La disparition d’un bébé lors de la 137e édition de l’Appel de Seydina Limamoulaye al «Mahdi» avait fait la «Une» de beaucoup journaux. Comme dans un film, les forces de sécurité ont été mobilisées pour retrouver le bébé. Après moult recherches et investigations, la kidnappeuse de bébé est tombée ce week-end à Kaolack, dans son village natal de Ngekokh Kahone. «L’Obs» revient ici sur le film de l’arrestation de celle qu’on surnommera la «kidnappeuse d’enfant».
Ngekokh Kahone est devenu célèbre. Patelin niché au cœur de la commune de Khelcom Birame, dans le département de Guinguinéo (région de Kaolack), il est sous les feux des projeteurs depuis avant-hier. La raison est directement liée au vol d’un bébé de moins de 2 ans, lors de la 137e édition de l’Appel de Seydina Limamoulaye. Les redoutables enquêteurs de la Division des investigations criminelles (Dic) sont parvenus à dénicher l’auteure de ce vol d’enfant ou encore de kidnapping. Ngekokh Kahone a été envahi par les policiers de la Dic qui étaient, depuis l’éclatement de cette affaire, sur les traces de la native de ce village, celle-là qui, quelques jours auparavant, était la personne la plus recherchée du pays : Aïssatou Sarr. Durant des jours, la Police nationale et la Gendarmerie avaient conjugué leurs efforts pour retrouver l’enfant et mettre la main sur celui ou celle qui a osé séparer ce môme de moins de 2 ans et ses parents.
Aïssatou a présenté Cheikh Ibra comme son enfant, issu d’une relation adultérine
C’est dans cette optique que les éléments de la Division des investigations criminelles (Dic) ont mis en branle leur redoutable machine à traquer les malfrats. Ils parviennent à retracer le trajet que la voleuse de bébé de Limamoulaye avait emprunté jusqu’à arriver à Ngekokh Kahone. Pendant ce temps, Aïssatou Sarr qui avait profité de l’événement religieux pour voler le petit Cheikh Ibra Thiané, vivait paisiblement avec son «bébé» à Ngekokh Kahone. Cette jeune dame, veuve et mère de 2 garçons, s’était rendue à Dakar à la recherche de travail, après le décès de son époux. Après quelques années d’absence, elle revient à la maison suite à son second mariage. Cette fois-ci, elle ne revient pas les mains vides. Aïssatou est accompagnée d’un petit garçon âgé de moins de 2 ans, dont elle présente à ses parents comme son fils issu d’une relation adultérine. Elle convainc ses parents qu’elle avait mis au monde un enfant qu’elle avait honte de présenter puisqu’étant né hors mariage. Elle a expliqué qu’elle le laissait à SOS pour aller travailler et le récupérait le soir quand elle rentrait de son travail. Des explications qui, selon nos sources, avaient fini par convaincre ses parents.
L’enfant Ibra devait être (re)baptisé dimanche prochain
Les jours passent, elle élève son enfant avec du lait, mais aussi avec son sein. Un traquenard pour donner plus de crédit à son scénario. En un laps de temps, Aïssatou est devenue une femme comblée. D’ailleurs, elle a poussé le bouchon jusqu’à vouloir rebaptiser «son» fils dimanche prochain. Les préparatifs pour donner un nom à son bébé vont bon train, et tout le village se réjouissait de la joie de Aïssatou, sans toutefois savoir ce que cachait cette histoire. Pendant que les vrais parents du petit Cheikh vivaient le pire calvaire de leur existence, à la suite de la disparation de leur fils, Aïssatou était sur son petit nuage bâti sur un gros tissu de mensonges. Les jours passent sans éveiller le moindre soupçon. Au soir du vendredi dernier, le voyage des éléments de la Division des investigations criminelles (Dic) finit au village Ngekokh Kahone. Ils avaient fini par percer le mystère de cette affaire et retrouvé la planque de la voleuse d’enfant. Ils font irruption dans le village avec des véhicules de type 4X4 qui y faisaient des allers et retours. Ce scénario inhabituel alerte tous les villageois. Les enquêteurs parviennent à repérer les lieux et s’assurer que la nommée Aïssatou Sarr, bien connue dans le village, y séjournait. Alors ils remballent leurs affaires et se replient en attendant la tombée de la nuit pour agir. Le samedi matin, dès l’aube, les éléments de la Dic encerclent le village, notamment la demeure des Sarr. Vers 6 heures du matin, ils donnent l’assaut et parviennent à mettre la main sur Aïssatou Sarr, la kidnappeuse.
La mère de Aïssatou admise à l’hôpital après un malaise
Seulement, elle n’est pas la seule à être tombée dans les filets des limiers. Les policiers de la Dic ont aussi mis aux arrêts sa mère (M. Diouf) et son père (B. Sarr) avant de reprendre l’enfant Cheikh Ibra. Ils seront embarqués et conduits à la Division des investigations criminelles pour les besoins de l’enquête ouverte depuis la disparation de l’enfant. Le village plonge ainsi dans l’émoi. Selon notre source, les habitants qui ont été réveillés par le bruit des véhicules et les cris des voisins de la famille Sarr, n’ont pas pu se retenir lorsqu’ils aperçoivent un des leurs dans une position inconfortable. La maison des Sarr est inondée de larmes. Une ambiance indescriptible qui a poussé certains à tomber dans les vaps. L’information se répand comme une traînée de poudre dans le village et environs. Personne ne comprend ce qui arrive à la famille Sarr qui, selon nos sources, est une famille démunie, mais tranquille. La mère, M. Diouf, n’ayant pu supporter le choc, a été amené à l’hôpital, une fois à Dakar, pour problème de tension. Les populations de Ngekokh Kahone qui n’ont aucune information, depuis lors, sur leurs fils arrêtés, s’inquiètent et font des prières afin que la situation se décante.
Mame Gorgui Sarr, chef de village de Ngekokh Kahone
«Nous savons que nous sommes fautifs, nous demandons pardons»
«Il n’y a pas de mots pour décrire ce que nous ressentons. C’est triste et douloureux pour nous tous. Nous ne savons pas exactement ce qui se passe, mais nous reconnaissons que nous avons tort. Nous demandons pardon à tous. Aïssatou est notre fille. Ce qui lui arrive nous touche tous. Surtout son papa. Un homme intègre qui passe son temps en brousse à la recherche de bois mort à vendre. Ce monsieur n’a pas le temps de s’occuper de ce genre de choses. Il est âgé et n’est pas mêlé à cette histoire. On nous a trompés tous. Donc, il ne faudrait pas qu’il paie pour un délit qu’il n’a pas commis. Nous connaissons tous Aïssatou. Nous savons qu’elle n’est pas bien dans sa tête et je ne le dis pas pour qu’elle ne réponde pas de ses actes, mais parce que c’est la vérité. Elle souffre et quand elle est en crise, elle prend tout ce qui se trouve à portée de main. Ça ne l’excuse pas, mais ses parents sont des gens démunis qui ne font que travailler. A leur âge, les emprisonner peut leur être fatal. Je suis inquiet et une fois de plus, je demande pardon au nom de tout le village. C’est regrettable, mais nous sommes des croyants. Nous nous excusons auprès de tous et demandons la clémence pour les parents. La santé de M. Diouf m’inquiète. Elle est fragile.»
Les détails de l’enlèvement du bébé Cheikh Ibra lors de l’Appel de Limamoulaye
Source L’Obs
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