Il a longtemps hésité avant de me faire part de la triste nouvelle qui l’a également contrarié au point de surseoir à toutes ses activités, prévues, hier, dans l’après-midi. Mais quand la mort frappe, il est impossible de reculer. Mon mari sort son téléphone et me montre le message qui lui a été transmis. Tata Awa est partie. Elle n’est plus de ce monde. Je suis restée sans voix un moment avant de dire comment est-ce possible ? Car, durant cette semaine, je me suis enquise de ses nouvelles auprès de Maïmouna Diouf, Mme Mbodj, car elles étaient inséparables. À l’instant, j’ai senti le sol se dérober sous mes pieds. Mais la messe était déjà dite, Awa Tounkara est bien décédée.
Jeune journaliste débutant au quotidien national Le Soleil, Awa Tounkara m’a très tôt prise sous aile protectrice. Même si je l’ai remarquée à plusieurs occasions, lors de nos reportages, en particulier une mission de l’Unicef en octobre 2000, à Kolda, c’est au Soleil que cette photographe, qui est devenue, au fil des jours, plus qu’une tante, une mère, s’est liée d’amitié avec moi. Pour matérialiser l’estime qu’elle me vouait, elle n’hésitait pas à m’encourager, à me demander de croire en moi, d’aimer mon travail et surtout de bien le faire. En plus, elle me rendait visite à mon domicile, toujours accompagnée de sa sœur « jumelle » Maïmouna Diouf, Mme Mbodj. Surtout que mon mari et elle étaient très proches. Donc quoi de plus normal que je la considère, en plus d’être une maman, une belle-mère. Mieux, pour prouver son amour vis-à-vis de moi, quand j’ai perdu mon papa, peu avant sa retraite au Soleil, elle a fait le déplacement jusqu’à Saint-Louis pour présenter ses condoléances à ma famille. Une occasion pour moi de dire aux miens toute l’estime, la considération et l’amour que cette dame au grand cœur me voue. Et c’est avec joie que mes sœurs demandent régulièrement de ses nouvelles.
Malgré la différence d’âge, je m’adressais toujours à Tata Awa comme j’étais devant une grande sœur. D’ailleurs, ce sont de telles relations qu’elle entretenait avec quasiment tous ceux qu’elle côtoyait dans son travail. Surtout les jeunes, qu’ils soient journalistes ou photographes, à qui elle prodiguait des conseils fort utiles dans le secteur que nous partageons, à savoir la presse.
Aujourd’hui, je pleure une confidente. Car c’est ainsi que celle que toute la rédaction du Soleil appelle affectueusement Tata Awa a toujours considéré sa « Maï Maï ». Elle m’appelait ainsi. Femme connue pour sa sincérité, sa franchise, et surtout sa forte personnalité, elle a su s’imposer dans une rédaction, je dirais dans un secteur, où les femmes se comptaient, à l’époque, du bout des doigts. Son professionnalisme n’a jamais fait défaut dans sa longue carrière de femme reporter-photographe. En témoigne le fait qu’elle s’est présentée au boulot jusqu’au dernier jour de sa longue carrière professionnelle au Soleil, avec sa retraite survenue en juin 2009. Et même au terme des bons et loyaux services qu’elle a rendus à cette entreprise où elle a passé une bonne partie de sa vie, elle revenait lors de certaines fêtes, surtout celle organisées par l’Amicale des Femmes du Soleil dont elle fut la première présidente.
Sa simplicité, sa gentillesse, sa grandeur d’âme, Awa Tounkoura n’a cessé de les montrer aux gens pour lesquels elle a toujours éprouvé de l’estime et de la considération. Faisant partie de ce cercle, c’est avec plaisir que j’acceptais les précieux cadeaux qu’elle m’offrait régulièrement. Son décès constitue une immense perte pour moi, ma famille, la grande famille du Soleil. Nous nous inclinons devant sa mémoire et présentons nos sincères condoléances à toutes les personnes qu’elle a chéries dans sa vie.
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