À côté des résultats globaux du baccalauréat 2018 – un taux de réussite 35% -, où les acteurs ont largement épilogué sur les facteurs de contreperformances et exprimé leur déception du niveau d’acquisitions des élèves par rapport aux objectifs d’apprentissages, parfois des références tombent à côté. Cités en exemple, ils font la fierté de leurs enseignants, établissements et parents. L’obtention uniquement du premier diplôme universitaire n’a pas suffi à les inscrire dans le tableau de constellation des meilleurs élèves du Sénégal, mais ils sont allés un peu plus loin : à savoir la mention. Sud Quotidien propose d’aller à la rencontre de certains d’entre eux notamment Pheobé Marianne Mamor Sambou, Bintou Gueye et Soukeyna Ndiaye. Ils ont tous obtenu la mention très bien.
Ziguinchor, mention Très Bien 18 ans après, Marianne enterre la longue disette
Pheobé Marianne Mamor Sambou est bachelière à l’âge de 17 ans. La fille de son père qui enseigne les mathématiques à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Elle a décroché la mention « Très Bien » au baccalauréat en série S2. Cette jeune fille suit les traces scientifiques de la famille Sambou. Sa sœur ainée est à la faculté de médecine. Ses performances à cette session du baccalauréat ont émerveillé toute la communauté éducative de Ziguinchor, une région qui courrait derrière cette mention « très bien » depuis 18 ans. Passionnée de lecture, elle vient ainsi mettre fin à cette longue traversée du désert au baccalauréat. Sa performance est d’autant plus merveilleuse qu’elle a excellé dans les matières scientifiques réputées souvent la bête noire des jeunes filles à l’école. Ses talents d’élève brillante étaient déjà décelés dès son jeune âge puisqu’elle a sauté l’étape de la grande section au préscolaire pour se retrouver directement au CI à l’école élémentaire de Fass à Dakar. Elle rejoint Ziguinchor où elle est inscrite à l’école Privée catholique Marie Paul Sagna. Le CFEE et l’entrée en sixième en poche, elle entame ses études moyennes au Collège sacré cœur jusqu’en classe de troisième. Brillamment admise au Bfem, elle « migre » juste dans un autre établissement privé catholique : le Collège saint Charles Lwanga. En seconde, elle s’inscrit en série S. En classe supérieure sans difficulté, Phoebé Marianne Sambou a le choix entre continuer ses études scientifiques en S1 au lycée Djignabo et faire la S2 au collège Saint Charles Lwanga qui ne dispose pas de série S1, faute d’élèves. Elle sera contrainte à rester dans ce collège et poursuivre avec la série S2 en Première. L’instabilité des enseignements- apprentissages dans le public a poussé surtout ses parents à la laisser dans le privé catholique, si l’on en croit son père, Salomon Sambou. Il déclare : « je voulais qu’elle poursuive ses études en S1 mais ce n’était possible que dans le public en proie à une spirale de grèves, alors j’ai préféré la laisser à Charles Lwanga ».
Brillante dans pratiquement toutes les matières, elle décroche son Bac avec la Mention « Très Bien ». Et un coup d’œil sur son relevé du Bac montre que la fille Phoebé n’est pas seulement excellente dans les matières scientifiques où elle a fait le plein de points, elle l’est aussi dans les disciplines littéraires comme en Histoire et Géographie avec un 18/20, en philo avec 13/20, 15 en français ou encore en Anglais où elle s’est tapée une très bonne moyenne.
Très timide, réservée, la jeune Phoebé reste tout de même évasive sur son avenir ou, du moins, elle ne veut pas partager : « Ce que je compte faire est très personnel. Je ne peux pas vous le dire pour l’instant ». Cependant, son père qui semble plaider pour des études en médecine pour sa fille, ne voudrait pas que toute la famille soit médecin. Ou encore, il verrait bien sa fille dans les écoles en génie civile ou en polytechnique. Toujours est-il que la jeune Phoebé Marianne SAMBOU savoure, pour le moment, ses vacances en famille, à côté de sa maman et de toute la famille Sambou, en attendant sa prochaine destination pour la suite de sa brillante carrière déjà couronnée de cette belle performance de mention « Très Bien » en série S2 au Baccalauréat.
Mentions Très Bien Kaffrine, Kédougou, Kolda, Sédhiou et Matam ont capoté
À l’heure de la mise en œuvre des contrats de performance, les régions Kaffrine, Kédougou, Kolda, Sédhiou et Matam ont été lâchées dans la course de poursuite aux performances. Elles n’ont enregistré aucun candidat ayant décroché le premier diplôme universitaire avec la mention très-bien. Ces contrats de performance dont l’objectif est d’améliorer la qualité des enseignements et apprentissages n’ont pas eu l’effet escompté dans ces régions. Car, en plus de ne pas enregistrer des mentions très-bien, les régions, notamment du Sud ont obtenu les plus mauvais résultats au niveau national. Au premier tour, la capitale du Fouladou est le dernier de la classe en enregistrant le plus faible taux de réussite. Sur 6076 candidats présents dans les centres d’examen à Kolda, seuls 485 sont admis au 1er tour, soit 7,98%. S’en suivra la région de Sédhiou qui, sur 4687 candidats, a obtenu 391 admis, soit un taux 8,34%. Si Ziguinchor enregistre une mention très bien (voir ailleurs), le taux de réussite au premier tour est de 8,15%, soit 1067 admis sur 13079 candidats présents. Ces résultats de contreperformances soulèvent des interrogations légitimes, au regard de la pertinence des contrats signés entre gouvernement, les inspections d’académie et les écoles publiques.
39 Mentions Très Bien au niveau national Dakar remporte la palme
Pour l’édition 2018, il faut retenir 3792 mentions dont 39 mentions très bien, 463 bien et enfin 3290 assez-bien, selon les résultats définitifs du premier tour du Baccalauréat communiqués par l’Office du baccalauréat. Dakar remporte la palme avec 22 mentions très bien. Diourbel enregistre 4 mentions très bien, suivi de Thiès et de Louga qui ont obtenu chacun 3 mentions très bien. Les circonscriptions académiques de Fatick et Saint Louis obtiennent, chacun en ce qui le concerne, 2 mentions très bien. Une mention très bien pour Kaolack et un autre pour Tambacounda. Grâce à cette mention, les nouveaux bacheliers peuvent intégrer des écoles prestigieuses et des classes préparatoires en bénéficiant des bourses d’excellence à l’étranger
Saint-Louis Bintou Gueye et Soukeyna Ndiaye honorent Ndar
La région de Saint-Louis a enregistré cette année deux mentions « très bien » au baccalauréat. Il s’agit en effet de l’élève Bintou Gueye du lycée Amadou Sow Ndiaye et de l’élève Soukeyna Ndiaye du collège Didier Marie. Deux filles qui n’ont donné aucune chance aux garçons lors de cet examen. Âgée de 19 ans et fière d’avoir réussi au Bac avec la mention, la littéraire Bintou Gueye projette déjà de faire des études en administration et en commerce et à intégrer de grandes écoles en Europe. « Avec la mention que j’ai eue, je suis sûre de bien m’en sortir dans ces domaines », rassure-telle avec confiance et dans l’attente aujourd’hui d’une bourse étrangère pour aller étudier en France. Quant à la scientifique Soukeyna Ndiaye, elle, envisage de faire des études en médecine ou ingénierie en pétrochimie. « J’ai toujours aimé la médecine depuis que je suis toute petite. J’ai des oncles qui sont médecins et donc j’ai à peu près une idée comment devenir médecin. Également des études en ingénierie en pétrochimie m’intéressent beaucoup parce qu’on vient de découvrir du gaz et du pétrole dans le pays », révèle Soukeyna Ndiaye qui a déposé aussi pour une bourse étrangère afin d’aller étudier au Canada ou en France.
Âgée de 18 ans, l’ex-pensionnaire du collège Didier Marie se réjouit de ses résultats car dit-elle, c’était un défi de pouvoir honorer son école, ses parents et tous ses encadreurs. « C’était beaucoup de sacrifices car la terminale S2 ça demande vraiment beaucoup d’efforts, de travail, de persévérance et de la confiance en soi aussi », poursuit-elle, tout en précisant que les matières scientifiques ne sont pas que l’affaire des garçons mais plutôt celle de tout élève. « Ils se trompent carrément : tous ceux qui pensent que seuls les garçons peuvent s’en sortir dans les matières scientifiques. C’est totalement faux. Dans notre classe en général, ce sont les filles qui sont premières. On essaie toujours d’égaler les garçons parce qu’ils ne sont pas les seuls capables d’excéder dans ces matières », martèle Soukeyna Ndiaye qui invite les filles à essayer de se lancer dans les matières scientifiques et ne pas écouter les autres. Et la scientifique d’exhorter les filles qui sont dans les matières scientifiques à ne pas négliger ou mépriser les matières littéraires car elles jouent beaucoup sur la mention. La native du quartier de Sindoné (Sud de l’île) a toujours été brillante dans son cursus scolaire. Elle fût première de son centre au Bfem et lauréate en Miss Sciences en classe de seconde et première. Au baccalauréat, elle est première du centre au Bac série S2 avec la mention très bien. Deux brillantes filles de la région de Saint Louis qui ont un dénominateur commun : la détermination.
Dabakh Kane, 2ème meilleur élève du concours général
En plus de cette brillante fille, la région de Saint Louis a été aussi honorée à l’occasion de la cérémonie officielle de remise des prix du concours général de 2018. El Hadji Abdoul Aziz Dabakh Kane, élève en classe de Terminale S1 au Lycée technique privé Amadou Sow Ndiaye de Saint-Louis, a été désigné le deuxième meilleur élève de cette prestigieuse compétition avec un total de 46 points. Dabakh Kane a obtenu le 1er Prix respectivement en Philosophie et en Histoire et le 3ème Prix de Français. « C’est une belle expérience d’être primée à deux reprises. Pas de secret. Nous essayons de travailler, de rester serein, d’affronter les épreuves. J’ai reçu une bourse canadienne ; peut-être j’irais au Canada ou en France », avait-il déclaré à l’occasion de la cérémonie.
7ème plan d’actions du siens les inspecteurs haussent le ton
En période de vacances scolaires, le syndicat des inspectrices et inspecteurs de l’éducation du Sénégal a annoncé un 7ème plan d’actions. Les inspecteurs dérouleront un mouvement de deux semaines, du lundi 6 au samedi 25 août. Dans les Centres régionaux de formation du personnel enseignant, les inspecteurs ont prévu du mardi 7 au samedi 25 août, le boycott des formations (initiale et FCDIA). Une grève totale, allant du mercredi 8 au mercredi 22 août, dans les inspections d’éducation et de formation et les inspections d’académie. Les inspecteurs dénoncent le « statuquo savamment orchestré et entretenu par les pouvoirs publics qui a fini de « faire tomber les masques » et révéler le vaste complot ourdi contre les membres des corps de contrôle ». Pour le Siens, « cette situation ne fait que renforcer la certitude que ce gouvernement ne dispose pas d’un plan de travail cohérent, et aussi, la conviction que pour ce gouvernement, seuls les rapports de force sont porteurs et qu’il n’a cure de la stabilité du système éducatif nécessaire à la mise en place de conditions de performances ».
Concours Général 2018 Sudes/Esr charge Serigne Mbaye Thiam
Le chapitre sur le malaise né du concours général de 2018, notamment les contestations sur le classement des élèves et des établissements n’est pas encore fermé. C’est désormais autour du syndicat unitaire et démocratiquement des enseignants du Sénégal/Enseignement supérieur et Recherche (Sudes/Esr) de charger le ministre de l’Education nationale. Le syndicat dénonce la suppression du classement des établissements au concours général. Cette décision de Serigne Mbaye Thiam tente de saborder le travail remarquable et désintéressé que des enseignants du secondaire sont en train de faire malgré des conditions extrêmement difficiles. Déclarer que « le concours général ne met pas en compétition les établissements, mais plutôt seulement les élèves », c’est complètement ignorer, soutient le Sudes, le processus d’enseignement-apprentissage qui conduit à l’excellence.
Seydina Limamou Laye, un aveu d’echec de Serigne Mbaye Thiam
Revenant sur le non classement des établissements au concours général sénégalais, le Sudes indique que « accepter que le Lycée Seydina Limamou Laye s’est classé premier, ce serait, aux yeux du ministre de l’Education, un aveu d’échec de sa politique consistant à se focaliser sur des écoles « vitrines », à qui, il donne tous les moyens et qui, de surcroit, opèrent une sélection à l’entrée ». Pour le Sudes, « le succès du lycée Seydina Limamou Laye, dépendant du ministère de l’enseignement technique, montre, si besoin en était, que le management de l’Éducation nationale par Serigne Mbaye Thiam est inefficient voire contre productif ». « C’est une humiliation supplémentaire puisqu’un lycée public où les enseignants font la grève est parvenu à se classer premier au concours le plus sélectif du pays », lit-on dans le communiqué parvenu à notre rédaction. Considérant que le ministre ne doit pas promouvoir une poignée d’écoles favorites, le Sudes exige le rétablissement sans délai du classement des établissements au concours général afin de pouvoir sanctionner le travail que les administrations et le corps professoral des lycées sont en train d’effectuer, et ainsi inciter tout un chacun à redoubler d’efforts pour relever la qualité de l’enseignement au Sénégal.
Senegal7/Seneweb
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