KAwtef d’une jeune femme : “Loutakh madone teud ak sama patron…”

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Avant la mort de mon père, nous étions une famille heureuse et soudée. A la suite du décès de papa, cet équilibre s’est effondré, nous avons tout perdu. Nos parents n’étaient pas mariés légalement. Ils avaient prévu le faire, mais entretemps, mon père est tombé malade et ne s’en est pas relevé.

Ça a été un coup dur, d’autant qu’après sa disparition, les membres de la famille paternelle ont progressivement mis la main sur les biens de papa. Ils sont devenus les propriétaires, parce que notre père, avant sa mort, n’avait pas eu l’idée de désigner des héritiers légitimes. Pourtant, notre mère ne travaillait pas.

A la demande de papa, elle restait à la maison pour s’occuper de nous. Nous étions encore très jeunes à l’époque. J’étais au collège. Les conditions de vie ont commencé à devenir très pénibles pour nous. On a vendu, les uns après les autres, la plupart des meubles de la maison (ceux qui n’avaient pas été emportés). Le manque de moyens a fait que j’ai arrêté les études pour devenir servante, puisque c’est ce que j’avais trouvé de mieux.

Après quelques mois de service, mon patron a commencé à avoir une attitude bizarre à mon endroit. Il voulait coucher avec moi. Je n’avais jamais connu d’homme dans ma vie avant lui. En plus, j’avais peur malgré les assurances qu’il me donnait. Sa femme n’était pas souvent là. Elle voyageait à cause de son travail, mais elle avait confiance en moi depuis le premier jour. C’était difficile pour moi de lui faire ça. Le patron faisait tout pour m’amadouer.

Comme arguments, il me disait que sa femme ne savait rien faire de ses dix doigts et qu’en plus, contrairement à elle, j’étais jeune et belle. Il m’a fait croire qu’ils ne faisaient plus l’amour depuis plusieurs mois. Toutes ces révélations sur son intimité me mettaient mal à l’aise.

Face à la pression du patron, j’ai fini un jour par céder. Depuis ce jour, nous faisions l’amour quand les enfants dormaient et que Madame n’était pas là. Ils avaient deux enfants en bas âge. Chaque fois qu’elle était en déplacement, Madame m’appelait pour avoir de leurs nouvelles. En sa présence, je devais tout faire pour rester correcte et ne rien laisser paraître.
Seulement, au fil du temps, Monsieur devenait de plus en plus exigent envers moi. Il devenait même jaloux. Si bien que quand je partais faire des courses, il me questionnait à mon retour lorsqu’il trouvait que j’avais mis trop de temps là-bas. C’est vrai que je suis une jolie femme, beaucoup de personnes s’étonnaient quand je disais que j’étais servante.

Au bout d’un moment, à la demande de mon patron, je venais dormir dans la chambre conjugale. Le lendemain matin, très tôt, je regagnais ma chambre.

On vivait cette double vie et cela commençait à me fatiguer. Je ne voulais plus continuer comme ça, à faire semblant tout le temps devant Madame alors que je couchais avec son mari. Lorsque je lui en ai parlé, il s’est un peu énervé et a menacé de me renvoyer. Malgré tout, nous avons continué à vivre ainsi, jusqu’à ce que je tombe enceinte. C’était ma première grossesse.

J’étais très inquiète, je ne savais pas à qui le dire. C’était la catastrophe. Pendant des jours, je suis restée triste. C’est lorsque mon patron m’a pressée de questions que j’ai fini par lui dire que j’étais enceinte. Pour en être certain, il m’a emmenée à l’hôpital. Et là-bas, il en a eu la confirmation. Contrairement à ce que je craignais, il ne s’est pas énervé. Il m’a même dit de ne rien dire à personne pour le moment et qu’il allait s’occuper de la grossesse.

Quand mon ventre a commencé à être visible, la patronne a commencé à me questionner. Dans un premier temps, elle a voulu savoir de qui j’éais enceinte. Je n’ai pas avoué la vérité. Mais je pense qu’elle a fini par comprendre elle-même. Car les jours suivants, il y a eu une grosse dispute entre elle et son mari.

Et depuis ce temps, elle a commencé à faire chambre à part. L’atmosphère était devenue difficile. Pour finir, Madame m’a interdit de faire à manger quand elle était là. Cela a été le point de départ des palabres incessantes entre son mari et elle. Et lui, de son côté, il refusait désormais de manger la nourriture de sa femme. C’était devenu une « guerre » et j’étais au milieu des deux sans trop savoir où aller avec ma grossesse.
Comme je m’y attendais, Madame a fini par m’accuser d’être à la base de tous ses malheurs. Elle m’accusait d’avoir envoûté son mari, disant que ce dernier n’était pas comme ça avant mon arrivée sous leur toit. Pour elle, c’était une erreur de m’avoir fait confiance. J’avais mal d’entendre ce genre de choses. Chaque jour, je devais subir sa colère. De plus en plus, je ne supportais plus d’entendre ses insultes.

Je me suis révoltée un jour et cela a dégénéré en une dispute. Madame m’a demandé de quitter la maison. Contre toute attente, son mari qui était présent ce jour-là a pris ma défense en lui disant que s’il y avait quelqu’un qui devait quitter la maison, c’était elle ! Pour madame, ça été un véritable coup de massue.

Et j’avoue que même moi j’ai été surprise par cette réaction. N’en pouvant plus, un matin, Madame a pris les enfants et est partie de la maison, en l’absence de son mari. A son retour, lorsque je lui ai appris la nouvelle, il n’a pas du tout paru ébranlé. Il m’a au contraire demandé d’envoyer mes affaires dans la chambre. C’est comme ça que depuis ce jour, je me suis retrouvée à la place de Madame. Les jours suivants, elle est revenue ramasser le reste de ses affaires.

J’ai accouché d’un petit garçon. Officiellement, je suis devenue la femme de mon patron. Il dit à ses amis qui viennent le voir à la maison que l’autre était invivable et que c’est elle qui est partie d’elle-même. J’ai l’impression d’avoir volé la place de quelqu’un.

Depuis trois ans, Monsieur a perdu son emploi. Il ne me l’a pas dit. Mais, depuis quelque temps, j’ai constaté qu’il est en train de mener des démarches pour reconquérir sa femme. J’ignore la position de cette dernière. Mais si elle acceptait de revenir, quel serait mon sort ? En attendant, j’ai demandé à rentrer en famille quelque temps. Depuis, je n’ai plus le courage de retourner. Aujourd’hui, je préfère ma liberté. Seulement, je regrette pour tout ce qui est arrivé à Madame.

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