Âgé de quatre ans seulement, Bacary Gadjigo vit depuis 2017 à la prison de Kolda à cause d’une maman criminelle.
Sa mère d’origine guinéenne, Diamé Gadjigo, a comparu, mardi, à la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Kolda pour infanticide. Le juge l’a condamnée à cinq ans de travaux forcés, en deçà de la peine de 20 ans qu’avait requise le procureur.
Donc, si son jugement reste en l’état et qu’elle ne bénéficie pas de grâce, elle devra probablement sortir de prison en mi-2022. D’ici là, son fils, Bacary Gadjigo, âgé de 4 ans, sera obligé de vivre à côté d’elle en prison, soit 7 ans de taule.
Lors du procès, les avocats de Diamé Gadjigo ont attiré l’attention de la cour sur les conséquences d’une condamnation de l’accusée. Me Cheikh Amath Ndiaye a demandé à la cour de réfléchir sur le sort de ces enfants qui purgent la prison avec leurs parents.
«Un enfant a le droit d’aller à l’école, de jouir de sa liberté, de jouer avec ses camarades. C’est pour cela que j’ai attiré l’attention des autorités sur la situation de Bacary Gadjigo surtout que le Sénégal est signataire de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant de 1989», a expliqué Me Ndiaye à la fin de sa plaidoirie.
Me Ndiaye estime que Bacary Gadjigo vit une situation «délicate, qui est déplorable» et que sa place n’est pas en prison. Et donc, l’application de la Convention est telle qu’il y a une certaine protection qui est réservée aux enfants même étant coupables d’infractions. Notamment, ils ne doivent pas vivre dans les mêmes quartiers que les adultes.
«Ils doivent vivre dans des espaces spécialement aménagés pour eux au niveau des lieux de détention», précise-t-il. Certes, au Sénégal, il existe des institutions en charge de l’enfance, à l’image de la direction de la protection de l’enfance. Mais, Me Ndiaye regrette le fait que ces institutions ne s’occupent pas de l’enfant en danger de manière générale.
Il précise, toutefois, que lorsqu’un parent commet une infraction, il doit être sanctionné et que dans la sanction, on doit tenir compte du fait qu’il s’occupe d’un enfant de bas âge. «Même si la sanction est sévère, on doit pouvoir mettre en place des organismes chargés de recueillir et d’accompagner ces enfants dans leurs droits les plus élémentaires…», estime l’avocat.
Malheureusement, dit-il, ces institutions spécifiques ne sont pas encore à l’ordre du jour dans l’architecture administrative du Sénégal. Donc, Bacary Gadjigo voit sa vie d’enfance arrachée eu égard au sort de sa maman qui croupit en prison. Son sort reste lié à celui de sa mère.
Baba MBALLO
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