Foot Mercato : vous avez quitté la France en 2015. Pouvez-vous revenir sur votre parcours dans l’Hexagone, là où tout a commencé finalement pour vous ?
Dayot Upamecano : j’ai commencé le foot à la Vaillante à Angers. J’y suis resté environ deux ans. Ensuite, avec ma famille on a déménagé en Normandie et j’ai intégré le FC Prey. Mais je n’y suis pas resté longtemps car nous avons de nouveau déménagé. J’ai rejoint l’Évreux FC, qui est un très bon club en Normandie. Il a réussi à sortir de nombreux jeunes talents comme Mathieu Bodmer, Bernard Mendy, Ousmane Dembélé, etc…Après ça, j’ai signé à Valenciennes, où j’ai joué en U17 National.
FM : depuis cinq ans maintenant, vous évoluez à l’étranger. Avec le recul, on peut dire que votre pari est réussi.
DU : tout se passe bien pour moi. Au moment de prendre des décisions, ma famille m’a toujours conseillé. J’ai fait des choix difficiles. Quand tu es jeune, ce n’est pas facile de choisir. Il faut avoir sa famille à ses côtés pour prendre les bonnes décisions. J’ai fait des sacrifices pour en arriver où je suis. Mes proches m’ont accompagné à Salzbourg. C’était leur souhait mais également le mien. Je trouvais que c’était important d’avoir ma famille avec moi à l’étranger, surtout quand tu as 16-17 ans.
FM : c’était également un pari risqué de votre part puisque vous n’aviez jamais joué en Ligue 1 avant votre départ pour Salzbourg.
DU : au début, bien sûr, on a tous bien réfléchi au moment de faire ce choix. Ma famille était là pour me conseiller et je l’en remercie. Mais je ne regrette pas mon choix.
FM : que pensez-vous de votre passage à Salzbourg ?
DU : j’ai signé là-bas car on avait un coach qui parlait français (Ralph Rangnick). Dès qu’il m’a appelé, j’étais tout de suite intéressé par leur philosophie, la façon dont l’équipe jouait. Il y avait beaucoup de jeunes joueurs et de nombreux étrangers dont des Maliens, des Chinois, des Japonais, etc…Je me suis dit qu’eux aussi venaient de l’étranger, qu’ils ne parlaient pas la langue. Donc toutes ces choses m’ont fait dire que moi aussi je pouvais aller là-bas et réussir. C’était une expérience positive.
FM : vous l’avez bien expliqué, c’est un club tremplin où de nombreux joueurs étrangers passent. Il y a eu vous, mais également Erling Braut Håland ou encore Sadio Mané. On peut dire que là-bas, ils savent dénicher les talents.
DU : bien sûr. Salzbourg sait très bien recruter. Donc ça encourage à aller jouer là-bas. Quand je jouais encore à Valenciennes et qu’ils m’ont contacté, j’ai vu que beaucoup de joueurs de talent et qui parlaient français étaient passés dans ce club, comme Sadio Mané et Naby Keita (Liverpool). Ça m’a aussi encouragé à signer là-bas.
Leipzig, un choix gagnant
FM : en 2017, vous avez rejoint Leipzig, alors que vous étiez courtisé par d’autres écuries. Pourquoi avoir dit oui au club allemand ?
DU : Leipzig avait une philosophie qui ressemblait à celle de Salzbourg. Ils avaient un bon projet de carrière pour moi. C’était ce qu’il y avait de mieux pour développer ma carrière. Ils m’offraient de jouer, ce qui était déjà le plus important pour moi. Je ne voulais pas aller dans un club où je ne jouerai pas. Leipzig m’a bien parlé et exposé son projet. J’avais déjà rencontré Ralph Rangnick à Salzbourg. Le fait qu’il y ait beaucoup de jeunes joueurs, des étrangers et des Français, m’a convaincu. Naby (Keita), avec qui j’avais déjà joué à Salzbourg, m’a aussi dit de venir. Tout ça a fait pencher la balance.
FM : quel bilan faites-vous, pour le moment, de votre expérience à Leipzig ?
DU : je pense que j’ai beaucoup progressé et je ne regrette pas du tout d’avoir rejoint Leipzig. Je suis très heureux d’être dans cette équipe avec le coach et le staff. Mais étant un jeune joueur, je sais que je dois encore progresser. Je suis à l’écoute. Je me donne à fond à chaque entraînement et j’essaye de faire mon maximum à chaque match pour mes coéquipiers. Je sais que Julian (Nagelsmann) a beaucoup à m’apprendre.
FM : vous avez déjà une belle base et des qualités intéressantes. Qu’aimez-vous dans votre jeu ?
DU : j’aime mon agressivité, mes passes vers l’avant. Comme je l’ai dit, je sais que j’ai progressé et que je n’ai pas fini d’apprendre.
FM : pour poursuivre votre progression, vous inspirez-vous de certains joueurs ? Avez-vous des modèles ?
DU : non, je n’ai pas de modèle. Mais il y a de très bons joueurs qui sont très forts à mon poste comme Virgil van Dijk (Liverpool) ou Sergio Ramos (Real Madrid). Ce sont des éléments expérimentés et de très grands joueurs.
FM : la Bundesliga est l’endroit idéal pour continuer votre progression. Que pensez-vous de ce championnat ?
DU : comme vous le savez, c’est un très grand championnat. Il n’y a que de très bonnes équipes. Même lorsque vous jouez contre les derniers, ce n’est pas facile. Au niveau des points, c’est très serré cette saison (Bayern Munich 49 points, Leipzig 48 points et Borussia Dortmund 45 points, ndlr). La Bundesliga est l’un des meilleurs championnats du monde.
FM : comment vivez-vous cette course au titre en Allemagne ?
DU : ce n’est pas facile. Il y a le Bayern Munich (49 points), le Borussia Dortmund (45 points), le Borussia Mönchengladbach (43 points) et le Bayer Leverkusen (43 points). Ce sont de très bons clubs. Nous les respectons. Pour le moment, nous sommes deuxièmes. Nous gardons les pieds sur terre et nous continuons à travailler pour tout donner. Nous allons attendre la fin de la saison pour savoir où tout ça nous a menés.
Nagelsmann, un coach qui lui apporte beaucoup
FM : personnellement, quel regard avez-vous sur votre saison ?
DU : pour le moment, je trouve que j’ai bien commencé ma saison. J’espère continuer comme ça. Je vais toujours me donner à fond, que ça soit aux entraînements ou aux matches. Je vais poursuivre mon travail aux côtés de mes coéquipiers et de mon coach, qui sont tous très bons.
FM : vous venez de parler de votre entraîneur Julian Nagelsmann. Que pouvez-vous nous dire sur lui ?
DU : c’est un très bon coach. Il nous aide beaucoup au quotidien, que ça soit tactiquement ou autre chose. Moi comme les joueurs ici l’aimons beaucoup. Nous aimons travailler avec lui.
FM : vous êtes plusieurs joueurs français à évoluer dans cette équipe. Christopher Nkunku, Ibrahima Konaté et Nordi Mukiele sont à vos côtés. J’imagine que cela aide pour se sentir encore mieux dans le club et l’équipe.
DU : bien sûr, ça aide beaucoup. Je suis l’un des premiers français de l’équipe à être arrivé ici. Je suis très content que d’autres joueurs français soient là avec moi. C’est vrai que ça aide. Quand on a du temps libre, on va manger tous ensemble. C’est ça aussi qui fait notre force, de pouvoir compter les uns sur les autres.
FM : dans votre équipe, il y a aussi Timo Werner, qui est un élément courtisé. Comment le jugez-vous ?
DU : c’est un joueur très talentueux. Lui aussi n’a pas terminé de progresser. Je pense qu’il va encore continuer à monter en puissance. C’est un vrai tueur devant le but. Je sais qu’il est bien et qu’il continuera à marquer beaucoup de buts, car on en a besoin.
FM : en parlant de « tueur », il y en a un autre qui sévit du côté du Bayern Munich, à savoir Robert Lewandowski. Pourtant, lors de vos confrontations et notamment la dernière, vous avez pris le dessus sur lui et remporté quasiment tous vos duels. J’imagine que ça vous rend fier d’être capable de dompter un tel joueur.
DU : bien sûr. Je suis fier de mon travail. Robert Lewandowski est l’un des meilleurs attaquants du monde. Il faut être concentré quand tu joues contre lui. C’est en jouant contre des attaquants comme Lewandowski que tu progresses le plus. J’espère jouer à nouveau contre lui.
FM : vous avez croisé aussi de bons attaquants en Ligue des Champions cette saison. La semaine dernière, votre équipe a été très bonne face à Tottenham en huitième de finale aller. À quel type de match vous attendez-vous au retour ?
DU : on a fait un très bon match là-bas. Je trouve qu’on a très bien joué à Tottenham. On va dire qu’on a gagné la première mi-temps et qu’il faut aller chercher la deuxième. Il ne faut pas les sous-estimer. C’est une très bonne équipe. Ils ont un très bon coach (José Mourinho). Ils ont été finalistes de la Champions League la saison dernière. Il faut les respecter. Tottenham, ce n’est pas rien. C’est vrai qu’on a fait un très bon match à l’aller. J’espère qu’on fera la même chose au retour et qu’on ira chercher cette victoire à domicile devant nos supporters, qui vont beaucoup nous aider.
FM : j’ai entendu dire que vous aimiez le foot anglais. Quels championnats suivez-vous ?
DU : quand je suis chez moi, je regarde beaucoup de matches de foot. J’aime bien la Ligue 1. Mais j’aime aussi la Liga, la Serie A, la Premier League. Je regarde presque tous les matches.
Upamecano ne pense pas à son avenir
FM : on parle beaucoup de votre avenir ces derniers mois. Comment vous sentez-vous à Leipzig ?
DU : je me sens très bien à Leipzig. J’aime mes coéquipiers, le staff et mon club. Pour le moment, je suis encore sous contrat jusqu’en 2021. J’ai le devoir de continuer à bien m’entraîner et à faire mes matches. Même si je sais qu’il y a des clubs qui me veulent, ça c’est sûr, je garde les pieds sur terre. Je poursuis mon travail. On discutera de mon avenir à la fin de la saison avec mes agents (société Sports Total) et ma famille.
FM : j’imagine que c’est tout de même flatteur d’être lié à plusieurs gros clubs européens comme le Barça, le Bayern Munich ou encore Arsenal.
DU : bien sûr. Mais comme je vous l’ai dit, je suis à Leipzig et je veux atteindre mes objectifs avec le club. Je n’ai pas envie de parler d’autre chose pour l’instant. J’ai envie de bien finir la saison avec Leipzig et pas autre chose.
FM : dans votre carrière, revenir jouer en France un jour peut-il être envisageable ?
DU : je suis Français, ma famille habite en France, donc bien évidemment qu’un jour peut-être, je pourrais pourquoi pas revenir.
FM : en attendant, vous retrouvez régulièrement la France avec les Espoirs. Mais j’imagine que les Bleus sont aussi dans un coin de votre tête. Quels sont vos objectifs ?
DU : je suis avec les Espoirs où on a une très bonne équipe je trouve. On a les Jeux Olympiques qui arrivent cet été. J’espère être dans le groupe pour y aller. Mais j’espère aussi être appelé un jour avec l’équipe de France A. C’est mon rêve. Je vais tout donner et continuer à travailler dur pour atteindre cet objectif.
FM : concernant les JO justement, Kylian Mbappé a laissé entendre qu’il pourrait y participer si jamais il était appelé. Quel est votre avis là-dessus ?
DU : ce serait un plus. Il a un très bon potentiel. Si jamais il venait à participer aux Jeux Olympiques, on serait tous contents. Ça nous aiderait, c’est sûr.
FM : Mbappé est très proche d’Ousmane Dembélé, que vous connaissez très bien puisque vous avez évolué avec lui à Évreux. Cette saison, c’est un joueur qui vit des moments difficiles avec une nouvelle grosse blessure.
DU : il vit un moment très difficile. C’est mon ami et ça me fait mal pour lui. Mais je sais que c’est quelqu’un de fort. Il va revenir très vite. C’est un vrai talent. Il a démontré à Dortmund ainsi qu’au Barça. Je sais qu’il en est capable et qu’il va revenir fort. C’est une épreuve difficile à passer, ça peut tous nous arriver. Je lui souhaite de se rétablir rapidement et qu’il montre de quoi il est capable.
FM : et que peut-on vous souhaiter à vous pour la suite de la saison ?
DU : on peut me souhaiter de bien finir la saison et continuer comme ça avec Leipzig, où nous avons de nombreux objectifs à atteindre et beaucoup de matches à jouer.
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