais trop content. Le coach m’a dit : « C’est ton moment, à toi de nous montrer ».  J’ai joué 60 minutes et j’ai pris le maximum de plaisir. Je serai toujours reconnaissant envers le coach pour la confiance qu’il m’a donnée. Pour le remercier, je vais continuer à travailler pour lui montrer qu’il peut compter sur moi.

Comment est Julien Stéphan ? 

Il est assez expressif. Il montre qu’il a envie de bien faire les choses. J’ai une bonne relation avec lui et son staff. J’ai confiance en eux comme eux ont confiance en moi. Pour les remercier, je veux encore plus bosser pour monter que je mérite d’être là.

Comment juges-tu l’ambiance de la Meinau ? 

Jouer à la Meinau, c’est quelque chose d’énorme. Quand on entre sur le terrain ou quand on est sur le banc, on voit que les supporters sont derrière le club et qu’ils nous soutiennent. Et il ne faut pas oublier que le club revient de loin.

Quel est ton objectif cette saison ? 

Je veux déjà progresser dans tous les domaines et avoir encore plus de confiance pour montrer que j’ai le niveau pour jouer. À moi de montrer aux entraînements et aux matchs que le coach peut me faire confiance.

Habib Diarra

Qu’aimes-tu faire en dehors du foot ?

J’aime beaucoup regarder les mangas. Depuis petit, je regarde les animes comme One Piece. Un jour, je changeais les chaînes depuis mon canapé et je suis tombé sur Game One et D17, il y avait One Piece. J’ai commencé à regarder et j’ai tout de suite accroché ! Je ne pouvais plus m’arrêter de regarder des épisodes. J’aime beaucoup le basket aussi, mon joueur préféré s’appelle James Harden. J’aime ses dribbles et ce qu’il incarne, il dégage vraiment quelque chose. Niveau séries, je suis à fond dans King Wolf et Viking.

De quoi parlent ces séries ? 

King Wolf, c’est une série d’adolescents qui se trouvent dans un lycée. Et dans leur ville, il y a des loups garous, et dès que quelqu’un se fait mordre, il devient loup garou. Et il leur faut suivre parce qu’il y a également des chasseurs qui essaient de les arrêter. En fait, j’aime beaucoup tout ce qui est surnaturel. Je ne saurais pas dire pourquoi.

Ton père a été footballeur professionnel. Quel a été son impact sur ta carrière ? 

C’est positif comme négatif d’avoir un père qui a connu le monde professionnel. Parfois, il va t’apporter beaucoup de confiance, car il a déjà joué au très haut niveau. Par exemple, après un bon match réalisé, on va débriefer et il va me dire : « Tu as bien fait ça, mais tu aurais pu faire mieux à ce moment-là ». Il va souligner les mauvaises choses. Il est exigeant, mais j’ai l’habitude maintenant. Et franchement, ça ne me perturbe pas. J’écoute ce qu’il dit car d’abord, c’est mon père et ensuite, il connaît le football.

Tu t’es renseigné sur sa carrière ?

Oui, il m’a déjà montré des vidéos. Il jouait 10 ou 9. J’ai vu une vidéo lorsqu’il affrontait l’AC Milan, c’était le grand Milan de l’époque, il avait Maldini face à lui. J’étais surpris, j’étais comme un fou quand j’ai vu ça. J’étais même impressionné. Il était très rapide, il savait marquer de buts. Devant le but, il était assez calme. J’admire beaucoup mon père.

Ta mère n’en a pas marre du foot ?

Non, elle aime beaucoup le foot. Elle regarde régulièrement mes matchs depuis que je suis tout petit. Bon, en réalité, elle n’a pas trop le choix (sourire). Mon grand frère a également joué au foot, il était à Sochaux, et mon petit frère joue actuellement au FC Mulhouse. De temps en temps, on débriefe ensemble. Mais elle essaie d’éviter, elle ne veut pas me mettre trop d’idées dans la tête, elle sait quand il faut venir me parler ou pas. J’ai également une relation très forte avec mon grand frère qui aurait également pu réussir dans le foot. Il me conseille beaucoup. Il a toujours été un exemple pour moi.

Ça fait quoi d’être considéré comme un joueur prometteur ?

Ça fait toujours plaisir. À moi de montrer que je le suis, il faut continuer à bosser. Et tu sais, je ne regarde pas vraiment ce qui peut se dire sur moi. Je vis au jour le jour. Je suis un bosseur, je ne pense pas à tout ce qu’il se passe en dehors du foot. Je fais tout pour réussir et je réunis tous les ingrédients pour y parvenir.

Comment as-tu géré les premières photos et les premiers autographes ? 

Au début, quand tu n’es pas habitué, ça fait bizarre. Il y a quelque temps, c’est moi qui demandais des photos à certains joueurs et maintenant, on me demande des photos, c’est beau. Ça fait plaisir de rendre heureux les supporters.

Comment résistes-tu aux tentations ?

Je suis très concentré, je suis un gars sérieux. Le matin, je vais à l’entraînement, ensuite, je rentre chez moi, je ne traîne pas. Après, il y a des temps pour tout, pour bosser, pour se reposer, pour se détendre. Et le plus important, c’est le repos. Je préfère bien récupérer plutôt que sortir. Concernant la nourriture, je me débrouille, je ne dis pas que je suis un grand cuisinier, mais j’ai les bases (sourire). Je sais faire de bonnes pâtes à la crème. Sinon, ma mère me ramène des petits plats de temps en temps.

Style de jeu

Habib Diarra

Comment définis-tu ton style de jeu ?

Je suis un milieu box to box, assez généreux dans l’effort. Je suis quelqu’un qui donne de la voix sur le terrain. J’aime casser les lignes par de la percussion ou des passes. Je dois encore améliorer plein de choses dans mon jeu, notamment sur le plan technique, au niveau des prises de balle.

Tu as démarré attaquant, quel était ton niveau ?

J’étais attaquant entre mes 8 ans et mes 15 ans, j’étais rapide, puissant, je marquais beaucoup. J’étais un bon finisseur.

Pourquoi as-tu reculé alors ? 

C’est le coach Stéphane qui a pris cette décision. Je vais te raconter une anecdote. Lors du premier match de pré-saison en U17 face à Metz, durant ma première année au centre de formation, on était tous dans le vestiaire et d’un coup, je vois mon nom au milieu de terrain. Je n’en revenais pas, je ne m’y attendais pas du tout. Et là, le coach m’a dit : « Ailier, attaquant, c’est fini pour toi ! Tu peux oublier, maintenant, tu vas jouer milieu de terrain ». Au début, ça a été un grand changement. Mais ce repositionnement m’a permis de mieux me sentir sur le terrain. J’arrive à mieux montrer mes qualités.

As-tu des exemples ?

Je vais te citer deux jours. Paul Pogba parce qu’il est charismatique et techniquement très fort, puis N’golo Kanté, car je me vois en lui. C’est un joueur qu’on voit partout au milieu de terrain. Même en dehors du foot, j’aime sa personnalité, il est humble, il ne cherche pas à se montrer. On me compare souvent à lui, ça me fait énormément plaisir.

Regardes-tu le football à la télé ? 

Bien sûr ! Je regarde beaucoup de foot. Quand je regarde les matchs, je regarde les joueurs qui sont à mon poste, j’essaie de lire le jeu et de le comprendre. J’observe quand les joueurs fixent ou font la passe. Je regarde la connexion entre les attaquants et les milieux, je m’intéresse à tout ce qui se fait.

Analyses-tu tes performances personnelles ? 

Oui, au sein de l’agence qui s’occupe de moi, Carmenta, on a un analyste vidéo. Il trie toutes mes actions, les découpe et ensuite, on débriefe ensemble. Il me dit ce que j’ai bien fait et ce que j’ai mal fait. Il m’explique ce que je dois améliorer, ce que je dois garder et ce que je dois éliminer. Ces retours sur mes prestations m’aident énormément. Ça me permet de ne plus reproduire certaines erreurs. Par exemple, il m’arrivait de ne pas prendre l’info avant de faire une passe. Maintenant, c’est fini, je regarde tout avant.

Qu’est-ce qu’un grand milieu de terrain pour toi ? 

C’est un joueur qui sait quand il faut calmer le jeu et quand il faut aller de l’avant. C’est la tour de contrôle de l’équipe, celui qui dicte le tempo.

Conclusion 

Habib Diarra

Quels sont tes rêves ? 

Mon rêve, c’est de rendre fiers mes parents et toute ma famille. Je rêve également de jouer au très haut niveau.

Si tu pouvais disposer d’un super pouvoir, lequel choisirais-tu ?

Je dirais celui de Luffy dans One Piece, il a un corps élastique. Avec son pouvoir, je pourrais récupérer plein de ballons, notamment stopper les contre-attaques adverses (sourire). J’aime trop One Piece, cette série contient plein de leçons de vie, il y a de vraies histoires.

Si tu étais journaliste, quelle question poserais-tu à Habib Diarra ? 

Je lui demanderais: « Comment as-tu fait pour en arriver là ? ». Je répondrais : « Il faut avoir un bon entourage et être convaincu que tu peux réussir à te faire un nom dans le football. »

Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, que dirais-tu ? 

Dans One Piece, Luffy – le personnage principal – répète une phrase que j’aime bien : « Si vous ne prenez pas de risques, vous ne pouvez pas créer un avenir ». Je crois que ça peut être une bonne inspiration pour un jeune joueur comme moi.

Comment te noterais-tu pour cet entretien ? 

Je me mettrais 6 sur 10, j’ai quand même été cohérent dans tout ce que j’ai dit, après j’ai eu quelques bugs, mais c’est normal, c’est ma première véritable interview.

Avec Onze Mondial

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