Ousmane Mbengue : «J’adore les femmes, j’ai eu honte et je suis allé me rendre à la police»

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Devant la barre du tribunal, Ousmane Mbengue l’homme qui voulait tuer les femmes sénégalaises avoue raconte L’Obs : «Je ne pense pas avoir des problèmes psychiques. J’aime les femmes et je les adore. J’ai une fille de trois ans et elle porte le nom de ma mère. Je ne peux pas décrire la femme, c’est pourquoi je n’ai trouvé que le mot «belle» pour parler de la femme. Je demande pardon à toutes les femmes du monde. Cela n’a jamais été mon intention de blesser qui que ce soit. Dans ma classe, je demande aux gens de ne toucher à aucune célibataire parce qu‘elles sont toutes mes femmes. Lors de mon arrestation, j’ai supplié le Capitaine de me donner la chance de m’excuser…» Mais la représentante du ministère public, même si elle dit pardonner à Ousmane, se dit être dans l’obligation de représenter la société. Et rappelle : «Aïssatou Sène avait fait une publication pour s’indigner du meurtre de Bineta Camara et des victimes de viol. Répondant à ces écrits, il a fait une publication. Ce que je comprends est que : C’est quelque chose qu’il a mûri et qu’il a écrit.

Ousmane Mbengue, ce gus qui a appelé à tuer les femmes via un post sur sa page Facebook, est dans de sales draps. Traîné devant la barre des flagrants délits de Dakar, hier, pour provocation au crime et menace de mort, ce délégué médical, qui dit avoir agi sous le coup de la plaisanterie, malgré ses excuses à la barre, risque 6 mois de prison ferme, si le juge Khady Ba Ndiéguène suit le procureur dans sons réquisitoire. Il sera fixé sur son sort demain mercredi 29 mai 2019.

On ne sait pas s’il a sciemment commis son acte ou s’il plaisantait comme il a voulu le faire croire à l’audience. En tout cas, le délégué médical, qui avait posté sur Facebook un appel à tuer les femmes, n’est pas au bout de ses peines. Traîné devant la barre des flagrants délits de Dakar, hier, pour provocation au crime et menaces de mort, Ousmane Mbengue a été jugé par un tribunal présidé par la juge Khady Ba Ndiéguène. Ousmane Mbengue a été comme déboussolé, lorsqu’il a été invité à rejoindre la barre, parce qu’au lieu de se mettre devant celle-ci, pour l’entame de son audition, Il a directement foncé devant le juge. Vêtu d’une chemise bleue assortie à un pantalon kaki, ce célibataire, né en 1986 et père d’une fille, a d’emblée reconnu les faits qui lui sont reprochés, lorsque le juge lui a notifié l’infraction pour laquelle il est poursuivi. D’emblée, Ousmane Mbengue a expliqué au tribunal avoir été condamné à 6 mois de prison assortis du sursis pour avoir menacé son ex-épouse. «Oui je reconnais les faits qui me sont reprochés, je demande la clémence», lâche-t-il. La présidente de l’audience lui rappelant les propos menaçants qu’il avait publiés sur sa page Facebook, à savoir (il faut tuer les femmes.., surtout celles qui sont défendues par les juges..), Ousmane Mbengue poursuit : «je reconnais être l’auteur des faits».
Sur le dessein qu’il avait lorsqu’il faisait ce post, le mis en cause a rétorqué : «je suis un poète, écrivain, comédien et parolier qui écrit des textes parodiques. Et je ne veux pas que vous pensiez que je ne suis pas sérieux dans ce procès, si je vous dis cela», révèle le sieur Mbengue, qui a au passage souligné que la plaignante Aïssatou Sène, qui a initié ces poursuites à son encontre, est une ancienne camarade de classe avec qui il est trop proche, du fait qu’il porte le nom du père de cette dernière.

Ousmane Mbengue : «j’ai eu honte. C’est moi-même qui suis allé me rendre à la police»

A propos de la publication incriminée, le mis en cause a déclaré : «Aïssatou a fait une publication privée sur sa page, j’y ai réagi. En ce moment-là, je voulais rendre l’atmosphère un peu détendue. C’est dans le cadre de la plaisanterie que j’ai posté ce message. Quand je me suis rendu compte que j’ai fait une erreur, je l’ai supprimé. Je ne pensais pas que cela allait me créer des problèmes. Et lorsque j’ai vu le message faire le tour du net, j’ai eu honte. Et c’est moi-même qui suis allé me rendre à la police», raconte l’inculpé.
Interpellé sur la cause de son acte, Ousmane Mbengue répond : «j’avais des problème avec ma femme avec qui j’ai divorcé».
Ousmane Mbengue d’indiquer au juge qu’il a appris beaucoup de leçons de cette affaire : «la leçon que j’ai retenue, c’est que ‘’Jigeen kenn duko toroxal’’. Apparemment, je n’ai aucun problème avec les femmes. Je jure sur le saint Coran que depuis cette histoire, j’ai amélioré mes conditions de vie, parce que je ne sors pas et je reste dans la chambre. A part vaquer à mon activité rentable».
Montant au créneau, la procureure n’a pas été tendre avec le prévenu. Lui demandant le contexte dans lequel il a écrit ladite publication, le prévenu se dédouane en réitérant toujours qu’il l’a fait sous le coup de la plaisanterie. «Et mes amis me connaissent pour ça», martèle-t-il. Une réponse qui n’a pas satisfait la parquetière: «je ne suis pas convaincue de cela. Vous avez tenu ces propos à une période où une femme a été tuée. Pourquoi avez-vous dit que celles qui sont défendues par les juges devraient être tuées ? Pourquoi celles-là ?». Ousmane Mbengue campe sur sa position et jure que c’était de la parodie et qu’il faisait toujours de l’art. Le ministère public, qui n’en croit rien, lâche : «pourquoi avez-vous précisé que vous n’êtes pas psychopathe ?» Le prévenu de rétorquer : «absolument, je ne le suis pas».

Ousmane Mbengue : «je ne pensais pas ce que j’ai dit»

A la question de savoir quelles sont les femmes qui le dégoûtent au plus profond de lui, il dit au procureur : «aucune ne me dégoûte, je ne pensais pas ce que j’ai dit. Lorsque je l’ai dit, j’ai aussitôt pensé que le contexte n’est pas adéquat et c’est là que je l’ai supprimé». Au parquet de lui demander s’il était chanceux en amour. Il explique : «j’aurai bien aimé répondre, mais je ne sais pas ce qu’on veut dire par être chanceux en amour et en toute franchise, je veux rester digne dans ce procès. Je n’ai pas de problèmes psychiques», peste-t-il. Ousmane Ngom de poursuivre : «Je ne peux pas nommer les femmes, mais juste leur dire qu’elles sont belles. Désormais, j’aurai de la retenue et je saurai retenir mon ironie. Je demande pardon au plus profond de mon être à toutes les femmes du monde. Cela n’a jamais été mon intention de les tuer. C’est juste une incompréhension et dans ma classe, je demande aux garçons de ne pas toucher aux filles célibataires que je considère toutes comme mes femmes», conclut-il, en l’absence de la plaignante, Aïssatou Sène.

La procureure : «Ousmane Mbengue est quelqu’un de dangereux pour la société»

Malgré les regrets de Ousmane Mbengue, la procureure est convaincue de sa culpabilité. «Le prévenu soutenait dans sa publication qu’il y a une catégorie de femmes qu’il détestait. C’est quelque chose qu’il a mûri, c’est réfléchi. Il est allé jusqu’à dire qu’il faut tuer celles que les juges défendent. Il a même écrit que si on ne tue pas certaines femmes, les hommes s’en chargeront. C’est une réelle menace. On a voulu faire croire à l’opinion publique qu’il a des problèmes psychiques alors que dans le dossier, on n’a pas de rapport médical qui le prouve. Si on a ces problèmes, on est incohérent et on a du mal à s’exprimer, ce qui n’est pas son cas. Il a été condamné pour menace ce qui prouve qu’il est quelqu’un de dangereux pour la société, sans oublier le trouble à l’ordre public qu’il y a eu. En tout cas, pour ma part, je lui pardonne, mais j’agis au nom de la justice et au nom du peuple sénégalais», martèle la parquetière qui a requis 2 ans de prison dont 6 mois ferme.

Les avocats de la défense se contredisent sur l’état mental de Ousmane Mbengue

Pour la défense, Me Khoureichi Ba a clairement dit que si Ousmane Mbengue réitère de tels actes, il ne va pas le défendre, mais qu’il lui donnera une gifle. Ainsi, la robe noire a soutenu que son client est un garçon bien structuré et cohérent, mais on a voulu le faire passer comme quelqu’un d’anormal. C’est juste que, selon lui, il a eu des déboires avec sa conjointe comme tout un chacun de nous. Après avoir lavé son client, Me Ba n’a pas raté l’initiatrice des poursuites, Aïssatou Sène. «Elle était dans une position de prévenue et c’est dans cette posture qu’elle a été entendue et non en tant que témoin. Aïssatou Sène est coupable parce qu’elle a violé les données personnelles du fait qu’elle a transformé une discussion privée en une discussion publique. Cette infraction dont mon client est poursuivie est impossible, je pense que la justice doit juger les choses sérieuses. Il n’y a pas de délits mais des fautes», déclare Me Ba, qui a souhaité une application bienveillante de la loi et la clémence du tribunal.

Me Aboubacry Barro : «Ousmane Mbengue a besoin de suivi psychologique»

Son confrère Me Aboubacry Barro, qui a abondé dans le même sens, a laissé entendre : «le gendarme-enquêteur aurait dû voir qu’il est incapable de faire de mal à une mouche, parce qu’il est faible de visu. Sa place n’est pas en prison, parce qu’il a besoin de suivi psychologique et vous n’avez pas besoin outre mesure de le réprimer. Nous ne sommes pas d’accord avec le parquet sur la peine requise. En tout état de cause, si vous estimez qu’il a fauté, nous demandons la clémence à son endroit. C’est un cas isolé et il n’est pas en possession de toutes ses facultés mentales, même si nous n’avons pu déposer à temps un dossier médical pour étayer cela», révèle Me Barro.
Après les débats, le juge Khady Ba Ndiéguène a fixé le délibéré pour demain, le 29 mai 2019.

Fatou D. DIONE

JOTAY

IGFM

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