ANNONCE D’UNE NIAAREEL À LEUR AAWO :COMMENT LES HOMMES S’Y PRENNENT ?

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La polygamie, son lot de drames et d’insolites ! Des couples ont volé en éclats. D’autres ont eu du mal à s’en remettre. C’est pourquoi, les hommes éprouvent de l’appréhension avant d’annoncer la nouvelle d’un deuxième mariage à leur épouse.

Amina Mbengue est aujourd’hui une femme « épanouie ». elle a retrouvé le charme de sa splendeur narrée par le voisinage. Il y a six ans, les aléas de la vie avaient jeté cette quadragénaire bien étincelante dans un gouffre de souffrances. Le moral était au plus bas ; les effusions de coeur à la fois tendres et violentes. Un beau jour, « son homme », celui qui s’était donné tant de mal à la conquérir et qui lui promettait monts et merveilles, convole à nouveau en justes noces. Le monde s’écroule pour celle que les intimes se plaisaient à appeler « aawo buru kërëm » (Première Dame) ! Ainsi commence une longue et tumultueuse traversée du désert.

Le temps n’a pas réussi à oblitérer le souvenir de cette annonce à laquelle elle ne s’attendait pas. « Un soir, après la prière d’air (takusaan), une délégation s’est pointée chez moi en l’absence de mon époux. Elle était composée d’un de ses frères, de son ami et de son marabout. Celui-ci s’est armé de précautions oratoires avec un sermon particulièrement long. J’ai pris du temps pour comprendre là où il voulait en venir. Aujourd’hui, ma faille aînée ne le blaire plus. Bizarrement, au bord des larmes, j’ai gardé mon calme même si j’ai pensé au divorce. »

Les hérauts partis, Amina tombe dans la mélancolie. Et le néo-polygame, son « prince charmant », s’était éclipsé avec sa nouvelle dulcinée, loin des regards indiscrets. « Mon mari est revenu au bout d’une semaine, le sourire vissé aux lèvres, presque narquois. Il n’a pipé mot. Je n’avais qu’une seule envie, lui flanquer une baffe, mais il est tellement adorable et taquin que j’ai fini par accepter la situation. Il m’a offert une bague en or. Toutefois, quand il a voulu me présenter à ma co-épouse, j’ai refusé car je ne me sentais pas encore prête », confie la bonne dame dont les réminiscences, quelquefois confuses, montrent qu’elle est encore envahie par une certaine amertume.

« EFFRAYÉ PAR LE SILENCE DE MON ÉPOUSE »

Moussa Dia, lui, c’est plutôt un sentiment de trahison qui l’accablait au moment d’annoncer à sa première femme sa volonté d’en épouser une nouvelle. La longue et belle relation qu’elle a eue avec son amour de jeunesse, devenue son épouse après 10 ans de promesses et de « folies », en était la cause. « J’ai tellement hésité à lui annoncer ce désir qui m’oppressait que j’ai failli renoncer à aller en secondes noces. Je me faisais la scène dans la tête. J’appréhendais le moment. Quand je me suis résolu à faire le grand saut, j’ai été pris de bégaiement. Je lui ai tenu un discours de vérité et j’ai loué l’être qu’elle est. Mais, avant même de finir, elle est partie dans sa chambre sans laisser paraître son chagrin. J’étais effrayé par son silence, son impassibilité comme si elle s’y attendait », soutient ce banquier qui s’approche de la la cinquantaine.

Toutefois, il n’était pas au bout de sa surprise. La douceur de la nuit étoilée lui donne à nouveau le courage de poursuivre la discussion avec sa placide épouse. Mal lui en a pris. « Elle s’est mise à pleurer, à ressasser le passé, les bons et mauvais moments, les sacrifices consentis, à m’étreindre. Et j’ai laissé faire. Je ne savais plus quoi lui répondre. Après ses épanchements, elle m’a demandé de la conduire chez ses parents pour s’habituer à cette idée de partager son mari. Ce que j’ai accepté mais elle a fini par retrouver son foyer quelques jours après », se rappelle-t-il, non sans regretter, dans une saillie joyeuse, ses « trois mois de galère ».

Pour d’autres, cette annonce tient presque de l’insolite. Pathé Niang, blanchi sous le harnais, en est habitué. Il a connu cinq mariages. Pour lui, les choses sont très simples : on ne demande pas la permission pour la jouissance d’un droit, faisant ainsi référence à la loi islamique ou l’interprétation qu’il en fait. « Moi, j’informe ma femme. C’est à elle de trouver la force d’accepter son destin. Les temps ont malheureusement changé. Pour mon cas, ma première épouse s’est mieux tenue quand j’ai pris une deuxième femme. Mais, c’est cette dernière que j’ai fini par répudier parce qu’elle n’a jamais supporté la troisième. Ironie du sort, c’est la première qui la consolait », dit le vieux Pathé, un tantinet fier et nostalgique.

La réaction de l’épouse d’Amath, jeune chauffeur d’une trentaine d’années, est tout aussi étonnante. « Elle a ameuté tout le village, criant comme une folle », confie-t-il, non sans reconnaitre sa maladresse. C’est le jour même des épousailles qu’il lui en a touché mot devant une assistance nombreuse et presque railleuse à cause de ses relations tendues avec sa belle-famille.

À chacun sa recette !

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