Football: Le lion de la téranga N’Doye, le Cheikh en or

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Capitaine d’Angers, Cheikh N’Doye s’est imposé comme le poumon du SCO depuis le retour du club en Ligue 1. Et malgré ses 31 ans, le milieu sénégalais ne cesse de progresser. Au point qu’un départ en fin de saison pourrait faire beaucoup de mal à son équipe.

Lorsqu’on jette un coup d’œil rapide à sa fiche de statistiques, on pourrait croire à un déclin. Après avoir inscrit la bagatelle de neuf buts en championnat la saison dernière, pour ce qui constituait sa première année dans l’élite, Cheikh N’doye n’en a pour l’instant planté que trois, à quatre journées de la fin. Mais comme le football est un peu plus compliqué qu’une série de chiffres, surtout quand on parle d’un milieu plutôt défensif qui conserve un nombre de buts très correct, il convient de prendre davantage de temps pour se faire une idée de la chose. Car à 31 ans, l’Angevin ressemble comme deux gouttes d’alcool à du bon vin. À l’image de la boisson, le joueur garde le même aspect en apparence, mais modifie sa nature au fil des printemps. Il travaille, il s’affine, il change. En d’autres termes, il devient meilleur. Et on l’admet facilement si on se concentre pour le juger.

Le Dizet : « Il ne sera jamais Thomas Mangani ou Alain Giresse »

Ainsi donc, N’Doye marque moins. C’est vrai. Reste qu’il apporte toujours autant à son équipe. On pourrait justifier cela en rappelant qu’il réalise beaucoup plus de passes décisives (cinq en Ligue 1 contre une seule l’an dernier). Mais ce serait faire le jeu des observateurs uniquement intéressés par les calculs. En réalité, le joueur pratique un football plus propre, plus étiolé, plus complet, presque esthétique. Un constat logiquement confirmé par Serge Le Dizet, entraîneur adjoint de Stéphane Moulin au SCO d’Angers : « Il continue de progresser, c’est clair. Avant, pour beaucoup, Cheikh n’était qu’un grand footballeur qui prenait tout de la tête et qui marquait sur coups de pied arrêtés. Or, on s’aperçoit aujourd’hui qu’il évolue dans le jeu et avec le ballon. La qualité et la maîtrise de ses passes décisives le montrent bien. Il y a un ou deux ans, il ne les aurait pas forcément réussies. Ou pas tentées de la même façon. » Alors oui, le monsieur est toujours un peu maladroit, en atteste son nombre de cartons qui diminue lentement (cinq jaunes et deux rouges l’an dernier, cinq biscottes et une expulsion cette saison). Mais l’ancien menuisier passé par le CFA et le National a apporté une nouvelle flèche à son arc : la technique. « Désormais, avec la confiance qu’il a acquise et qu’on lui a donnée – parce que certains n’ont peut-être jamais pris la peine de lui rappeler qu’il pouvait ajouter des aptitudes techniques dans son jeu –, il progresse énormément à ce niveau-là, ajoute Le Dizet. Alors, il est ce qu’il est, hein. Il ne sera jamais Thomas Mangani ou Alain Giresse. Mais il démontre que, même la trentaine passée, on peut développer sa palette technique. »

Un milieu décanté

À Angers, le rôle du Sénégalais ne s’arrête pas à ça. Le robuste bonhomme (1,92m pour 90 kilos) prend même énormément de place dans le vestiaire. Capitaine depuis le début de saison, Ndoye remplit parfaitement sa mission de leader sur le terrain comme en dehors. Outre sa capacité à être décisif lors des matchs remportés à l’arrachée – passes décisives contre Caen, Bastia ou Nancy ; buts contre Angers ou Bordeaux en quart de finale de Coupe de France – et très souvent représenter le meilleur des siens sur la pelouse, l’ancien de Créteil fait l’unanimité en interne. «Cheikh N’Doye, c’est un leader physique, déjà. Quand on le voit, il en impose, c’est un monstre, confirme Le Dizet. Puis, c’est un garçon très attachant et respectueux. Franchement, avant le joueur, c’est un homme extraordinaire. Formidable, vraiment. Stéphane lui a donné le capitanat, car c’est un mec qui a des valeurs calquées sur celles du club, qui prône le collectif et qui amène tout le monde derrière lui. » Ça tombe bien : c’est exactement le genre de définition que le principal intéressé se fait du porteur de brassard. « Le capitaine est un meneur d’hommes, déclare-t-il. Quelqu’un qui montre la voie. Quelqu’un d’attentif, à l’écoute. Le leader d’un groupe qui essaie d’emmener tout le monde avec lui. Chacun a sa façon de vivre son capitanat. Pour moi, c’est un plus par rapport à ma personnalité. Je parle beaucoup, j’aime discuter avec les autres, rigoler, échanger avec eux. J’insiste souvent sur l’importance de la solidarité, le fait de se donner à fond. » Seul problème : en fin de contrat l’été prochain, Cheikh n’a toujours pas prolongé. Et comme 1986 (son année de naissance) demeure un millésime exceptionnel, il serait de bon goût de le déguster encore un peu.

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PAR FLORIAN CADU

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